Pourquoi il n’est pas surprenant que l’expérience italienne de centres pour migrants en Albanie, un modèle pour l’UE, commence à échouer

2024-10-17 14:25:00

Le Conseil européen qui se tient ce jeudi à Bruxelles a pour thème central l’immigration. Alors qu’il y a deux guerres aux portes de l’Europe dont on ignore les conséquences à moyen et long terme, la priorité sur la table des dirigeants européens est de savoir comment donner un nouveau tour de vis à la politique migratoire de l’UE, sans même attendre le nouveau Pacte sur l’immigration et l’asile qui entrera en vigueur dans deux ans et qui, fruit d’un compromis et de très longues négociations, resserre déjà encore davantage l’accès à l’asile sur le continent.

Il est significatif que le sommet ait eu un prologue sans précédent avec une réunion informelle convoquée par la présidente du gouvernement italien, Giorgia Meloni, avec les premiers ministres du gouvernement d’extrême droite des Pays-Bas et la social-démocrate danoise Mette Frederiksen, à laquelle, ensemble avec d’autres pays – Autriche, Cipro, Grèce, Malte, République tchèque, Pologne, Slovaquie et Hongrie – la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, était également présente. Le but ? Explorer des « solutions innovantes » pour En fait renforcer encore davantage la gestion des frontières et les politiques migratoires de l’UE dans un souci de sécurité.

Et parmi ces « solutions innovantes », le modèle est l’expérience que l’Italie, après des mois de retards et des millions d’euros de contrats sans appel d’offres, vient de démarrer avec les centres de détention pour migrants en Albanie. Une expérience qui commence à produire de l’eau dès qu’elle commence. Quelques heures après l’arrivée des 16 premiers migrants en Albanie à bord d’un navire de la marine italienne, on a découvert que quatre étaient en train d’être renvoyés en Italie, deux parce qu’ils étaient mineurs et deux autres parce qu’ils étaient considérés comme « vulnérables ».

Autrement dit, la première chose qui a échoué, c’est justement ce que dénoncent depuis des semaines juristes et ONG : la sélection expresse opérée après les sauvetages de migrants en Méditerranée. Selon le protocole opérationnel de l’accord entre l’Italie et l’Albanie, seuls les hommes adultes provenant de pays considérés comme sûrs devraient arriver dans les centres construits sur le sol albanais (un concept qui en soi est un « trou noir », et encore plus après une récente décision du la Cour de Justice de l’Union européenne, selon laquelle un pays ne peut être considéré comme sûr que s’il est réellement sûr dans sa totalité). Le fait est que dans cette sélection expresse, il n’y a aucune garantie – comme l’ont dénoncé les experts et les militants et comme la réalité l’a confirmé – qu’il n’y ait pas de mineurs parmi les sélectionnés.

En fin de compte, le premier voyage en Albanie a fini par avoir un coût encore plus exorbitant des 18 000 euros estimés pour chacune des 16 personnes transférées, dont le maintien dans ces enclaves sous juridiction italienne sur le sol albanais sera d’au moins neuf fois plus cher que sa réception en Italie, comme il l’explique depuis des jours Matteo Villa, chercheur à l’Institut d’études de politiques internationales (ISPI, pour son acronyme en italien).

Villa a également souligné qu’outre les coûts, le plan ne parvient pas non plus à atteindre l’objectif principal déclaré par le gouvernement Meloni : avoir un « effet dissuasif ». Les 16 migrants initialement transférés en Albanie représentent moins de 1 pour cent de ceux arrivés sur les côtes italiennes ces derniers jours.

Le soutien de Von der Leyen

Mais il fallait avoir une photo avant le Conseil européen. Et voilà. Et même si la photo est très mauvaise, le modèle, dans une Europe de plus en plus désemparée, reste valable. Et pas seulement cela. Dans la course pour savoir qui donne le plus, les Pays-Bas se sont joints à nous. Le gouvernement – ​​une coalition de quatre partis, dirigée par le parti d’extrême droite de Geert Wilders – étudie la possibilité d’emmener les demandeurs d’asile encore plus loin : en Ouganda.

Le tout béni par Von der Leyen qui s’est ouverte à l’exploration de ces « solutions innovantes », ce qui, comme l’a dit ce mercredi Irene Castro, « a fait preuve d’une attitude particulièrement caméléon qui l’a conduite à imposer désormais l’agenda de la droite dans le face à des engagements mesurés.» C’est la même Von der Leyen qui, lorsque la Grèce a suspendu le droit d’asile à la frontière avec la Turquie en mars 2020, a remercié Athènes d’être un « bouclier ».

Le fait que l’expérience grotesque de l’Italie en Albanie soit devenue un modèle pour d’autres capitales européennes pourrait ressembler à une plaisanterie pratique et coûteuse (dans le cas de l’Italie, au moins un milliard en cinq ans, selon les estimations). Mais non. C’est un pas de plus vers l’érosion du droit d’asile et des prétendues valeurs européennes, sur la peau de personnes dont la faute est d’être nées avec un mauvais passeport.



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