Paul Magnette: Redéfinir la valeur du travail dans la politique de gauche

Paul Magnette: Redéfinir la valeur du travail dans la politique de gauche

Plus récemment, Thomas Dermine, son protégé, s’est engagé dans la lutte contre les stéréotypes attachés aux Wallons avec un livre économique solidement documenté sur les transferts entre le nord et le sud du pays. Malgré les difficultés, le Carolorégien tente de prouver que sa région n’est pas le paradis des paresseux.

Avec son nouveau livre, Paul Magnette s’inscrit dans cette logique. “L’autre moitié du monde” ne se penche pas sur la Wallonie. Publié en France, il vise même davantage à être lu par nos voisins d’outre-Quiévrain que par les Belges francophones. Cependant, cet ouvrage de 140 pages cherche à renverser un cliché fortement ancré au PS, à savoir que les socialistes n’aiment pas travailler et sont adeptes de la sieste.

“Toutes ces rhétoriques sur la paresse sont insupportables” s’insurge l’homme fort du pays noir, qui torpille ces discours de la droite sur le travail. “Ce sont des discours qui remontent au XIXᵉ siècle, à la critique des assistés incapables de se prendre en main. Ils vantent le culte de l’effort, le fait de travailler plus pour gagner plus”. Parallèlement, la droite affirme “que les gens démissionnent, qu’ils ne veulent plus travailler, qu’il y a une épidémie de flemme…”

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Paul Magnette rejette cette idée. Il considère le travail comme une valeur de gauche qui aurait été spoliée par la droite. “Cette question est à l’origine de la constitution du mouvement ouvrier et du mouvement socialiste. C’est autour de la révolution industrielle, du travail des enfants, du travail des femmes, des salaires, des conditions de travail, des cadences que s’est constituée l’identité du socialisme”. Son livre vise à aider la gauche à reconquérir cette thématique.

Le président du PS ne veut cependant pas réduire le lien entre le socialisme et le travail à une question de lutte pour les droits. “Le travail est vraiment une valeur fondamentale, pour les Belges comme pour les Français, qui est considérée comme une composante essentielle du bonheur, de l’épanouissement personnel.”

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Si le travail est émancipateur, il est également source de reconnaissance et un marqueur d’utilité sociale. Mais à condition qu’il offre du sens. Or, et c’est là qu’on en arrive au cœur de son livre, si la moitié des travailleurs apprécient leur condition d’emploi et de vie, les autres 50 %, “l’autre moitié du monde”, ne sont pas heureux dans ce cadre professionnel. Soit parce qu’ils ont juste des petits boulots précaires, soit parce qu’ils sont en recherche d’un.

Avec son pamphlet, écrit durant les vacances d’été, Paul Magnette milite pour que la moitié du monde “qui n’a pas la chance d’avoir un travail qui les épanouit” puisse rejoindre l’autre moitié du monde, “celle qui a déjà cette chance” d’aimer son travail. “Ce qu’on veut, c’est que l’autre moitié soit aussi heureuse dans son travail. Contrairement à la caricature stupide que la droite sort régulièrement sur la paresse et l’oisiveté, nous ne voulons pas que tout le monde travaille, mais que tout le monde ait la chance d’avoir un travail correctement rémunéré, avec de bonnes conditions.”

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Le livre est sorti le 11 janvier. Sa publication à ce moment précis n’est pas anodine. L’ouvrage vise à soutenir le discours des socialistes dans les mois à venir précédant les élections du 9 juin. Pour Paul Magnette, la question du travail doit être au cœur de la campagne. Ce thème, qu’il juge capital, ne doit pas être éclipsé par les épouvantails de la droite et de l’extrême-droite qui ne visent qu’à protéger les riches et les privilégiés. Un peu partout en Europe, l’extrême droite domine les agendas en parlant de migrations et de racisme, alors que le vrai sujet, c’est le travail.

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