– Pierre Schwitzguebel, une énergie radicale pour le tourisme
L’homme qui a incarné la candidature de Lausanne aux JO de 1994 s’est éteint dimanche dans sa 84e année.
Figure du tourisme vaudois, Pierre Schwitzguebel est mort dimanche dans sa 84e année. Né en 1940 à Goumoëns-la-Ville, d’un père pasteur, c’est dans les Alpes vaudoises qu’il entame sa carrière. En 1973, le jeune syndic radical de Lausanne Jean-Pascal Delamuraz le repère. Il veut ce dynamique promoteur de Leysin et des Diablerets à la tête du tourisme de la capitale.
«C’était un personnage à la fois directif et attachant.»
Olivier Français, ancien municipal et conseiller aux États PLR
De 1976 à 1994, Pierre Schwitzguebel dirige la structure nommée aujourd’hui Lausanne Tourisme. Il y passe une autre décennie comme président. La Maison du tourisme, à Ouchy, est construite sous sa houlette. Une houlette assez ferme: «C’était un personnage à la fois directif et attachant», se souvient Olivier Français, ancien municipal et conseiller aux États PLR, qui le rencontre comme entrepreneur sur le chantier. Officier à l’armée, à l’époque où cette dernière valait comme école de dirigeants, Pierre Schwitzguebel était membre du Parti radical, cœur de son réseau. «Il débordait d’énergie», selon Denis Pittet, ancien chef de la rubrique vaudoise de «24 heures».
Lausanne d’abord
À l’époque, l’Office du tourisme vaudois ne pèse pas lourd à côté de celui de Lausanne. Pierre Schwitzguebel en est le capitaine incontestable. Le Jeunotel (auberge de jeunesse) sort de terre, le projet d’une Maison du sport international se dessine. Et on accueille des événements sportifs internationaux, grâce au Comité international olympique (CIO). Lausanne est alors dans l’ère de Juan Antonio Samaranch, président du CIO de 1980 à 2001.
Surtout, Pierre Schwitzguebel incarne la candidature de Lausanne pour les Jeux olympiques d’hiver 1994. «Lors d’une séance publique à l’Aula du Collège de Béthusy, il devait faire une heure de présentation, puis une autre heure de questions-réponses avec le public, se souvient Denis Pittet. En réalité, emporté par son enthousiasme, il a parlé pendant 1 h 55…»
Les JO «de Lausanne» sont plutôt ceux du canton de Vaud, car Lausanne ne doit accueillir que les cérémonies et les sports de glace. Le hic, c’est que la ville endosse le volet financier. En 1988, les Lausannois disent non à presque deux contre un. Le jour de la défaite, Pierre Schwitzguebel parle d’un «vote imbécile» devant les médias. «C’était vu comme une trahison des Lausannois», se souvient Olivier Français. «Une fracture énorme entre Lausanne et les Alpes, car pour ces dernières, les JO 94 étaient une bouée de sauvetage», confirme Denis Pittet. Ce n’est qu’avec l’ouverture du Musée Olympique en 1993 que le patron du tourisme lausannois se remet de cet échec, assure-t-il.
Dans les années 2000, Pierre Schwitzguebel consacre son énergie à la revitalisation touristique des Diablerets, associé à de puissants investisseurs. Mais ce plan échoue face à la résistance locale.
Jérôme Cachin
est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Il a été le responsable de la page Vaud de
La Liberté
de 2003 à 2019. Il est l’auteur d’
Institutions politiques vaudoises,
avec Mix & Remix.
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