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« Personnaliser davantage la surveillance du CHC chez les patients atteints d’hépatite B »

by Nouvelles
« Personnaliser davantage la surveillance du CHC chez les patients atteints d’hépatite B »

Les critères actuels de surveillance du carcinome hépatocellulaire (CHC) chez les patients atteints d’hépatite B chronique sont trop larges. En conséquence, trop de patients sont désormais dépistés. Le dépistage doit être effectué de manière plus individuelle, affirment les chercheurs de Rotterdam après une étude multicentrique internationale.1

Selon certaines petites études, les jeunes patients atteints d’hépatite B chronique appartenant à l’origine ethnique d’Afrique subsaharienne (ASS) sans cirrhose peuvent présenter un risque accru de développer un CHC. Cependant, l’incidence du CHC dans cette population une fois qu’elle vit en Europe est inconnue. Ceci a été étudié dans une étude rétrospective multicentrique (Pays-Bas, Angleterre, Espagne) auprès de patients atteints d’hépatite B chronique d’origine ethnique SSA ou Afro-Surinamais (AS).

Incidents

L’étude a examiné les incidences cumulées du CHC sur 5 et 10 ans dans l’ensemble de la population étudiée et dans les sous-groupes concernés. Les facteurs de risque de CHC ont également été étudiés.

Avec un suivi médian de 8 ans, 1 473 patients ont été analysés, parmi lesquels 34 ont développé un CHC. Les incidences cumulées du CHC sur 5 et 10 ans étaient de 1 % et 2,4 %. L’incidence cumulée sur 10 ans était de 0,7 % chez les patients sans fibrose avancée au départ. Un âge plus avancé, une numération plaquettaire plus faible, un taux d’albumine plus faible et un ADN viral plus élevé étaient associés de manière significative au développement du CHC. L’incidence cumulée sur 10 ans était de 0,5 % chez les patients présentant un faible score de risque PAGE-B, contre 2,9 % avec un score moyen et 15,9 % avec un score de risque élevé.

Conclusion

Les chercheurs concluent que le risque de CHC à 5 et 10 ans chez les patients SSA et AS atteints d’hépatite B chronique est plus faible qu’on ne le pensait auparavant. Le risque est négligeable pour les patients sans fibrose avancée au départ et pour les patients avec un score de risque faible. Ces résultats peuvent être utilisés dans la surveillance du CHC.

Bron :
1. Patmore LA, van Eekhout KMA, Buti M et al. Risque de carcinome hépatocellulaire chez les individus d’Afrique subsaharienne et afro-surinamais atteints d’hépatite B chronique vivant en Europe. J. Hépatol. 2024;80 : 243-50.

Commentaire du premier auteur Lesley Patmore (Erasmus MC, Rotterdam) :

«Le traitement des patients atteints d’hépatite B chronique par un traitement antiviral entraîne une réduction du risque de cancer du foie. Néanmoins, certains patients développent un cancer du foie. C’est pourquoi nous surveillons les patients à haut risque en réalisant une échographie du foie tous les 6 mois. Mais cela représente un fardeau pour les soins de santé et pour les patients. Le groupe cible devient relativement plus large, en partie à cause de l’afflux de l’immigration, et les patients vieillissent. La surveillance augmente donc, mais on ne trouve pas forcément davantage de cancers du foie. C’est pourquoi nous avons voulu savoir si nous stratifions correctement les patients à haut risque.

« Nous avons vérifié quels groupes à risque sont mentionnés dans les directives européennes et néerlandaises. Les lignes directrices sont concordantes pour les patients atteints de cirrhose. Mais nous ne sommes pas sûrs de certains groupes de patients, notamment des personnes nées en Afrique subsaharienne. De petites études africaines décrivent que ces patients peuvent développer un CHC à un jeune âge, dès l’âge de 20 ans, sur un foie non cirrhotique, notamment les patients atteints d’hépatite B chronique. Cela a conduit à recommander une surveillance de tous ces patients. Mais il s’agit d’un groupe important, surtout compte tenu de leur jeune âge. Et la surveillance devrait en principe durer toute la vie. Cela a un grand impact.

« Les preuves à l’appui de cette recommandation se sont avérées minces et provenaient uniquement de données provenant d’Afrique. Les patients en Afrique sont probablement différents des patients qui ont émigré d’Afrique et vivent en Europe depuis plus longtemps. Nous avons collaboré avec des groupes de recherche en Angleterre et en Espagne pour rendre le groupe de recherche aussi grand que possible. Nous avons également inclus des patients originaires du Suriname et d’origine subsaharienne. Pour les Pays-Bas, il s’agit d’un groupe important de personnes dont nous ne savons pas vraiment si nous devons surveiller.

Le risque de développer un cancer du foie dans les 5 ans ne semble pas beaucoup différer entre les patients d’Afrique subsaharienne et les patients d’autres ethnies, par exemple d’origine caucasienne. Les facteurs de risque sont également similaires, la cirrhose étant le facteur le plus important.

« Les patients sans cirrhose et avec un faible score de risque ne développeront pas de cancer du foie dans les 5 ans. Nous n’avons pas besoin de contrôler ces personnes. L’étude porte sur la moitié de la cohorte étudiée. Selon notre étude, nous pouvons dépister deux fois moins de patients atteints d’hépatite B chronique. Les critères actuels d’âge, d’origine et d’absence de cirrhose sont trop larges. Le dépistage doit être plus personnalisé : déterminer d’abord si le patient a une cirrhose et, si une cirrhose est présente, inclure immédiatement le patient dans un programme de surveillance. Chez les patients SSA sans cirrhose, le score PAGE-B peut être déterminé, un score de risque simple basé sur l’âge, le sexe et les plaquettes. Avec un score faible, la surveillance n’est pas nécessaire, mais avec un score moyen ou élevé, elle l’est. Bien qu’une grande proportion de ces patients ne développent pas de cancer du foie, nous ne pouvons pas encore distinguer de quels patients il s’agit. C’est une question que nous souhaitons étudier dans les années à venir. L’application du score PAGE-B n’a pas encore été étudiée chez les patients asiatiques, que nous suivons désormais également en routine à partir de 40 ans pour les hommes et à partir de 50 ans pour les femmes. C’est aussi quelque chose à évaluer à l’avenir.

2024-06-20 12:42:43
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