Trois mois d’arrêt, au minimum, pour la ligne B du métro de Rennes. La deuxième panne en l’espace de quelques semaines. L’infrastructure était déjà restée hors de service entre le 18 novembre et le 22 décembre 2023. Un autre incident, survenu le 3 janvier, a de nouveau entraîné l’arrêt de l’exploitation, cette fois pour un trimestre au minimum. Et si tout était la faute d’un simple écrou ? C’est ce que semble indiquer un arrêté de la préfecture, publié ce vendredi. Et ce que confirme une source proche du dossier au Télégramme.
Dans l’arrêté, on apprend notamment que Keolis, l’exploitant du métro, ne relancera pas la ligne B sans solution pérenne pour empêcher le desserrement d’un écrou, situé au niveau du bogie, ces chariots qui permettent aux rames d’avancer. De son côté, le service compétent de l’État* estime aussi que le système de fixation des essieux pourrait nécessiter « des reprises potentielles de conception ».
Contactée, une source proche du dossier confirme ces informations. Et livre de plus amples explications. « Le fait qu’il y ait besoin de changer des pièces sur un métro est tout à fait normal », souligne-t-elle. D’ailleurs, les rames avaient atteint les 200 000 km et devaient faire l’objet d’une révision poussée. En revanche, ce que les acteurs du dossier n’auraient pas anticipé, détaille-t-on de même source, c’est que cet écrou en particulier montre des fragilités aussi vite. Et seuls plusieurs mois d’exploitation pouvaient les révéler. Par mesure de précaution, décision a été prise d’arrêter le trafic et de les changer sur toutes les rames. Mais, nous indique-t-on, il ne s’agirait pas d’un problème grave en soi.
Toujours selon nos informations, le premier incident du 18 novembre aurait aussi pour origine le desserrement inattendu de cet écrou. Un élément métallique situé sous une rame, tenu par cette sorte de gros boulon, se serait en effet décroché avant d’entrer en contact avec une barre électrique, fixée au sol du tunnel. C’est ce qui aurait déclenché un court-circuit puis un incendie dans un local électrique, immobilisant la ligne B pendant un mois. À propos de l’incident du 18 novembre, l’arrêté évoque par ailleurs le « déguidage » de la rame qui a connu cet incident d’écrou.
Le mot a de quoi faire sursauter : il fait nécessairement penser au terme « dérailler ». Interrogé mardi sur ce terme, Siemens Mobility, concepteur de la ligne B, l’avait également réfuté. « Le 18 novembre, le système s’est mis en sécurité, c’est ce qui est important », avait déclaré son représentant. Il avait également évoqué la pièce défectueuse, de la taille d’un poing, mais sans la nommer directement. Il n’a pas été possible de joindre l’entreprise pour commenter ces informations.
L’écrou a-t-il un défaut de conception, même minime ? Dans cette hypothèse, la responsabilité – et donc la facture des réparations – reviendrait à Siemens. S’agit-il plutôt d’un souci de maintenance, normal au bout de 200 000 km mais non anticipé ? Dans ce cas, Keolis, gestionnaire du réseau et donc responsable de l’entretien des rames, pourrait avoir à sortir le chéquier. C’est l’enjeu des expertises, toujours en cours. D’où, sans doute, la grande prudence des acteurs du dossier.
* Le Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés (STRMTG)
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