(29 juillet) : Le président élu Prabowo Subianto espère que ses repas scolaires gratuits permettront à l’Indonésie de libérer son potentiel de croissance. Deux grands pays asiatiques qui ont suivi le même chemin peuvent nous donner des leçons sur la réussite de ce projet, et nous servir également d’exemples édifiants.
L’ancien général a fait de la distribution de repas gratuits d’une valeur de 15 000 roupies (1 dollar américain) aux écoliers un élément clé de sa campagne visant à réduire les taux de retard de croissance et à améliorer les résultats scolaires. Il a visité une école de Pékin pour observer leur programme alimentaire, tandis que son nouveau vice-président est en pourparlers avec l’ambassadeur de l’Inde au sujet du déploiement de repas gratuits dans ce pays d’Asie du Sud.
La Chine et l’Inde, deux pays en développement à forte population, offrent des exemples de la manière dont l’Indonésie peut nourrir 80 millions d’enfants pour stimuler la productivité – un élément essentiel pour que la plus grande économie d’Asie du Sud-Est atteigne le statut de pays à revenu élevé avant que sa population ne vieillisse.
Selon une étude, les enfants qui ont participé pendant cinq ans au plus grand programme de repas scolaires au monde en Inde ont vu leurs résultats aux tests de lecture s’améliorer de 18 % et leurs résultats en mathématiques augmenter de 9 % par rapport à ceux qui y ont participé moins d’un an. La subvention de quatre yuans (2,56 RM) par enfant pour le déjeuner dans les zones reculées les plus pauvres de la Chine a permis aux garçons et aux filles d’augmenter leur taille et leur poids moyens plus rapidement que dans le reste du pays.
Si les déjeuners gratuits pourraient être la clé pour que Prabowo atteigne son objectif d’une croissance économique de 8 % au cours de son mandat de cinq ans débutant en octobre, de tels programmes ne sont pas exempts d’embûches.
La surveillance de la sécurité du programme sera un défi majeur. Quelques responsables d’écoles ont servi du lait périmé en Chine, tandis que dans une province du nord de l’Inde, au moins 23 élèves d’école primaire sont morts après avoir mangé des repas contaminés par des pesticides. New Delhi a également enquêté sur les allégations selon lesquelles certains districts auraient lésiné sur les repas ou n’en auraient pas fourni du tout.
Avantages cachés
À Tangerang, à proximité de Jakarta, la capitale indonésienne, Niken Dyah Permata Sari, 14 ans, avait l’habitude de renoncer à déjeuner ou de manger la nourriture préparée par ses parents les jours d’école. Mais elle est reconnaissante pour les « siomay », des raviolis de poisson cuits à la vapeur avec de la sauce aux cacahuètes, servis dans le cadre du programme pilote de Prabowo à son école. Et cela lui a permis d’économiser 7 000 roupies.
« J’aime beaucoup ce programme », a-t-elle déclaré. « Je ne suis pas la seule à l’apprécier, mais d’autres enfants aussi, car cela nous permet de faire des économies. »
Même si le fait que les étudiants comme Niken puissent économiser de l’argent de poche peut sembler être l’avantage le plus évident des déjeuners gratuits, les gains réels ne sont pas toujours visibles.
Selon le Programme alimentaire mondial, un repas gratuit attire davantage d’enfants, notamment de filles, à l’école et leur permet de mieux apprendre et de rester en bonne santé. Il estime que chaque dollar investi dans les repas scolaires génère jusqu’à 9 dollars de retombées économiques, grâce à l’amélioration de la santé, de l’éducation et de la productivité.
Certains s’interrogent néanmoins sur la capacité du programme de repas gratuits à véritablement libérer le potentiel économique de la grande population jeune d’Indonésie, citant des données qui montrent que les résultats en matière de santé sont principalement déterminés par la nutrition qu’un enfant reçoit au cours des 1 000 premiers jours de sa vie, bien avant d’entrer à l’école.
Environ 22 % des enfants indonésiens de moins de cinq ans souffraient d’un retard de croissance en 2022, et le pays cherche à ramener ce chiffre à 14 % cette année.
« Pour briser le cycle intergénérationnel de la malnutrition, il est important que les enfants arrivent à l’école bien nourris afin que leur cerveau puisse absorber l’éducation dispensée à l’école », a déclaré Manoj Kumar, directeur régional de Nutrition International pour l’Asie.
Engagement politique
Il y a ensuite le problème de la continuité, comme le montre le projet d’alimentation scolaire du PAM lancé en 2023 en collaboration avec le gouvernement indonésien.
« Au début, il y avait une volonté politique. Mais à la fin, il n’y avait plus assez d’engagement politique pour que le projet continue », a déclaré Jennifer Rosenzweig, directrice du bureau indonésien, lors d’une interview.
Prabowo a déjà dû modérer ses ambitions. Initialement prévu pour un budget de 28 milliards de dollars, le gouvernement n’alloue désormais que 4,4 milliards de dollars au programme de repas gratuits pour éviter que le budget de l’État ne gonfle.
« Je vous offre un déjeuner gratuit, que se passerait-il alors ? Oh, je suis rassasiée. C’est tout. Si je vous donne une bourse pour que vous puissiez aller à l’école gratuitement plus tard, vous pourrez en tirer davantage de bénéfices à long terme », a déclaré Esther Sri Astuti, directrice exécutive du groupe de réflexion Institute for Development of Economics and Finance. « Nous devons nous concentrer sur l’amélioration de l’éducation, pas sur le déjeuner gratuit. »
Téléchargé par Chng Shear Lane
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