Ouverture du festival de Colmar, avec Stéphane Degout et Alain Altinoglu

2024-07-07 17:05:24

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Colmar, Festival de Colmar, Eglise St Matthieu, 05-VII-2024. Richard Wagner (1813-1883) : Prélude de Lohengrin ; Gustav Mahler (1860-1911) : Lieder eines fahrenden Gesellen; César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré mineur. Stéphane Degout, baryton ; Orchestre symphonique de La Monnaie, direction : Alain Altinoglu.

Pour la deuxième année de sa direction musicale au festival de Colmar, Alain Altinoglu s’entoure de son Orchestre de La Monnaie de Bruxelles, et en guest-star, de Stéphane Degout.

Comme d’habitude, c’est dans le magnifique temple Saint-Matthieu, sous les voûtes et les poutres peintes médiévales qu’a lieu le premier concert du festival de Colmar. La structure étonnante de la salle tient aux spécificités de l’histoire de l’Alsace, puisque Louis XIV en imposant le « simultaneum » catholique et protestant, a conduit beaucoup de villes alsaciennes à couper en deux leurs églises, avec la nef attribuée aux réformés et le chœur aux catholiques. Voici donc notre salle de concert faite d’une magnifique nef gothique relativement courte et de deux collatéraux, ce qui lui donne une structure carrée et une acoustique tout à fait particulière. La réverbération se fait en même temps sur toutes les faces du carré, ce qui amplifie et magnifie le son, mais sans rouler trop longtemps comme cela arrive dans les grandes églises à longue nef, car absorbé par les plafonds de bois.

Cette acoustique convient à merveille pour les concerts symphoniques, et en premier, au prélude de l’opéra Lohengrin qui apparait alors comme un kaléidoscope de couleurs changeantes, avec des éclairages d’abord subtils puis brillants. L’apparition musicale du Graal, dans un lieu aussi magnifique, encore chargé de sacralité et aussi riche d’histoire, de surcroit jouée par un orchestre aussi fin et aussi soudé, est un moment d’une beauté intense.

Pour un chanteur de Lieder, en revanche, cette acoustique est un problème, du moins un défi, et il faut tout le professionnalisme et le talent de Stéphane Degout pour le relever. Le baryton dispose des atouts nécessaires au lied, une voix sombre et âpre, une émission et une ligne de chant majestueuses, un large ambitus et tout particulièrement une belle aisance dans l’aigu, une diction de l’allemand magnifique… mais le Lied est toujours difficile, et le Lied avec orchestre encore davantage : il faut colorer la voix, la charger d’intentions, d’émotions, et surtout dominer l’orchestre. Stéphane Degout sait faire tout ça, mais quand on est enveloppé de toute part par la pâte sonore de l’orchestre, même avec tout le soin d’un chef attentif, il faut d’abord se faire entendre, et après seulement raffiner le détail. Les deux premiers lieder sont donnés avec plus d’héroïsme que de poésie, et il faut attendre J’ai un couteau brillant pour sentir enfin la tristesse et le désespoir dans la voix elle-même. Plus léger à l’orchestre, Les deux yeux bleus permet des phrases splendides habitées d’une douleur infinie, et le repos sous le tilleul salutaire confine à la grâce. Défi gagné pour le grand Stéphane Degout. Le public lui témoigne sa gratitude, et se trouve encore gratifié d’un bis avec orchestre A Strasbourg sur le Schantz’ du jeune Mahler, également très réussi.

C’est une bonne idée de mettre au programme la Symphonie de César Franck. Cela fait un pont franco-belge pour l’Orchestre de La Monnaie de Bruxelles qui vient en France, et même après l’année centenaire en 2022, Franck a toujours besoin d’être défendu. Le reproche fait en 1888 à cette symphonie d’être de facture allemande a bien sûr fondu avec le temps, mais pas celui d’un certain académisme, ni celui d’une relative modestie de richesse mélodique. Elle n’en est pas moins d’une grande beauté, tour à tour énergique ou mélancolique, avec des colorations délicates et des contrastes saisissants. L’enthousiasme du chef Altinoglu se communique à tout l’effectif de l’orchestre, et la cohésion ainsi que l’exactitude des musiciens est au maximum. Cette très belle exécution, lyrique et poétique, remporte un beau succès auprès des spectacteurs.

Crédit photographiques © FIC – Bertrand Schmitt

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