Près de trois pour mille sans alcool – est-ce possible ou est-ce que la femme ment ?

Cas mystérieux
Une femme s’enivre encore et encore – sans boire d’alcool. Comment est-ce possible ?

Près de trois pour mille sans boire d’alcool ? C’est exactement ce qui est arrivé à maintes reprises à une femme au Canada. Vos médecins parlent maintenant de ce cas rare et vous expliquent comment cela peut se produire.

Sept fois en deux ans, c’est le nombre de fois où une mère de deux enfants a dû être hospitalisée pour intoxication alcoolique. Un triste cas d’alcoolisme ? On pourrait penser. Mais la femme n’en a pas touché une goutte depuis des années. Est-ce possible ? Les médecins qui ont examiné la femme à plusieurs reprises se sont posé la même question. Dans le Ils ont maintenant présenté leur histoire dans le journal de l’Association médicale canadienne.

Cette Canadienne de 50 ans aimait boire un verre de vin pendant les vacances, mais ces dernières années, elle a complètement arrêté de boire de l’alcool en raison de ses convictions religieuses. C’est du moins ce qu’elle pensait. Depuis deux ans, elle somnolait excessivement. Parfois, elle s’endormait, que ce soit au travail ou en préparant le dîner pour sa famille. Elle tombait, ne parvenait parfois plus à parler clairement et sentait l’alcool. Lorsqu’elle s’est ensuite présentée aux urgences, le diagnostic était celui d’une intoxication alcoolique. Comment cela pourrait-il être? Finalement, à chaque fois, elle a déclaré qu’elle n’avait pas bu d’alcool. Sa famille a également confirmé son abstinence.

Maladie rare
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Une tomodensitométrie (TDM) de sa tête, réalisée par des médecins lors d’un de ses séjours à l’hôpital, n’a montré aucune anomalie. Des psychiatres spécialisés en toxicomanie l’ont examinée à trois reprises. Mais lors d’un questionnaire commun sur sa propre consommation d’alcool, la femme n’a obtenu aucun point. Après cela, l’abus d’alcool serait peu probable – du moins si elle répondait honnêtement à des questions telles que “Vous êtes-vous déjà senti coupable de votre consommation d’alcool ?” avait répondu.

Existe-t-il un diagnostic rare derrière votre taux d’alcool ?

Lors de sa septième visite aux urgences, les médecins ont mesuré un taux d’alcool d’environ 2,8 pour mille, ce qui pour certaines personnes est proche de l’inconscience. Si cette femme ne buvait vraiment pas d’alcool, il ne pourrait y avoir qu’une seule explication à cette valeur. C’est ainsi que le médecin urgentiste a finalement posé le diagnostic suspecté : le syndrome d’EigenBrauer.

Cette maladie rare se traduit par une colonisation incorrecte du tube digestif par certaines levures ou bactéries productrices d’alcool. Si le microbiome est affaibli par un système immunitaire affaibli ou après la prise d’antibiotiques, les microbes peuvent se multiplier de manière excessive et devenir une sorte de brasserie dans l’organisme. En raison de leurs processus de fermentation puissants, ils produisent parfois tellement d’alcool, notamment lors du traitement des glucides, que les personnes concernées commencent à babiller ou à chanceler.

Cause possible : antibiotiques

Le médecin lui a prescrit des médicaments contre une infection fongique et l’a orientée vers un gastro-entérologue, où il lui a également recommandé un régime pauvre en glucides. En fait, ses symptômes ont disparu peu de temps après. Cependant, lorsqu’elle a recommencé à manger plus de glucides après quelques semaines, les anciens symptômes sont réapparus et elle a fait une nouvelle chute. On lui a de nouveau prescrit des médicaments antifongiques, son régime alimentaire a de nouveau été modifié pour adopter un régime pauvre en glucides et les symptômes ont de nouveau disparu. Après quelques semaines, la femme a également reçu des probiotiques spéciaux pour rééquilibrer sa flore intestinale.

Cette fois, le succès continue. Après six mois, on lui a administré une sorte de sirop de glucose comme test pour voir comment son corps y réagissait. Même quelques heures plus tard, son alcoolémie avait à peine augmenté de manière mesurable. Avec le recul, on ne sait pas pourquoi la femme a développé ce syndrome. Cependant, ses médecins soupçonnent que l’utilisation répétée d’antibiotiques pour traiter des infections des voies urinaires aurait pu conduire à une colonisation de l’intestin. Des facteurs génétiques peuvent également jouer un rôle, selon les auteurs du rapport de cas.

Le patient gagne au tribunal

Une revue systématique réalisée en 2020 n’a identifié que 20 patients signalés dans la littérature médicale de langue anglaise depuis 1974. La maladie a été décrite pour la première fois au Japon en 1952 sous le terme Meitei-sho, qui signifie « syndrome d’auto-intoxication alcoolique ».

Le dernier cas rendu public remonte toutefois à peu de temps : un homme de 40 ans originaire de Bruges, en Belgique, a été mis hors circulation à plusieurs reprises en raison d’un taux d’alcool élevé. Après que la police ait constaté qu’il avait à nouveau un taux d’alcoolémie élevé en avril 2022, il a été inculpé. L’homme a riposté. Sa maladie a entraîné une augmentation du taux d’alcool sans qu’il puisse rien y faire. Il y a quelques semaines, le tribunal lui a donné raison.