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Portrait du Professeur Serge Leyvraz : Un pionnier de l’oncologie au service de la recherche et de la transmission

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Portrait du Professeur Serge Leyvraz : Un pionnier de l’oncologie au service de la recherche et de la transmission

Le service d’oncologie du CHUV, c’est lui

Il peut parler pendant des heures des traitements des sarcomes et des mélanomes. Auteur et coauteur de plus de 350 publications dans des revues médicales à fort impact, il avoue ne pas savoir exactement combien d’articles scientifiques il a publiés durant sa carrière. Mais il sort de la boîte à gants de sa voiture, sa dernière publication scientifique. “Elle est spéciale. Elle est parue dans Médecine naturelle.” Même après sa longue carrière, publier dans ce prestigieux journal scientifique demeure un jalon important. L’étude clinique porte sur un traitement (le tebentafusp) indiqué pour des patients souffrant d’un cancer de l’œil métastatique. Le clinicien évoque alors la double action de cette molécule. Les termes scientifiques fusent, les yeux de Serge Leyvraz s’illuminent. La passion se niche parfois au plus profond de lymphocytes T (cellules à l’origine de l’immunité cellulaire). Et ce n’est pas parce que son nom figure sur le texte paru dans Médecine naturelle qu’il se réjouit autant. C’est parce qu’il a confié l’étude à de jeunes chercheurs.

Il ne l’avouera pas, mais il perçoit son approche comme une forme de mentorat. Lui tombe en oncologie en 1981 lorsqu’il part rejoindre le Pr James Holland pour une bourse de deux ans au Mount Sinai School of Medicine de New York. James Holland, c’est le pape de la chimiothérapie. “C’est mon mentor.” Quand il rentre en Suisse, en 1983, il rejoint l’équipe du Dr Laurent Barrelet à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne. Le CHUV ne dispose alors pas encore d’un département dédié à l’oncologie. Et si l’hôpital universitaire vaudois peut se targuer aujourd’hui d’avoir un service multidisciplinaire largement reconnu, c’est en grande partie grâce à son engagement durant trente ans. “Quand j’ai commencé en 1983, on effectuait entre 5000 et 6000 consultations oncologiques par année. Quand je suis parti, en 2013, il y en avait 35 000 dans le service.”

Le professeur roule en 2 CV rouge

Prolixe sur sa passion, l’oncologie, le septuagénaire se raconte avec pudeur dans les rues de Berlin. Il a opté pour une balade touristique à bord de sa voiture. Le professeur se déplace en 2 CV rouge dans les rues de la capitale. Il fait beau, il décapote la Citroën. Il évoque à peine sa famille, sa vie à Berlin faite de musique, de théâtre, d’expositions, de bons p’tits bistrots au coin de la rue de son quartier très animé de Schöneberg. Mais pas un mot sur son frère, Pierre-François Leyvraz, ancien directeur du CHUV. “La famille, c’est compliqué.”

Amoureux de Berlin, il rentre néanmoins régulièrement en Suisse, “pour se ressourcer de temps en temps au chalet”, pour voir ses filles et aussi pour présider à l’évolution de la fondation Fond’action contre le cancer. “Nous avons choisi ce nom en 1999 pour dire que le cancer, c’est de l’action. Sa spécificité est de soutenir une recherche centrée sur le patient. Lors de la Journée internationale contre le cancer [le 4 février, ndlr]beaucoup de médecins ont demandé plus d’argent pour l’oncologie et la recherche. Dans les faits, ces fonds sont avant tout destinés à la recherche en laboratoire, essentielle, et l’apanage des centres de recherche lausannois comme l’Isrec, l’Institut Ludwig ou l’EPFL. Mais les hôpitaux aussi doivent disposer de plus de moyens pour la recherche clinique, pour le patient. Fond’action joue ce rôle de soutien à la recherche clinique, dans la mesure de ses moyens.”

Cofondateur et président de cette institution qui finance des projets de recherche novateurs sur le cancer depuis vingt-cinq ans, il agit là aussi comme un transmetteur. Chaque année, un chercheur, ou une chercheuse, de moins de 40 ans est récompensé d’un prix – le Young Investigator Award – d’une valeur de 100 000 francs pour soutenir ses travaux. Vendredi dernier, c’est le Dr Andreas Reichmuth, de l’Université de Zurich, qui a été distingué pour ses recherches sur “l’utilisation de l’ARN messager pour doter de récepteurs antigéniques chimériques (CAR) les cellules lymphocytaires et les rendre ainsi tueuses de tumeurs”, précise Serge Leyvraz.


Profil

1950 Naissance à Bercher, le 24 décembre.

1975 Diplôme fédéral de médecine.

1986 Obtention du FMH en médecine interne, avec une sous-spécialisation en onco-hématologie en 1988.

2005 Nommé chef du service d’oncologie clinique du CHUV.

2009 Nommé professeur ordinaire de l’Unil et président de Fond’action contre le cancer.

2013 Quitte le CHUV pour rejoindre l’Hôpital universitaire de la Charité à Berlin.

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