Orchidée, quand la beauté en fleur est aussi maligne !

Orchidée, quand la beauté en fleur est aussi maligne !

« Je suis honoré d’avoir été la clé de voûte utilisée par le naturaliste Charles Darwin pour expliquer l’évolution, car ma famille est un laboratoire de biomécanique et d’intelligence végétale ». Parler est l’orchidée, sensuelle et pure, perfide et trompeuse. Ou plutôt ce sont les 30 000 types de fleurs différentes les unes des autres créées par la nature et les plus de 100 000 autres hybrides qui sont jusqu’à présent sortis des mains de l’homme. Et malgré toute cette vie, la moitié de toutes les espèces menacées (y compris les animaux) sont des orchidées.

Le nom grec et une longue histoire

Cette histoire en est une chanson de geste écrit du sentiment, de la botanique et de la beauté que l’essayiste Alessandro Wagner reconstruit, faisant parler les fleurs à la première personne, dans son très riche et captivant Faire l’amour comme une orchidée. Histoire et merveille de la fleur la plus intelligente du monde. L’orchidée, dont le nom est dû à Théophraste (371-287 av. J.-C.), élève, ami et successeur d’Aristote à la tête de l’école péripatéticienne d’Athènes (orchis en grec, cela signifie testicule et était aussi un personnage du faux mythe), ce n’est ni une femme ni un homme, mais les deux et son organe reproducteur spécial représente bien le concept d’hermaphrodisme. Il vit en symbiose totale et surspécialisée avec les deux autres règnes des êtres vivants, animaux et champignons : « c’est justement de cette symbiose totale, de ma manière d’aimer, que tout le reste est issu : le développement de mon ingéniosité, et de ma beauté, ma multiplication imparable dans des milliers d’espèces différentes, le succès parmi les humains. Et ma fragilité : sans mon champignon symbiotique, je ne peux pas me nourrir suffisamment, en effet je ne peux même pas germer ; sans mon animal pollinisateur je ne peux pas me reproduire. S’ils manquent, du moins dans la nature, je n’existe plus”.

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Quotidien fragile et vie de montagnard d’évolution : le premier, en 1844, à donner un âge aux orchidées fut Abramo Bartolomeo Massalongo qui en entrevit deux parmi les fossiles de Bolca et les data de cent millions d’années. Pendant ce temps, les orchidées, pour attirer les insectes de la forêt tropicale, développent des fleurs magiques et choisissent de devenir épiphytes, vivant sur les branches des arbres. Les botanistes sont aussi magnétisés, d’abord Linnaeus puis Rumphius, qui reconnaît les graines dans la poussière des orchidées. Ils tombent au sol, un champignon troue qui ensemence et amorce une symbiose et une nouvelle plante : c’est ça aussi l’amour.

Orchidées : la merveille de la fleur la plus sensuelle

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La taxe sur le verre et la folie des orchidées

Avec des études scientifiques, l’orchidée-manie devient folle. Les explorateurs et les aventuriers ont ramené des milliers de plantes en Europe, une véritable collecte est née qui a un digne architecte en Joseph Paxton : d’abord, il comprend qu’il ne suffit pas de reproduire l’humidité et les températures tropicales, mais qu’il faut ventiler. Les orchidées sont maintenant comme des bijoux, un symbole de statut. Ducs et comtes rivalisent pour avoir les serres les plus riches, surtout depuis que la taxe sur le verre a été supprimée en Angleterre en 1845, il y a ceux qui se spécialisent et deviennent chasseurs d’orchidées et ceux qui, comme Frederick Sander, ont trouvé un garderie et crée le premier registre des hybrides, voire ceux qui reconnaissent l’aspect d’une orchidée à la vanille.

Arrive alors Charles Darwin et tout change, révélant l’intelligence des orchidées : il enfonce un crayon dans la fleur, comme s’il s’agissait de la trompe d’un insecte, et le rostellum – c’est-à-dire étamines et pistils ensemble, mâle et femelle ensemble – libère le deux pollinies, collées au crayon, comme s’il s’agissait du dos d’un insecte, pour ensuite se déposer sur le stigmate de la prochaine orchidée que l’insecte (ou le crayon) visitera, et ainsi la polliniser. Le naturaliste anglais comprend que l’orchidée est d’un raffinement extrême et d’une intelligence végétale, et découvre l’importance de la fertilisation croisée, qui aurait renforcé les gènes et donné naissance à des individus très semblables entre eux, mais légèrement différents de leurs parents. Cette découverte même le fait trébucher sur certains de ses amis révérends qui lui conseillent d’abandonner ces études et de publier un livre sur les porcs.

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