Par Marie Lemaistre
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« Brancardier en colère ». Devant le parvis de l’hôpital Monod, à Montivilliers (Seine-Maritime)le mécontentement se fait entendre jeudi 4 janvier 2024. Depuis mardi, l’unité centrale de brancardier a entamé une grève. Une heure par jour, la trentaine d’agents concernée débraye de son poste en signe de protestation.
À la suite d’un audit rendu en juin 2023les brancardiers de journée ont dû en effet adopter une nouvelle organisation du travail au 1er janvier 2024. Un nouveau planning s’applique notamment la journée : six quarts au lieu de quatre à effectuer dans la semaine, dont deux de matin, trois de journées et un de soir.
De nouveaux horaires contestés
« C’est aberrant« , critique un brancardier. « On pense à la familles’inquiète un autre, par rapport aux enfantson travaille du matin au soir, on ne les voit plus. »
« Avant on avait toujours un temps de repos suffisant, témoigne un de leur collègue. Avec les nouveaux horaires on peut finir à 21 heures et recommencer le lendemain à 9 heures. » Certains pointent les problèmes de baisse de moral, d’hygiène de vie qui découle de la nouvelle organisation.
À cela s’ajoute, d’après les personnes rencontrées, « des pressions permanentes de l’encadrement ». Actuellement la moitié du service est constitué de CDD. « Il faut charger, on n’arrête pas, lance un brancardier. On est 22 personnes en activité chaque jour. On pourrait monter à 24-25. Cela nous permettait de souffler. »
D’autant que le personnel en poste de jour est appelé « à pallier le manque de personnel chez les brancardiers de nuit », déplore un agent. Ils sont aussi amenés à combler en cas de besoin les équipes en chirurgie pédiatrique.
On est deux au lieu d’être trois, on se retrouve en sous-effectif, quand l’un de nous est en vacances ou en congés, on vient piocher dans les effectifs de nos collègues de l’unité centrale,
De nouvelles charges de travailpèsent également sur eux, comme le transfert inter service des patients, jusque-là effectué par les soignants. Une augmentation de l’activité sans augmentation de l’effectif, critiquent-t-ils.
Adapter l’organisation aux besoins de prise en charge
Contacté le Groupe Hospitalier du Havre indique que : « la direction a souhaité réorganiser le service brancardage en 2023 afin d’adapter l’organisation et les horaires de travail aux besoins de prise en charge des patients de l’établissement. Cette réorganisation permet de renforcer les effectifs de brancardiers disponibles sur les horaires où les besoins sont les plus élevés. »
Toutefois d’après les personnes rencontrées. « Le patient n’y gagne rienbien au contraire, considère un brancardier. Avant il y avait deux équipes le soir. À quatre, on pouvait se partager la charge de travail, maintenant il n’y a plus qu’une équipe et à partir de 18h30, on sait qu’il y a beaucoup d’urgences. Si vous avez 12 ou 14 entrées, à quatre, ça va beaucoup plus vite, maintenant, avec une équipe de deux, le patient va attendre encore plus aux urgences. »
Ils regrettent aussi la perte d’une équipe le week-end, ce qui impacte non seulement les urgences mais aussi les autres services d’après eux.
Un audit contesté
Les conclusions du rapport d’audit rendues à la direction sont elle-même contestées. « La personne n’est même pas venue sur le terrain, elle a rendu son rapport en visio et s’est basée sur des statistiques, tout a été fait à distance », pointe Aurélien Lebrun, du syndicat Sud.
Le préavis de grève a été établi le 28 décembre. « Malgré les réunions, cadre et direction n’ont pas entendu ni le refus des représentants du personnels ni le souhait des brancardiers », regrette Yann Adreit, militant du syndicat Sud.
L’établissement ne l’entend pas ainsi. « Le projet a été travaillé pendant 6 mois avec l’équipe de brancardiersà partir d’une présentation en juin 2023 des chiffres d’activité (demandes de transport émises par les services de soins) issus d’un audit. Cet audit a été restitué à l’équipe de brancardiers à l’occasion d’une réunion en présentiel en juin 2023. Plusieurs réunions de travail ont été organisées ensuite avec l’équipe afin d’ajuster les propositions et les nouveaux horaires de travail. »
Pourtant, les personnes rencontrés laisse apparaître un certain dépit. « Ils nous ont dit que ça allait se passer comme ça sans qu’on ait vraiment notre mot à dire », observe un brancardier.
« On reconduit »
Depuis mardisix contractuels assurent la continuité du service durant les heures où les brancardiers quittent leur poste. « On reconduit tant que la direction n’accepte pas de négocier », assure Yann Adreit.
À partir du 15 janviersi les syndicats et les brancardiers n’ont aucun retour de la direction favorable, le mouvement pourrait prendre une autre forme, prévient Yann Adreit. « On n’exclut pas un appel à la solidarité de l’ensemble du personnel. »
Interrogée, la direction laisse ouverte une porte de sortie : « Comme convenu avec les organisations syndicales de l’établissement lors de la présentation de ce projet aux CSE d’octobre et de décembre 2023, cette réorganisation fera l’objet d’un suivi sur les premiers mois de l’année. Des ajustements pourront être proposés à l’équipe de brancardiers en fonction des résultats de cette évaluation. »
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2024-01-04 20:24:17
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