Poutine suscite l’incertitude avec sa nouvelle doctrine nucléaire

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé des modifications à la doctrine nucléaire de l’Ukraine. Ces modifications ne sont pas révolutionnaires, mais elles visent à déstabiliser les partisans occidentaux de l’Ukraine.

Le président Poutine annonce aux membres de son Conseil de sécurité des ajustements à la doctrine nucléaire.

Alexandre Kazakov / Spoutnik / EPA

Le président russe Vladimir Poutine a adressé mercredi soir un nouvel avertissement, à peine voilé, aux partisans occidentaux de l’Ukraine, leur demandant de ne pas sous-estimer la Russie. apparition télévisée Il a présenté les modifications de la doctrine nucléaire russe à la Commission permanente du Conseil de sécurité sur la dissuasion nucléaire, qui se réunit habituellement en secret. Ce document réglemente l’utilisation des armes nucléaires. Depuis plusieurs mois, Poutine et de hauts responsables évoquent la nécessité d’adapter ces règles aux nouvelles circonstances.

Les frappes préventives restent taboues

Les réflexions des pays occidentaux sur l’autorisation d’utiliser les armes à longue portée qu’ils ont livrées à l’Ukraine sur le territoire russe semblent également avoir déterminé le moment choisi par Poutine pour exprimer ses commentaires. Ces changements ne constituent pas un changement radical. Les frappes nucléaires préventives, recommandées par les experts et réclamées avec ferveur par les propagandistes, restent taboues. La Russie abaisse formellement le seuil d’utilisation des armes nucléaires, mais elle se donne en même temps plus de marge de manœuvre pour le faire, ce qui suscite l’incertitude chez ses adversaires. Ce dernier objectif est probablement le principal objectif du plan. Sur le plan interne et externe, le régime préfère agir avec imprévisibilité comme instrument de pouvoir.

La Russie étend sa dissuasion nucléaire à un nombre croissant d’États et d’alliances, et élargit la liste des menaces militaires auxquelles elle répond par des mesures de dissuasion nucléaire. Poutine n’a pas donné plus de détails à ce sujet.

Plus importante et plus concrète est l’annonceIl est évident que toute agression contre la Russie, qui émane d’un État dépourvu d’armes nucléaires mais qui est menée avec le soutien d’une puissance nucléaire ou conjointement avec elle, est considérée comme une attaque conjointe contre la Russie. On peut aisément y voir une réponse au soutien apporté à l’Ukraine par les puissances nucléaires que sont les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Quoi qu’il en soit, le Kremlin ne cesse de propager l’idée que les dirigeants de Kiev n’agissent que sur ordre des capitales occidentales.

On ne sait pas exactement où Moscou voit le point de bascule qui transformerait l’aide militaire en agression commune. D’après les avertissements de Poutine il y a deux semaines, ce serait l’utilisation de missiles occidentaux contre des cibles au cœur de la Russie. Mais on peut se demander si c’est vraiment le cas. De telles déclarations serviront probablement surtout de toile de fond menaçante. Moscou avait déjà décrit l’utilisation d’armes à longue portée contre des cibles russes en Crimée occupée comme une « ligne rouge », mais l’a ensuite acceptée pour le meilleur et pour le pire.

Les drones pourraient déclencher une réaction nucléaire

La doctrine nucléaire révisée précise également les armes offensives qui constituent une menace pour la Russie. Cela comprend désormais les essaims de drones qui traversent la frontière russe, ainsi que la puissance aérienne tactique, les missiles de croisière, les missiles hypersoniques et autres missiles. Dès que des informations crédibles sur leur lancement et leur pénétration dans l’espace aérien russe seront disponibles, l’utilisation d’armes nucléaires devra être envisagée à l’avenir, a déclaré M. Poutine. À proprement parler, les attaques de drones ukrainiens à grande échelle, comme celles menées plusieurs fois ces dernières semaines contre des cibles d’importance stratégique en Russie, relèvent déjà de cette catégorie de menace.

Enfin, la Biélorussie est également explicitement incluse dans les délibérations. Une attaque contre le voisin serait donc traitée de la même manière qu’une attaque contre la Russie. La Russie s’est déjà réservée le droit de protéger ses alliés avec son parapluie nucléaire. Étant donné que des missiles à capacité nucléaire sont actuellement stationnés en Biélorussie et que le pays est totalement dépendant de Moscou, il n’est pas surprenant que le Kremlin prenne également cette mesure.

Selon Poutine, cette règle s’applique même si l’adversaire menace la souveraineté des deux États avec des armes conventionnelles. Le seuil d’utilisation des armes nucléaires est ainsi plus bas que dans la version précédente de la doctrine. On parlait alors d’une menace contre l’existence de l’État.

Les « lignes rouges » restent floues

Des menaces ouvertes et cachées concernant le potentiel d’armes nucléaires de la Russie accompagnent la guerre contre l’Ukraine depuis l’attaque majeure du 24 février 2022. Dans son discours de l’époque, Poutine avait mis en garde l’Occident contre le fait d’entraver « l’opération militaire spéciale » de la Russie en soutenant l’Ukraine et avait menacé de conséquences sans précédent si cet avertissement était ignoré.

Depuis lors, les politiciens et commentateurs occidentaux ont souvent craint que le Kremlin ne recoure à des mesures extrêmes, notamment parce que les fantasmes d’anéantissement de l’Occident sont devenus monnaie courante dans les émissions de télévision russes et que des experts réputés ont évoqué à haute voix des frappes nucléaires préventives contre des cibles en Europe. Le mécontentement de la Chine, principal allié de Moscou, aurait refroidi le courage du Kremlin à cet égard.

Mais ces deux dernières années et demie, les « lignes rouges » ont changé. Contrairement aux hypothèses initiales, le Kremlin continue à faire secrètement la distinction entre les « nouveaux territoires » annexés il y a deux ans à l’est et au sud-est de l’Ukraine d’une part et le territoire russe reconnu par le droit international d’autre part. Mais même l’avancée ukrainienne vers la région frontalière russe de Koursk, avec l’aide de la technologie militaire occidentale, n’était pas une « ligne rouge ».

La manière dont le Kremlin gérera de tels développements à l’avenir n’est pas entièrement claire, même avec la doctrine nucléaire renouvelée. Les experts estimentLa Russie ne serait guère tentée de lancer une frappe nucléaire au vu des immenses conséquences d’une telle action. Mais Poutine est manifestement convaincu qu’il ne pourra atteindre ses objectifs qu’en se présentant à ses adversaires comme le maître du bouton rouge.

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