Photographie : Kishin Shinoyama est décédé, il a pris les dernières photos de John Lennon et Yoko Ono

Le photographe japonais Kishin Shinoyama, connu pour avoir représenté l’ancien Beatle John Lennon dans certaines de ses (et dernières) photographies emblématiques avec son épouse Yoko Ono, ainsi que d’autres célébrités au cours de ses cinq années de carrière, est décédé jeudi 4 janvier à 83 ans à Tokyo.

Le photographe a passé cinq jours avec le couple en 1980 et la photo d’eux s’embrassant a été utilisée pour la couverture de leur album « Double Fantasy », sorti à l’automne de la même année. Shinoyama a reconnu plus tard que c’était lui qui avait suggéré au couple de s’embrasser pour la photo.

Ses photos apparaissent également dans l’album « Milk and Honey » (1984), publié trois ans après l’assassinat de Lennon à partir d’enregistrements incomplets de chansons écrites lors de la réalisation de l’album précédent « Double Fantasy ». Shinoyama, de son vrai nom Michinobu Shinoyama, a photographié des personnages emblématiques de plusieurs genres, dont le romancier Yukio Mishima (1925-70), la chanteuse Momoe Yamaguchi, l’actrice Rie Miyazawa et l’acteur de kabuki Bando Tamasaburo.

Né à Tokyo le 3 décembre 1940, Shinoyama s’est illustré en tant que photographe dès ses années de cours de photographie au Nihon University College of Art. Il est devenu photographe indépendant en 1968 après avoir travaillé pour une agence de publicité. En 1970, Shinoyama s’est fait connaître grâce aux portraits de Yukio Mishima qu’il a réalisés à la demande du géant de la littérature japonaise peu avant son suicide : certaines photos le montrent sous les traits de Saint Sébastien.

Ishin Shinoyama était également devenu célèbre dans son pays natal pour son travail qui faisait apparaître les visages des plus grandes stars de son époque sur les couvertures des journaux, des magazines et des livres. Également connu pour avoir pris des photos artistiques de nus, ses images de Rie Miyazawa et d’une autre actrice, Kanako Higuchi, toutes deux publiées en 1991, sont devenues extrêmement populaires. Mais ses séances photo avec des femmes nues ont également fait l’objet de polémiques : en 2010, un tribunal de Tokyo l’a condamné à payer une amende pour indécence dans un lieu public et blasphème pour avoir photographié une femme nue dans un cimetière de Tokyo. L’imposition de cette amende a déclenché un débat sur l’intervention des autorités sur la liberté d’expression, mais Shinoyama ne l’a pas contesté, déclarant : « Je prends des photos de nus en extérieur depuis les années 1960. Mais (que l’acte soit considéré comme un délit ou non) est déterminé par l’humeur du moment. On ne peut pas faire autrement.” Ne se limitant pas aux photos de célébrités, Shinoyama a également photographié des gens ordinaires, ainsi que des architectures et des paysages urbains remarquables. Ses sujets incluent également les victimes du tremblement de terre et du tsunami de mars 2011 dans le nord-est du Japon et le complexe nucléaire de Fukushima détruit par la catastrophe. En 2021, une exposition présentant les œuvres de Shinoyama a eu lieu au Tokyo Photographic Art Museum.