Lorsque le fabricant de puces d’intelligence artificielle Nvidia est devenu la semaine dernière l’entreprise la plus valorisée au monde, dépassant des noms bien connus comme Apple et Microsoft, le moment a semblé être une déclaration de victoire pour le boom de l’IA à Wall Street.
Cependant, au cours des trois jours de bourse suivants, les actions de Nvidia ont chuté de 13 %. L’entreprise a perdu plus de 500 milliards de dollars en valeur et est tombée à la troisième place parmi les plus grandes entreprises.
Plutôt qu’une réprimande envers AI ou Nvidia, les pertes extraordinaires équivalaient à une vente massive et systématique alors que les traders cherchaient à tirer profit d’une partie des gains réalisés par le fabricant de puces au cours de son ascension fulgurante, ont déclaré des analystes de marché à ABC News.
Les analystes divergent sur la question de savoir si la récente baisse offre aux investisseurs une opportunité intéressante d’acheter le titre à un prix favorable.
“Il est normal de voir les actions reprendre leur souffle”, a déclaré à ABC News Steve Sosnick, stratège en chef de la société de trading Interactive Broker. “Ce qui est anormal, c’est que Nvidia soit allé si loin et si longtemps sans reprendre son souffle.”
Il est difficile d’exagérer le succès dont Nvidia a bénéficié avant son récent déclin. La société californienne, qui vend la majorité des puces informatiques derrière les nouveaux produits d’IA comme ChatGPT, a vu son titre grimper de près de 700 % en deux ans.
Même en tenant compte de la récente baisse, les actions de Nvidia ont grimpé de près de 150 % depuis le début de 2024.
Après une ascension prolongée, les actions sont souvent victimes d’un phénomène appelé prise de bénéfices, lorsque les traders vendent certaines de leurs actions pour sécuriser les rendements. Dans ce cas, selon les analystes, ce repli de routine a été plus important que prévu, car la hausse précédente avait été inhabituellement forte.
“Il n’est pas normal qu’un titre augmente de façon aussi spectaculaire”, a déclaré Sosnick. “En conséquence, quand il s’agira d’une petite prise de bénéfices, ce sera également anormal.”
Ivan Feinseth, analyste de marché chez Tigress Financial, est du même avis. “Le titre a connu une énorme hausse”, a déclaré Feinseth à ABC News. “Certaines personnes plus orientées vers le court terme estiment qu’il est temps de réaliser des bénéfices.”
Tout en citant une tendance liée au comportement du marché plutôt qu’à la performance des entreprises, les analystes ont rejeté la notion de nouvelle faiblesse du secteur de l’IA ou de Nvidia.
Le siège social de Nvidia est visible le 5 février 2024 à Santa Clara, en Californie.
Justin Sullivan/Getty Images
En mars, la société a annoncé sa dernière et la plus puissante puce, Blackwell. Amazon, Google, Meta, Microsoft et OpenAI font partie du who’s who des grandes entreprises technologiques prêtes à adopter la nouvelle technologie, Nvidia dit dans un rapport.
“C’est le monde de Nvidia : tout le monde paie”, a déclaré à ABC News Dan Ives, directeur général de la recherche sur les actions chez la société d’investissement Wedbush.
Malgré leur accord sur la cause de la baisse des actions, les analystes diffèrent dans leur évaluation quant à savoir si le moment actuel offre une chance aux investisseurs de se lancer dans les actions.
Feinseth a encouragé les investisseurs à acheter l’action, car il s’attend à ce que la baisse suscite un regain d’intérêt pour la société et fasse grimper le prix. « C’est une action que tout le monde veut posséder et tout le monde va réagir à toute baisse », a-t-il déclaré.
Les premiers échanges de mardi ont semblé confirmer ce point de vue. À midi, le titre avait augmenté de près de 5 %, récupérant une grande partie de ce qu’il avait perdu ces derniers jours.
“C’était juste une petite bosse”, a déclaré Ives.
Sosnick, en revanche, a mis en garde contre l’achat d’actions Nvidia à moins que le prix ne baisse davantage. Autrement, a-t-il ajouté, les gains potentiels relativement modestes ne compensent pas le risque d’une volatilité persistante.
“Le titre n’est pas très cher, mais il n’est pas non plus particulièrement bon marché”, a déclaré Sosnick.
