2024-08-04 20:07:26
Peu importe quel camp a tiré une roquette sur le village druze de Majad Shams dans le Golan occupé par Israël, tuant 12 adolescents et en blessant 30 autres lors d’un match de football le 28 juillet. C’était peut-être une erreur. Quoi qu’il en soit, cet incident a été l’occasion d’un échange de coups massifs entre Israël et les milices libanaises du Hezbollah, prévu après la visite de Benjamin Netanyahu aux États-Unis. Le cabinet de guerre de Netanyahu a immédiatement autorisé les Forces de défense israéliennes (FDI) à prendre des mesures contre le Hezbollah qui étaient « plus fortes que tout ce qui avait été vu auparavant ». On ne sait toujours pas s’il y aura une guerre sur le front nord ou simplement une accélération calculée des échanges de coups constants qui ont lieu depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023. Le besoin de vengeance a-t-il été satisfait avec l’assassinat du commandant du Hezbollah Fuad Schukr dans la banlieue de Beyrouth dans la nuit du 31 juillet ? Ou n’était-ce qu’un début ?
Une guerre plus vaste aurait une intensité bien plus grande que la campagne à Gaza. Le Hezbollah dispose d’une technologie d’armement beaucoup plus sophistiquée que le Hamas. Il serait capable de mobiliser 100 000 combattants et de stocker environ 150 000 roquettes pouvant atteindre des cibles dans tout Israël.
Il faudrait s’attendre non seulement à de nombreux morts et blessés civils des deux côtés, mais aussi à un certain nombre d’impondérables. En plus des bombardements depuis le Liban, Israël devrait s’attendre à davantage d’attaques du Yémen, peut-être même de l’Irak et, dans le pire des cas, de l’Iran. Et surtout depuis l’assassinat du leader du Hamas Ismail Haniyeh à Téhéran.
Basé sur des liens séculaires entre les populations chiites de ces pays, un « axe de résistance » anti-occidental s’est formé sous la forme d’un réseau composé de nombreuses cellules individuelles capables d’agir à la fois de manière autonome et coordonnée. Ils n’ont pas été équipés directement par l’Iran, mais ont utilisé le savoir-faire iranien pour se créer un armement moderne et efficace. La puissance de combat de ce réseau ne peut être sous-estimée. Les experts militaires affirment que la puissance de feu supérieure d’Israël ne peut anéantir qu’une partie de « l’Axe de la Résistance », mais qu’il sera difficile d’obtenir une victoire décisive en raison de l’asymétrie des formations militaires.
Une vision unilatérale et raccourcie du Hezbollah est qu’il est uniquement considéré comme une force islamiste et antisémite. En tant que parti politique, il dispose d’un large électorat et ses milices sont considérées par de nombreux Libanais comme une force de défense plus cohérente que l’armée d’État qui existe à ses côtés. La campagne israélienne contre les Palestiniens vivant au Liban, lancée en 1982, n’a pas été oubliée. Elle a culminé avec les massacres perpétrés par des milices chrétiennes – avec l’aval des FDI d’Ariel Sharon – dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila. Lorsque l’armée israélienne s’est finalement retirée du Liban en 2000, elle n’avait pas modifié la situation politique dans le sens souhaité. Les chrétiens qui dirigeaient autrefois le Liban et qui se sentaient appartenir à l’Occident ont perdu leurs priorités, ce qui a renforcé la position des musulmans qui étaient auparavant tenus à l’écart des postes de pouvoir. C’est pourquoi Israël a de nouveau attaqué le Liban en 2006 avec de lourds bombardements. Le fait qu’il n’y ait pas eu d’occupation prolongée a été considéré comme une défaite, causée par l’efficacité au combat déjà étonnamment élevée du Hezbollah.
Les États-Unis, en tant que partenaire crucial d’Israël, se sont clairement positionnés contre la menace d’escalade. Mais Netanyahu subit la pression de plus de 250 000 personnes évacuées des zones proches de la frontière en raison des combats qui ont éclaté dans le nord au début de la guerre à Gaza. Beaucoup ont dû abandonner leur emploi, la plupart sont logés dans des logements privés et se plaignent du manque de soutien de l’État. Mais la plupart des gens ne peuvent qu’imaginer un retour en toute sécurité, voire pas du tout, après un coup dur contre le Hezbollah.
De nombreuses personnes ont également été évacuées du côté libanais, qui ne souhaitaient rien d’autre que de regagner leurs foyers. Et les Libanais, qui n’ont pas encore été directement touchés par les combats, souffrent d’une crise économique qui dure depuis des années et qui a causé de grandes difficultés à ce pays autrefois prospère.
Le conflit sur le front nord d’Israël semble tout aussi difficile à résoudre que celui avec le Hamas, mais bien plus dangereux. Car on n’a jamais entendu parler de contacts ni même de négociations « indirectes » entre les parties en conflit. Et apparemment, les partenaires internationaux des deux côtés n’ont pas agi en tant que médiateurs efficaces. Les diplomates américains et français ne sont jusqu’à présent allés que jusqu’à un Premier ministre libanais simplement « désigné » nommé Najjib Miqati, qui est manifestement impuissant et n’aura probablement pas beaucoup d’influence sur le Hezbollah. Il apparaît clairement à quel point la politique occidentale de violence et de sanctions a échoué au Moyen-Orient. Il n’y a aucun moyen d’éviter de négocier les intérêts d’Israël avec l’Iran. Puisque Netanyahu ne s’y résoudra pas, des avancées diplomatiques occidentales seraient utiles dans ce domaine. Mais ils ne sont pas non plus en vue. Pendant ce temps, les États-Unis ont lancé des navires de guerre au large des côtes libanaises.
Cet article est paru sous le titre Ce serait de la folie. Israël. Une attaque contre le Hezbollah au Liban déclencherait une contre-attaque de l’axe de la résistance chiite dans : Vendredi n° 31 v. 31 juillet, p.
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