Pourquoi les humains sont si mauvais pour détecter les mensonges

Nous apprenons à mentir dès le plus jeune âge, généralement entre deux et trois ans. Réussir à mentir pendant l’enfance prend un peu plus de temps et nécessite une capacité plus développée à comprendre les états mentaux des autres. Il faut également une bonne mémoire de travail pour être convaincant et pouvoir se souvenir du mensonge. Les enfants plus intelligents semblent mentir plus fréquemment et de manière plus égoïste.

Il n’y a pas de signes révélateurs de mensonge en soi, mais il peut y avoir des indicateurs d’émotions négatives associées au mensonge (anxiété, culpabilité, honte, tristesse, peur d’être découvert) même lorsque le menteur essaie de les cacher.

Parfois, celles-ci se transforment en microexpressions, de brèves expressions faciales qui durent une fraction de seconde, ou des expressions sourdes dans lesquelles le menteur couvre l’émotion avec un masque, généralement un faux sourire. Vous pouvez reconnaître un faux sourire car il n’implique pas les muscles autour des yeux et disparaît rapidement du visage. Les vrais sourires s’estompent plus lentement.

Mais le problème avec les indicateurs non verbaux potentiels de tromperie est que la plupart d’entre nous auraient besoin de rejouer le comportement au ralenti pour les détecter.

Le contact visuel n’est pas un indicateur utile de tromperie. Le contact visuel est affecté par notre activité cognitive, même lorsque nous disons la vérité. Par exemple, planifier notre discours ou accéder à la mémoire. De plus, nous savons tous que c’est ce que les gens recherchent. Et les menteurs savent comment le contrôler. Les bons menteurs peuvent maintenir un contact visuel lorsqu’ils mentent en planifiant leur mensonge à l’avance et en le construisant à partir de fragments de vérité et de situations réelles.

Le contact visuel est également affecté par la distance interpersonnelle. Il est difficile de maintenir un contact visuel lorsque quelqu’un est assis à proximité et vous regarde (comme ma mère). C’est le modèle de l’équilibre de l’intimité. Certains comportements indiquent une intimité, comme la distance, le contact visuel et le sujet de conversation. Si la distance interpersonnelle change, nous l’équilibrons en modérant inconsciemment les autres. Ainsi, lorsque ma mère s’est approchée pour l’interroger, j’ai détourné le regard et elle a obtenu la preuve qu’elle cherchait.

Il s’agit d’un type de biais de confirmation. Il ne s’agit pas seulement de rechercher des preuves pour confirmer votre hypothèse, il s’agit d’influencer inconsciemment le comportement que vous recherchez.

Une étude de 1978 a suggéré que les policiers, lors des interrogatoires, s’approchent des suspects qu’ils considèrent coupables. Le suspect détourne le regard et se déclare coupable ! Les observateurs ne remarquent pas le changement de distance. Mais le biais de confirmation ne concerne pas seulement la disposition des sièges. Dans la vie de tous les jours, nous portons des jugements instantanés et inconscients sur la fiabilité d’un visage rapidement (environ un dixième de seconde). Une fois que nous avons décidé que quelqu’un semble digne de confiance, nous pouvons inconsciemment rechercher moins de signes de tromperie.

La détection des mensonges regorge de préjugés et les bons menteurs savent comment les exploiter. Ils savent ce que nous recherchons et c’est ce qu’ils contrôlent. Bon contact visuel, sourire caché, discours bien préparé et sans quelques doutes. Ils peuvent aussi se convaincre de la vérité essentielle du mensonge. L’auto-tromperie réduit toute réponse émotionnelle.

Cela ne sert à rien de rechercher des micro-expressions de culpabilité, de honte, de tristesse ou de peur, si ce n’est pas ce qu’ils ressentent intérieurement. Certaines personnes aiment mentir. C’est excitant, ils ne se soucient pas des conséquences. Toute microexpression dans ces cas sera positive. Pas étonnant que les menteurs experts se sentent enhardis.