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Une publication de l’eurodéputé Raphaël Glucksmann sur l’opposition de la France à une définition européenne du viol a été mal interprétée par certains internautes.
«Scandale européen : Emmanuel Macron vient de réussir à exclure la définition et la criminalisation du viol de la loi européenne sur les violences contre les femmes. C’est une honte pour notre pays, la France, et une défaite pour les droits des femmes en Europe. Faites-le savoir autour de vous.» Ces deux phrases écrites par le député européen Raphaël Glucksmann (Place publique) sur un fond jaune pétant ont fait le tour des réseaux sociaux, notamment sur Instagram où il a été «liké» près de 400 000 fois. «Pensez-vous qu’une relation sexuelle non consentie est un viol ? Pour Macron, c’est non. Avec son allié Viktor Orbán, il a torpillé un texte européen de lutte contre les violences faites aux femmes en y retirant une définition commune du viol. Macron du côté des agresseurs, en France comme en Europe»s’est indignée de son côté Manon Aubry.
Relayée de nombreuses fois, cette information a parfois été comprise comme une remise en cause de l’aspect criminel du viol par le Président de la République. «Donc Macron ne considère pas le viol comme un crime alors que ptn si vous n’avez pas été victime de ça vous ne pouvez pas comprendre à quel point ça vous détruit intérieurement»s’indigne ainsi une internaute sur X. «Le viol autorisé en France, on comprend mieux pourquoi 99 % des plaintes [pour] viol sont jugés sans suite [sic]», écrit une autre sur TikTok.
Raphaël Glucksmann et Manon Aubry font référence à un accord trouvé par le Parlement européen et les pays de l’UE mardi 6 février sur une première directive contre les violences faites aux femmes, pour mieux lutter contre les mutilations génitales féminines, le mariage forcé et la divulgation d’images intimes. L’aboutissement de longues négociations qui ont déçu certains défenseurs de la lutte contre les violences sexuelles. En effet, le Parlement a exclu de l’accord une définition du viol fondée sur l’absence de consentement, car plusieurs Etats membres, en particulier la France, l’Allemagne et la Hongrie, étaient opposés à l’inclusion du viol dans la législation, estimant que l’UE n’a pas de compétence en la matière et que le texte risquait d’être retoqué par la justice européenne en cas de recours, comme l’expliquait Libé précédemment (et non parce qu’une relation sexuelle non consentie n’est pas un viol, comme l’affirme Manon Aubry en titre de l’une de ses vidéos).
En France, le viol est défini par l’article 222-23 du Code pénal comme «tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol». C’est un crime puni de quinze ans de réclusion criminelle. Dans les faits, en 2021, 94 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de viols et/ou de tentatives de viol, un chiffre stable. Seule une petite minorité de ces actes sont condamnés, comme l’expliquait CheckNews.