Alors que le ministre Fitzgibbon s’apprête à imposer la «sobriété énergétique» aux Québécois en leur demandant de laver leur vaisselle à minuit, contrôler le chauffe-eau d’un citoyen sur quatre en période de pointe pourrait régler le problème de gestion de la pointe pour des années à venir, sans changer nos habitudes.
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«Le ministre Fitzgibbon aime bien rappeler qu’on devrait faire marcher notre lave-vaisselle la nuit. Mais le problème ce n’est pas le lave-vaisselle, qui est juste une machine qui consomme peu de courant. Le problème c’est quand on le démarre, on consomme de l’eau chaude, et là, le chauffe-eau se met en marche. C’est lui qui consomme beaucoup d’énergie, et qu’il faut fermer», dit Jean-Marc Pelletier, un ex-ingénieur d’Hydro-Québec.
Selon ses calculs, installer un module télécommandable qui couperait l’alimentation de l’élément sur un chauffe-eau sur quatre au Québec (soit un million de clients résidentiels) permettrait de diminuer la demande en puissance de 4500 MW, soit environ 10% de toute la puissance installée dans les centrales d’Hydro (40 000 MW).
Autrement dit, lors des périodes de grands froids, où la demande d’électricité est forte pour Hydro-Québec, une telle mesure serait amplement suffisante pour s’assurer que personne ne manque de courant.
«Avec une telle mesure, Hydro-Québec comblerait ses besoins en périodes de pointe pour des années à venir», dit l’ingénieur. «Et avec un chauffe-eau de 60 gallons, tu peux laver ta vaisselle à l’heure que tu veux et prendre deux douches sans problème. Il y en a de l’eau chaude là-dedans!»
Les voitures électriques
Il faudrait selon lui envisager une mesure similaire pour débrancher les systèmes de recharge pour les véhicules électriques aux heures de forte demande.
«Les gens arrivent de travailler vers 17h. Comme ils n’ont pas envie de sortir à 23h pour brancher leur véhicule, alors ils le branchent tous en même temps, en revenant du boulot. Mais si le gouvernement forçait les fabricants de bornes de recharge à les rendre télécommandables par Hydro-Québec, les gens pourraient brancher leur auto en arrivant et Hydro activerait la recharge plus tard en soirée», explique Jean-Marc Pelletier, qui a aussi travaillé 25 ans à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ).
Autant pour les chauffe-eau que pour les bornes de recharge de voitures électriques, on parle d’un «bidule qui coûte 15 ou 20$», selon l’ingénieur. «C’est juste un interrupteur qui reçoit un signal», dit-il.
Et une économie de 4000 MW en période de pointe permettrait d’éviter la construction de six centrales au gaz naturel, comme celle de Bécancour, ajoute-t-il.
Une idée qui fonctionne ailleurs
« M. Pelletier a absolument raison », souligne Francois Bouffard, professeur associé au Département de génie électrique et informatique de l’université McGill. Ce dernier rappelle que cette approche a déjà été mise à l’essai chez Hydro-Sherbrooke, mais le programme a été arrêté par la Direction de la santé publique de l’Estrie en 2017 à cause de cas de légionellose (présence de bactéries dans l’eau), qui se produisent si la température du chauffe-eau descend trop bas.
« Il faudrait simplement s’assurer d’avoir des périodes d’interruptions plus courte afin que la température de l’eau ne descende pas en deça d’un certain niveau. Au Royaume-Uni ils font ça depuis longtemps », ajoute le professeur.
Rappelons que le ministre de l’Énergie Pierre Fitzgibbon, qui a récemment dit que les Québécois sont des «derniers de classe» en consommation d’énergie et qu’ils devront «consommer moins» d’électricité et «aux bons moments» pour réussir la transition énergétique, déposera son projet de loi sur l’avenir énergétique ce printemps.
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