« Paradise Bronx » de Frazier donne envie de flâner dans le « drive-in borough » de New York

Paradis du Bronx

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Le Bronx ? Vous plaisantez.

C’est ainsi que j’imagine que beaucoup de gens pourraient réagir à l’idée de lire une histoire de plus de 500 pages du Bronx, le seul arrondissement de New York rattaché au continent des États-Unis et, par conséquent, l’arrondissement où l’on peut se déplacer en voiture.

Comme l’écrit Ian Frazier dans son nouveau livre, Paradis du Bronx, l’arrondissement a été « tranche »[d]et les dés[d]” et ” presque détruit ” par les autoroutes inter-États, les voies rapides et les promenades. Mais lisez le chapitre d’ouverture de Paradis du Bronx et je pense qu’il y a fort à parier que, comme une voiture coincée sur l’autoroute Major Deegan, vous resterez immobile pendant des heures, sauf volontairement.

La voix caractéristique de Frazier — drôle, méditative, généreuse — attire les lecteurs. Son sujet sous-jacent ici est encore plus vaste que le Bronx : c’est la façon dont le passé « transparaît » dans le présent. Voici Frazier à la fin de ce chapitre d’ouverture, décrivant le frisson de regarder une perle wampum blanche qu’un de ses amis a déterrée :

La vérité d’un lieu n’est souvent pas cachée, mais visible à la vue de tous. Il suffit de bulldozer suffisamment de terre, de poser suffisamment de pavés et de faire circuler suffisamment de voitures sur le passé pour qu’il soit éliminé à un endroit, pour qu’il apparaisse à la surface à un autre. Je ne sais pas pourquoi ce genre de survie me fascine. Je suppose que c’est lié à l’idée d’éternité, à la façon dont le monde pourrait être dans l’esprit de Dieu, ou dans l’esprit inexistant du Dieu-qui-n’existe-pas.

Dans Paradis du BronxFrazier se lance dans une promenade chronologique à travers l’histoire et les lieux du Bronx. Il commence par les peuples autochtones, dont les monticules de coquilles d’huîtres abandonnées peuvent encore être discernés sur les rives de l’East River, et termine par la revitalisation/gentrification actuelle du Bronx.

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Entre-temps, Frazier met sous vide plus de cinq siècles de faits et d’histoires sur le Bronx. Il consacre une longue section au rôle crucial que le Bronx a joué dans la Révolution américaine et se délecte particulièrement de la « période de boom » du quartier au début du XXe siècle, lorsque les immigrants ont fui le Lower East Side bondé pour se réfugier dans le « paradis du Bronx » : les rues étaient remplies d’enfants jouant au stickball et à chaque coin de rue se dressait un magasin de bonbons qui vendait des crèmes aux œufs.

Pendant ce temps, Léon Trotsky, WEB Dubois et l’eugéniste Madison Grant – dont le best-seller raciste, La disparition de la grande racequi a reçu une lettre d’admiration d’Adolf Hitler — étaient tous des résidents simultanés du quartier. Et Frazier explore comment, après la Seconde Guerre mondiale, le Bronx « serait la victime d’une destruction planifiée, aidée et aggravée par l’indifférence ».

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Mais n’oublions pas le hip-hop, né dans le Bronx des années 1970, à l’époque même où les incendies criminels faisaient rage et où l’arrondissement s’effondrait ! Frazier fouille profondément dans les origines du hip-hop, comme l’ont fait de nombreux autres historiens et critiques, mais ce sont des passages comme celui-ci qui font Paradis du Bronx L’ode vibrante à l’arrondissement qu’il est. Voici Frazier décrivant le moment en 1974 où l’un des créateurs du hip-hop, Grandmaster Flash, a entendu la musique d’un autre créateur, Kool Herc, pour la première fois lors d’une fête au Cedar Playground dans le Bronx :

Toutes les violences qui pouvaient être infligées à un endroit, à l’exception des bombardements massifs, avaient été infligées au Bronx. Il avait été incendié, rasé, rasé au bulldozer, écrasé par les autoroutes et dynamité. Il avait été méprisé et négligé de manière impitoyable…

Le Bronx répondait maintenant. D’énormes machines l’avaient attaqué ; maintenant, d’énormes haut-parleurs lui répondaient. Ce que jouait Herc n’était pas seulement la musique la plus forte que Flash ait jamais entendue, c’était le son le plus fort qu’il ait jamais entendu.

Quand je m’arrête à Cedar Playground, comme je le fais de temps en temps, il n’y a jamais beaucoup de monde… La circulation sur la Major Deegan est rapide ou lente. … Le site du Fort Numéro 8, le fort de la guerre d’indépendance construit par les Américains et repris par les Britanniques, se trouve sur une falaise au-dessus de la vallée. Quel bruit faisaient les canons du fort, il y a bien longtemps. … Comment ces canons résonnaient-ils, résonnant et résonnant dans ce canyon ?

Seul un poète-historien comme Frazier pouvait me décider à ouvrir ma fenêtre et écouter la prochaine fois je suis coincé sur le Deegan.

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