Ouverture d’une clinique AX Allergie à Trois-Rivières: Répondre à un besoin criant

Ouverture d’une clinique AX Allergie à Trois-Rivières: Répondre à un besoin criant

Le nouveau centre sera situé dans les locaux du Séminaire Saint-Joseph sur la rue Laviolette et ouvrira officiellement ses portes le lundi 22 janvier. L’entreprise verra le jour grâce à trois infirmières: Sandra Ross, Virginie Carrier et Marie-Renée Picard. Deux médecins répondants, une infirmière spécialisée en allergies et une secrétaire médicale viendront compléter l’équipe.

Un besoin criant

«Les listes d’attente au public sont pleines et les délais sont disproportionnés. On sait à quel point c’est un réel besoin dans la région. Notre but premier, c’est de permettre aux gens d’avoir accès aux services dans des délais raisonnables et près de chez eux.»
— Virginie Carrier, copropriétaire d’AX Allergie

«Jusqu’ici, les gens de la région n’avaient pas d’autres options. Maintenant, avec AX Allergie, ils peuvent obtenir un diagnostic rapidement et être suivis près de la maison. Ça fait toute la différence», continue Mme Carrier.

L’entreprise entend s’adresser particulièrement aux parents d’enfants et offrira le diagnostic de 95% des allergènes ainsi que des services de provocation alimentaire, moyennant certains frais. On assure aux patients, enfants ou adultes, «une prise en charge complète, simple et rapide».

«Certaines personnes ont des suivis réguliers aux trois mois ou aux six mois, alors c’est beaucoup plus facilitant d’avoir un service à proximité», explique Mme Carrier.

«Dès le premier rendez-vous, l’équipe médicale rencontre le patient pour faire l’évaluation. Ensuite, on peut procéder au test. Si c’est positif, il y a une prise en charge immédiate. On fournit à la personne tous les renseignements nécessaires, on lui explique les prochaines étapes et on prévoit tout de suite avec elle les prochains suivis à faire.»

Les besoins sont particulièrement criants dans la région depuis la fermeture, en 2022, de la clinique spécialisée AllergiMed tenue par le médecin de famille Bruno Francoeur. Celui qui pratique toujours dans le régime public et qui avait développé une certaine expertise dans le domaine des allergies alimentaires sera l’un des médecins répondants d’AX Allergie. Il pourra répondre aux interrogations des infirmières praticiennes lorsque nécessaire.

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«Quand j’ai fermé la clinique, c’était parce qu’on jugeait que les besoins en allergies alimentaires n’étaient pas jugés prioritaires. Pourtant, la liste d’attente est extrêmement longue pour les diagnostics, on doit être proche de 4 ans», révèle le docteur Francoeur. «Il n’y a tout simplement pas de service en ce moment dans la région.»

De plus en plus d’allergies?

Du côté d’Allergies Québec, principal centre de référence sur les allergies alimentaires dans la province, on accueille la nouvelle avec précaution. «Il y a moins de 70 allergologues au Québec et il y a 300 000 personnes qui vivent avec des allergies», signale Dominique Seigneur, directrice des communications et du développement pour l’organisme.

«Se retrouver sans allergologue dans une région, ce n’est pas l’idéal. Si tu as un bébé qui a frôlé l’anaphylaxie et qui se retrouve sans allergologue, ça peut être vraiment stressant. Ce n’est pas normal de faire une heure et demie de route pour aller en trouver un à Montréal ou à Québec.»
— Dominique Seigneur, directrice des communications et du développement chez Allergies Québec

«Donc pour combler un besoin, pourquoi pas, mais en même temps, ce que je ne trouve pas correct, c’est qu’à ce moment-là, on limite l’accès. Ça reste que c’est disponible seulement pour les gens qui ont les moyens de le faire.»

«Étant un problème de santé publique en croissance et qui touche deux fois plus les jeunes que les adultes, je pense que c’est important d’avoir une mobilisation des allergologues en région», ajoute Mme Seigneur. «Tant mieux qu’il y ait [des alternatives] de disponibles, mais ce n’est pas normal qu’il n’y ait pas d’accès au public dans une région quand même en croissance comme la Mauricie. C’est inacceptable.»

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Différents facteurs feraient en sorte que les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes, selon l’organisme ayant pour objectifs la promotion de la sécurité et l’amélioration de la qualité de vie des gens souffrant d’allergies.

«C’est en croissance et c’est là pour rester parce que, parmi les explications, on retrouve la transformation alimentaire. L’espèce d’aseptisation dans laquelle on vit où on a un vaccin pour tout fait en sorte que notre système immunitaire est un peu endormi aussi», indique Dominique Seigneur.

Déshabiller Pierre pour habiller Paul?

«C’est un enjeu réel en Mauricie. Pour avoir fait quelques stages là-bas durant ma résidence, le manque de services en allergologie et en immunologie est quand même flagrant dans la région. Je vous dirais que les patients doivent être référés dans d’autres centres hospitaliers, que ce soit à Sherbrooke, Montréal ou Québec. Ça occasionne des déplacements importants.»
— Camille Pelletier Vernooy, secrétaire-trésorière des Médecins québécois pour le régime public

Chez les Médecins québécois pour le régime public (MQRP), on se méfie d’une privatisation du système de santé avec ce genre d’initiative. «Il y a un drainage des ressources du public au privé», soutient Camille Pelletier Vernooy, secrétaire-trésorière du regroupement.

En quelque sorte, avec l’ouverture de cliniques privées, on serait en train de déshabiller Pierre pour habiller Paul, selon la médecin. «Tout ce personnel qui va travailler dans cette clinique privée, ce sont des infirmières de moins au public. Sachant qu’on est en ressource limitée au Québec et avec la pandémie, encore plus, c’est quelque chose qu’on trouve très désolant. Il devrait y avoir des balises plus importantes pour encadrer le tout.»

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Du côté de Virginie Carrier, l’une des fondatrices d’AX Allergie, on souligne qu’il lui était impossible de développer une pratique spécialisée dans les allergies au sein du régime public, malgré la demande. C’est ce qui l’a poussée à se tourner vers le privé et à lancer un service qui n’a aucun équivalent dans la région.

«[Le privé] implique un déboursement de coûts par le patient, ce qui crée forcément une inégalité entre ceux qui ont les moyens et ceux qui n’ont pas les moyens de payer, ou ceux qui vont payer, mais qui vont faire des sacrifices sur le panier alimentaire et sur tous les autres biens», poursuit Mme Pelletier Vernooy.

«C’est sûr que quand on regarde les tarifs de cette clinique-là et on compare avec le Manuel de facturation des médecins omnipraticiensc’est quand même beaucoup plus cher. Je vous dirais que c’est de 3 à 6 fois plus cher que du sans rendez-vous», déplore la secrétaire-trésorière des MQRP sur le sujet de la clinique AX Allergie.

Bruno Francoeur nuance toutefois les propos de sa collègue membre des MQRP. «Avec la clinique, si on découvre une allergie aux arachides, par exemple, il sera possible de faire le gros du suivi à Trois-Rivières. À la place de devoir se déplacer à Montréal ou Québec pour l’ensemble des rendez-vous, ce qui implique aussi des frais, il faudra peut-être y aller une fois ou deux et le reste pourra se faire dans la région.»

«À la place d’attendre quatre ans pour rencontrer un professionnel à l’extérieur et avoir un diagnostic, il sera possible de le faire rapidement pour 350$ à Trois-Rivières. C’est un investissement», laisse-t-il tomber.

(Photothèque Le Soleil/Photothèque Le Soleil)
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2024-01-16 23:24:00

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