2025-01-06 17:56:00
On peut être rationnel et sceptique, on peut regarder avec mépris tout ce qui appartient au domaine du fantastique, mais ouiJe cède presque toujours, au moins une fois par an, à un acte de magie: et c’est ce qui s’est passé cette nuit, qui est la nuit des illusions comme le savait bien Shakespeare (« Cachez ce que je suis et aidez-moi à trouver le masque le plus adapté à mes intentions », dit Viola dans le Douzième nuit). C’était la nuit de la femme qui vole comme la Dame du Jeu le jour du sabbat, et comme toutes les femmes magiques, qu’elles soient chamanes ou déesses, vieilles enchanteresses ou jeunes martyres ; il vole et amène des femmes comme toutes les figures qui, en tout temps et en tout lieu, se sont souvenues de l’arrivée de la lumière à travers les dernières caresses de la période de Noël.
Peut-être que les rares personnes qui détestent Noël avec ses longs dîners et ses interminables déjeuners de famille conservent une lueur de sympathie pour la Befana : peut-être en souvenir de l’époque où, enfants, on nous encourageait à nous coucher tôt parce que la Dame passait, qui n’avait pas bon caractère, alors faites attention à ne pas désobéir. Nous le faisions, et à l’intérieur des chaussettes nous trouvions des bonbons, des mandarines, des jeux, du charbon doux qui rappelait initialement le feu de joie de l’Épiphanie avec lequel on saluait le nouveau cycle de l’année, et devenait ensuite un symbole de punition pour ceux qui s’étaient mal comportés. .
LE CAS
De Charlie Hebdo à Bezos, qui a peur des caricatures
Assia Neumann Dayan
E nous avons répété ces gestes pour nos enfants et petits-enfants, même les plus grands, en mettant des petits objets et des chocolats dans le bas chaque douzième soir, rendant hommage, même sans nous le dire, à une figure féminine qui apporte sagesse et générosité, qui a survécu au cours des siècles à toutes les horreurs auxquelles furent soumises les femmes trop libres et trop sages, celles qui dansaient sous la lune et connaissaient les herbes, et qui survécurent aussi à l’oubli auquel étaient soumises les déesses, qu’elles s’appelaient Diane, Hécate, Sibylle, et les sorcières comme Alcina, ou Circé, qui était une autre Dame dont la parole était puissante, et qui a suscité la peur car avec la parole il a généré le changement, transformant l’horreur en enchantement et vice versa.
Même les Befana, à vrai dire, risquaient de tomber dans l’oubli. Dans son discours de fin d’année 1977, le président de la République Giovanni Leone annonçait des mois très sombres (Moro, en effet, serait kidnappé quelques semaines plus tard) : « Il y aura encore des temps de renoncement et de sacrifice, indispensables car les chômeurs, les jeunes, les pauvres et les marginalisés peuvent trouver des perspectives raisonnables. » Mais ce sont les Befana qui en ont payé le prix. Lesquelles ont disparu des vacances parce que la loi du 5 mars 1977 du troisième gouvernement Andreotti l’avait aboli (avec San Giuseppe, Ascension, Corpus Domini, San Pietro et Paolo) pour augmenter la productivité nationale, dont les vacances ne bénéficiaient pas. La Befana est revenue au bout de huit ans, en 1985, après de nombreuses campagnes dans les journaux, l’absentéisme scolaire et les protestations des enfants. Et ça reste. Ou du moins, pour citer Mary Poppins qui est une chamane volante comme elle, elle restera jusqu’à ce que le vent change.
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