Nouvelles Du Monde

Opposition à l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël : manifestations à Casablanca

Opposition à l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël : manifestations à Casablanca

Sur une grande artère de Casablanca, la plus importante ville du Maroc, un immense drapeau palestinien est déployé sur des dizaines de mètres. Les manifestants expriment leur révolte face à cette guerre injuste contre le peuple palestinien. “C’est le gouvernement qui a des relations avec Israël, pas le peuple”, déclare un homme rencontré dans la foule. “Si on avait été consultés, on aurait refusé.”

Cette manifestation vise non seulement à soutenir la population de Gaza, mais également à dénoncer l’accord de normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Selon Sion Assidon, coordinateur du Front marocain de soutien au peuple palestinien et de lutte contre la normalisation, cette coalition regroupe des partis politiques de gauche, des associations islamistes, des syndicats et des associations de défense des droits humains.

Cette opposition à la normalisation des relations avec Israël a pris de l’ampleur ces derniers temps, en particulier depuis le récent embrasement du conflit au Proche-Orient. “Avant, il était difficile pour les gens de descendre dans la rue, de peur de la répression”, affirme Sion Assidon. Mais désormais, les grandes manifestations d’octobre à Casablanca et à Rabat ont attiré des centaines de milliers de participants, envoyant un message clair au gouvernement marocain.

Lire aussi  Patrick Graichen abandonne son poste - "Une erreur de trop" - politique

La normalisation des relations entre le Maroc et Israël a été officialisée en décembre 2020, lors de la visite de Jared Kushner, conseiller et gendre de Donald Trump, à Rabat. En échange de cette normalisation, les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un territoire contesté du sud du pays. Cette décision stratégique a été largement motivée par les impératifs de politique du Sahara, selon le professeur Rachid Touhtou.

La normalisation des relations a également entraîné des partenariats et des ententes dans plusieurs secteurs, tels que la recherche, la défense et le tourisme, avec notamment la mise en place de liaisons aériennes directes entre Tel-Aviv et différentes destinations marocaines. Cependant, depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les vols de la compagnie Royal Air Maroc reliant les deux pays ont été suspendus, ce qui a des répercussions sur le tourisme israélien au Maroc.

Malgré l’importante communauté juive au Maroc, composée en grande partie d’Israéliens d’ascendance marocaine, les manifestations ont découragé certains d’entre eux à se rendre dans le pays. Cependant, Éric Benabou, membre de la communauté juive du Maroc, estime que ces manifestations sont légitimes et espère qu’une solution pacifique pourra être trouvée au Moyen-Orient, mettant ainsi fin à l’impact politico-économique du conflit.

Lire aussi  Le thé noir n'est pas bon pour tout le monde : à qui est-il déconseillé de boire cette boisson chaude -

Les organisateurs des manifestations anti-normalisation comptent sur un appui populaire, comme l’indique un sondage réalisé en 2022 révélant que seulement 31% de la population marocaine était favorable à la normalisation. Ils espèrent que les autorités marocaines entendront le message de la rue et mettront fin à cette relation.

Pour l’instant, les autorités marocaines n’ont pas officiellement abordé la question de la relation avec Israël, se disant préoccupées par la situation à Gaza. Cependant, selon le sociologue Rachid Touhtou, l’évolution du conflit déterminera les intérêts stratégiques du Maroc et donc sa position sur la relation avec Israël. Il souligne que la monarchie marocaine est à l’écoute de la rue et rappelle l’exemple de 2000, lorsque Rabat a révoqué un rapprochement discret avec Tel-Aviv, en raison de la deuxième Intifada.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT