Pape : « La réforme financière nécessite un changement d’attitude de la part des dirigeants politiques »

Pape : « La réforme financière nécessite un changement d’attitude de la part des dirigeants politiques »

Lundi 3 juin, le Pape a reçu en audience les participants du “Dialogue sur la finance intégrale et durable” (“Dialoghi per una finanza intégralement sostenibile”) organisé par la fondation “Centesimus Annus Pro Pontefice”.

Inese Steinert – Vatican

“J’ai lu avec intérêt les résultats du travail que vous avez accompli au cours de ces deux années pour entamer un dialogue entre finance, humanisme et religion”, a déclaré François. Des dialogues ont été engagés avec le système financier italien.

“Le dialogue entre l’économie et la philosophie, entre la religion et l’humanisme est possible”, a déclaré un économiste au Pape, tout en notant que “le dialogue entre la finance, la théologie et l’humanisme, en revanche, est très difficile”. “C’est intéressant”, a noté François en s’adressant aux participants du “Dialogue”. Il est revenu sur le système financier italien “qui a une longue histoire derrière lui”, en mentionnant l’initiative de l’institution financière franciscaine “Monti di Pietà” à la fin du Moyen Âge pour aider les plus pauvres, sans tomber dans la “logique d’assistance”. mais promouvoir les prêts pour permettre aux gens de travailler et, grâce à leur travail, de retrouver leur dignité humaine.

“En effet, en se référant à l’encyclique “Laudato si”, a déclaré le Pape, “aider les pauvres avec de l’argent doit toujours être une solution provisoire pour pouvoir faire face aux situations d’urgence. Le véritable objectif devrait être la possibilité de leur offrir une vie digne grâce au travail” (128).

François a également apprécié le fait que les participants aux “Dialogues”, ainsi que les plus hauts représentants du monde financier, tentent de faire en sorte que les efforts pour “faire le bien” aillent de pair avec “faire le bien”. « En d’autres termes, a expliqué le Pape, vous vous êtes fixé une noble tâche : combiner l’efficacité avec le développement intégral, l’inclusion et l’éthique. Vous dites à juste titre que vous êtes guidés par la conviction que la Doctrine sociale de l’Église peut servir de phare. Pour que cela se réalise réellement, il ne faut pas s’arrêter à ce qui a été réalisé, mais il faut être capable de regarder l’activité financière afin d’en éliminer les points faibles et de trouver comment corriger la situation de manière concrète.”

Le Pape a cité un exemple précis. Au cours de ce qu’on appelle « l’âge d’or », le commerce de la laine a prospéré dans l’Espagne du XVIe siècle, ce qui a permis la circulation d’une grande quantité de capital économique. Les théologiens espagnols de l’époque ont commencé à s’intéresser à cette forme de commerce et ont proposé des évaluations éthiques qui ont changé avec le contexte historique. La guerre en Flandre a créé une situation dans laquelle les personnes directement engagées dans l’élevage et la tonte des moutons ne recevaient plus une rémunération adéquate pour leur travail. Les théologiens espagnols ont alors condamné le système financier existant, soulignant ses points faibles et exigeant une plus grande égalité. Ils ont pu intervenir parce qu’ils connaissaient ce processus de travail et ne se sont pas limités à dire “il faut rechercher le bien commun”, mais ont signalé ce qui ne fonctionnait pas et demandé que des actions spécifiques soient appliquées en faveur de changements qui conduiraient à le bien commun”.

S’adressant aux personnes présentes, le Pape a souligné leur responsabilité dans la décision de réduire l’anarchie. Citant l’exhortation apostolique « Evangelii Gaudium », il a déclaré : « une réforme financière qui n’abandonne pas l’éthique nécessite un changement d’attitude vigoureux de la part des dirigeants politiques (…) L’argent doit servir, pas gouverner ! (58).

« Vous avez travaillé sur trois niveaux », a déclaré le Pape : « ce sont les niveaux de la pensée, du concret et de l’affirmation de la bonne valeur. Je suis d’accord avec vous qu’il ne faut jamais perdre de vue le concret, car ce qui est en jeu, c’est le sort des plus pauvres, de ceux qui luttent pour trouver les moyens de mener une vie digne.” Francis a souligné que le travail réalisé à Milan “est encourageant et il serait bon qu’il puisse être étendu également à d’autres centres financiers, en promouvant le modèle des ‘Dialogues’ qui se diffuse et crée un changement de paradigme”. « En effet, a noté le Pape, le paradigme technocratique continue de dominer. Il faut une nouvelle culture qui puisse donner lieu à une éthique, une culture et une spiritualité appropriées. »

Le Pape a remercié les participants au « Dialogue sur la finance intégrale et durable » pour leur travail, ainsi que la fondation « Centesimus Annus Pro Pontefice » pour l’organisation de cette initiative. Le Saint-Père a encouragé à continuer à diffuser cette méthode et ce style, soulignant que le dialogue est toujours le meilleur moyen, également pour améliorer la maison commune.

2024-06-03 23:46:23
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