Pavel Durov, PDG de Telegram, inculpé en France

Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, à Jakarta, en Indonésie, en 2017. Son application de messagerie populaire offre un cryptage de bout en bout dans les conversations individuelles, ce qui met les journaux de discussion hors de portée des forces de l’ordre.

Tatan Syuflana/AP


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Les autorités françaises ont inculpé le fondateur de Telegram, Pavel Durov, de plusieurs chefs d’accusation, notamment de diffusion d’images d’abus sur mineurs, de trafic de drogue et de non-respect des demandes des forces de l’ordre.

Le tribunal a placé M. Durov sous surveillance judiciaire. Selon les termes de sa surveillance judiciaire, il n’est pas autorisé à quitter la France. Il a été condamné à verser une caution équivalant à environ 5,5 millions de dollars.

Les autorités parisiennes ont également déclaré que Durov devait se présenter au commissariat de police deux fois par semaine.

La procureure de Paris, Laure Beccuau, a déclaré que lors de l’enquête des autorités françaises, Telegram avait fait preuve d’une « absence quasi totale de réponse aux demandes judiciaires ».

Ces accusations constituent un coup dur pour le milliardaire technologique d’origine russe, considéré comme un héros par certains libertariens d’Internet pour son approche laissez-faire en matière de modération de contenu sur Telegram, un service de messagerie utilisé par près d’un milliard de personnes.

L’inculpation contre Durov, fondateur et PDG d’une importante plateforme de médias sociaux, est également extraordinaire et inhabituelle, car tenir les dirigeants des réseaux sociaux pénalement responsables du contenu qui apparaît sur les sites était, jusqu’à présent, considéré comme presque impensable.

Durov, qui gère Telegram depuis Dubaï, a été appréhendé samedi alors qu’il revenait d’Azerbaïdjan. Il a été détenu pour interrogatoire jusqu’à mercredi.

Durov, 39 ans, un milliardaire technologique solitaire, détient la nationalité des Émirats arabes unis et de la France.

Le parquet de Paris a annoncé plus tôt cette semaine avoir lancé une vaste enquête sur des délits en ligne le mois dernier, impliquant la diffusion d’images d’abus sur mineurs, le trafic de drogue et le refus de coopérer avec les autorités.

Les autorités avaient interrogé Durov dans le cadre de cette enquête. Les autorités françaises avaient d’abord déclaré qu’une « personne non identifiée » avait déclenché l’enquête. Mais mercredi, les autorités parisiennes ont précisé que Durov était « la seule personne impliquée dans cette affaire ».

L’arrestation et l’inculpation de Durov ont déclenché un débat sur l’équilibre entre la sécurité en ligne et la liberté d’expression, certains décrivant le dirigeant technologique comme un martyr de la liberté d’expression et d’autres soulignant la longue histoire de Telegram consistant à ignorer les demandes des forces de l’ordre concernant des activités illicites.

Quelle que soit la description que fait Durov, un gouvernement qui accuse le fondateur et PDG d’une plateforme de médias sociaux populaire pour son contenu est considéré comme extraordinaire et historique.

Après l’arrestation de Durov par les autorités françaises, Telegram a publié une déclaration affirmant qu’il « est absurde de prétendre qu’une plateforme ou son propriétaire sont responsables de l’abus de cette plateforme », ajoutant que la plateforme est conforme aux lois de l’Union européenne.

Les responsables du gouvernement russe ont condamné la détention de Durov. Le porte-parole du Kremlin a déclaré Mardi, l’arrestation de Durov pourrait être considérée comme un acte d’intimidation et une suppression de la liberté d’expression si la France ne fournissait pas de preuves sérieuses de sa culpabilité.

Le soutien des responsables russes a soulevé des questions sur la façon dont le Kremlin a changé son opinion sur Durov, puisque la Russie a, à plusieurs reprises, Télégramme condamné à une amende pour ne pas avoir supprimé le contenu et temporairement banni l’application en Russie.

Fondée en 2013, Telegram compte aujourd’hui plus de 900 millions d’utilisateurs, ce qui en fait l’un des services de messagerie les plus populaires au monde. La plateforme est connue pour ses « canaux », des groupes de discussion tentaculaires réunissant des centaines de milliers de personnes, souvent organisés autour d’événements d’actualité en direct, comme la guerre en Ukraine, ou des sujets politiques et d’investissement.

Sur Telegram, les canaux ne sont pas cryptés, pas plus que la plupart des conversations individuelles par défaut. Mais les utilisateurs peuvent activer le cryptage de bout en bout dans les conversations individuelles, mettant ainsi les journaux de discussion hors de portée des forces de l’ordre, puisque Telegram lui-même n’aurait aucune trace de ce qui a été partagé ou dit.

Le niveau de sécurité, également présent dans les discussions sur les services de messagerie concurrents WhatsApp et Signal, peut être utilisé pour se protéger des gouvernements indiscrets, mais également exploité par des acteurs malveillants pour mener des activités secrètes et illégales.

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