Phillipe Furrer tarde à recevoir le statut de légende au SC Berne

Phillipe Furrer tarde à recevoir le statut de légende au SC Berne

2024-03-04 07:30:00

A Berne, on ne pardonne jamais à Philippe Furrer d’avoir quitté le SCB. Néanmoins, il a désormais été élevé au rang de légende. Contre la volonté de leurs propres partisans.

Les équipes d’ouverture : Philippe Furrer (numéro 7, arrière) a terminé sa carrière à Lugano et Fribourg-Gottéron. Il reste néanmoins un SCBer dans l’âme.

Gabriele Putzu / PPR

Il est devenu courant dans le hockey sur glace suisse que les numéros de maillot des joueurs méritants ne soient plus distribués après la fin de leur carrière dans leurs clubs parents, conformément au modèle nord-américain. Felix Hollenstein (24 ans) et Roman Wäger (21 ans) à l’EHC Kloten, Ari Sulander (31 ans) ou Mathias Seger (15 ans) au ZSC Lions, Alfio Molina (1), Sandro Bertaggia (2) et Petteri Nummelin (33 ans) à Lugano sont ainsi immortalisés par leurs anciens clubs.

Au HC Davos, Reto von Arx (83 ans) et son frère Jan (78 ans) ont refusé de participer à cet acte symbolique : les Emmentaliens peu sentimentaux et quelque peu têtus auraient préféré le porter encore une saison ou deux au lieu de raccrocher leur robe.

A Berne, les numéros retraités concernent 14 joueurs, cinq autres sont considérés comme des « joueurs cultes ». Philippe Furrer en était absent jusqu’à présent. Il ne voulait rien d’autre et cette omission a été comblée dimanche et Furrer déclare : « Cela représente tout un monde pour moi. » La cérémonie du joueur national et triple champion a eu lieu dimanche dans le cadre d’un match de légende auquel ont participé d’anciens coéquipiers et trois maîtres entraîneurs de Furrer, Kent Ruhnke (2004), Larry Huras (2010) et Antti Törmänen (2013). Seuls environ 2 000 spectateurs ont assisté au spectacle dans l’arène, qui accueille habituellement plus de 16 000 spectateurs. Le chaos de la circulation devant l’arène n’était pas dû au jeu des légendes, mais à un salon des accessoires pour motos et scooters qui se déroulait au même moment.

Dans le viseur du dur et impitoyable appendice du SCB

Furrer aurait également pu être honoré la veille lors du dernier match de qualification à domicile de la saison contre le Lausanne HC. La toile de fond aurait été nettement plus large (16 250). Mais le SCB craignait une protestation de la part des partisans bernois, en partie fanatiques. Le noyau dur des supporters, les Bäregräbeler, avait annoncé que si Furrer était honoré lors du match contre Lausanne, soit ils resteraient à l’écart du match, soit au moins tourneraient le dos à la glace pendant la cérémonie.

Philippe Furrer est un SCBer de bout en bout. Le joueur de 38 ans a évolué dans toutes les équipes de jeunes du club depuis qu’il est enfant. Il a porté l’uniforme du SCB pendant 24 ans avant de vouloir voir autre chose vers la fin de sa carrière et de rejoindre le HC Lugano. Les Bernois l’acceptaient encore en fronçant les sourcils. Mais on ne lui a jamais pardonné qu’après trois ans au Tessin, il ait continué à jouer pour Fribourg-Gottéron pendant encore quatre ans.

Lorsque la rumeur s’est répandue dans les cercles de fans selon laquelle, contrairement aux attentes, l’ancien joueur serait toujours honoré, des messages de haine lui sont parvenus sur ses plateformes sociales. « Vous n’êtes pas un vrai SCBer » ou « vous n’êtes pas une légende de notre club » étaient les messages les plus flatteurs. Dès que Furrer a quitté le club, son maillot numéro 29 a été transmis à Martin Ness, qui n’a joué que 20 matchs pour le SCB et joue désormais pour Olten en Ligue suisse.

Pour comprendre le rejet et la véhémence avec lesquels les supporters ont réagi au départ de Furrer, il faut connaître la rivalité entre les supporters bernois et ceux de Fribourg-Gottéron. Pour un Bernois, il n’y a rien de pire que l’un des siens rejoigne Gottéron. L’agressivité entre les deux groupes de supporters est notoire et donne régulièrement lieu à des opérations de police.

L’aversion est déjà inculquée aux jeunes joueurs. Lorsque le SCB a battu Gottéron en finale des barrages en 2013 avec Philippe Furrer en défense et est devenu champion, Christoph Bertschy a brûlé une écharpe fribourgeoise sur la glace après le match pour le plaisir des supporters bernois. Le point culminant : Bertschy, alors âgé de 19 ans, est originaire de Fribourg, y a débuté sa carrière et n’a rejoint l’équipe de jeunes du SC Bern qu’à l’âge de 14 ans. Aujourd’hui, il joue à nouveau pour Gottéron et est le troisième meilleur buteur de l’équipe derrière les Suédois Marcus Sörensen et Marcus Wallmark.

Lorsque Furrer est revenu de Lugano en Suisse alémanique en 2018, il aurait souhaité rejoindre le SCB. Mais ils ne voulaient plus de lui là-bas. Le puissant PDG Marc Lüthi s’y est particulièrement opposé. Depuis lors, Furrer a beaucoup contribué à cette atmosphère impitoyable. Il a fait à plusieurs reprises des commentaires négatifs sur son club de jeunes.

Dans une interview à la NZZ, Philippe Furrer a déclaré : « L’appréciation est quelque chose de très important pour moi. Cela compte plus que les choses matérielles. Nous devons faire attention à ce qu’il ne se perde pas complètement. Il a un jour décrit le fait qu’à Berne, il était stipulé qu’un joueur devait mettre fin à sa carrière au SCB pour que son numéro de maillot soit retiré sous le nom de « Lex Furrer ». La semaine dernière, il a déclaré : “Si j’avais su que c’était une exigence, je n’aurais jamais quitté le club”.

Marc Lüthi ne veut plus commenter le sujet

Furrer n’est pas la seule légende du SCB à ne pas avoir terminé sa carrière au club. Martin Rauch et Patrick Howald, deux autres joueurs méritants du SCB, ont également fini par jouer pour Gottéron. Pourtant, leurs maillots sont depuis longtemps accrochés sous le toit du stade de Berne. Marc Lüthi ne souhaite plus faire de commentaire à ce sujet. Il a seulement dit que s’il était au stade dimanche, ce serait au mieux spontané. Il a laissé le rôle principal de la cérémonie à Rolf Bachmann, qui siège au conseil d’administration en tant que Chief Sponsoring Officer et est responsable de la chaleur humaine au sein du SCB. Tandis que la robe de Furrer était relevée au son de la marche bernoise, tout restait silencieux dans le stade.

Toute cette affaire ressemble à une farce provinciale, une bagatelle qui a pris une importance démesurée parce que deux hommes n’ont pas pu vaincre leur orgueil. Mais c’est aussi le résultat de la question de savoir à quelle plus-value les salariés de longue durée ont droit si celle-ci n’a pas déjà été compensée par le salaire, ce qui n’était pas négligeable dans le cas de Philippe Furrer à Berne.

La dernière manche de qualification du championnat suisse aura lieu lundi. Le SC Bern joue à l’extérieur contre Fribourg-Gottéron. Dans la patinoire de Fribourg, huit numéros sont accrochés à la mémoire de grands joueurs. Entre autres, ceux de Slawa Bykow (90), Andrei Chomutow (91) et du voyou canadien Shawn Heins (44), mais pas le 5 de Philippe Furrer. Cela ne l’a jamais dérangé car il est toujours resté un Bernois dans l’âme.



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