Pourquoi les pneus sont noirs ?

Lorsque ces pneus ont ensuite été remplacés, la couleur choisie n’était pas le noir actuel, mais le blanc ; des pneus que l’on peut encore voir dans certains musées consacrés à l’histoire de l’automobile.

Pour connaître l’origine des pneus blancs, il faut remonter bien plus loin, jusqu’en 1883, année où l’on assiste à la naissance du premier pneu recouvert de caoutchouc sur une structure en bois.

On doit son apparition à Charles Goodyear (1800-1860), l’inventeur américain qui a découvert le procédé de vulcanisation. La vérité est que c’était une révolution, c’était un saut qualitatif en termes de résistance, puisque ces pneus fabriqués avec du caoutchouc et du soufre étaient beaucoup plus solides. Avec eux, les constructeurs de voitures ont recouvert les roues, améliorant leur ergonomie et les rendant plus silencieuses lors des déplacements dans les rues pavées.

Le carbone noir entre en jeu

Différents ingrédients participent à la fabrication d’un pneumatique, des élastomères aux huiles, en passant par les résines naturelles, la silice, les agents protecteurs, les polymères et surtout le caoutchouc. C’est précisément cette dernière qui apporte la flexibilité, la malléabilité et la résistance dont le pneu a besoin.

Or, le caoutchouc n’est pas noir, en fait, il n’a même pas un ton sombre, sa couleur est laiteuse. Il faut garder à l’esprit que le caoutchouc est obtenu à partir du lait du Havea brésilienun arbre amazonien qui peut atteindre trente mètres de hauteur.

L’année 1917 est décisive dans l’histoire de la fabrication du pneumatique ; c’est alors qu’un nouvel ingrédient est incorporé : le noir de carbone. Il s’agit d’une fine poudre obtenue à partir de la combustion incomplète de dérivés pétroliers et qui donne sa teinte noirâtre caractéristique.

Il est fort possible que les conducteurs aient exigé une couleur qui maintiendrait leurs pneus propres, car lors de leur premier trajet, ils avaient acquis un ton sale difficile à enlever.

Au début coexistaient les pneus blancs, les pneus de couleur ocre et les nouveaux pneus noirs, mais petit à petit cette dernière couleur a gagné la partie en améliorant les qualités. Et en ajoutant du noir de carbone au caoutchouc, les propriétés des roues ont été visiblement optimisées : la résistance à l’usure et à l’abrasion a été multipliée par dix.

Un autre aspect décisif pour la suprématie de la couleur noire dans les pneus fut la Grande Guerre (1914-1918), la guerre obligea à détourner la production d’oxyde de zinc vers la fabrication de munitions et à la séparer de la production de pneus. Cet ingrédient assurait la durabilité des pneus à cette époque et a été remplacé par du noir de carbone.

Pneus bicolores

En plus de tous ces avantages, il faut tenir compte du fait que le noir absorbe mieux les rayons ultraviolets, responsables in fine du durcissement et de la fissuration des pneumatiques.

Au départ, certaines entreprises ont résisté à l’utilisation du noir de carbone dans la fabrication de leurs pneus, car cela augmentait le coût, c’est pourquoi elles ont décidé de laisser les flancs exempts de ce composant. Le résultat final fut un pneu bicolore répondant à des raisons purement économiques.

À l’heure actuelle, le noir de carbone représente 25 à 30 % de la composition d’un pneu, ce qui rend nos pneus non seulement plus résistants au passage du temps, mais également dotés d’une meilleure adhérence sur la route.