Des résidents de Téhéran sont partagés ce dimanche entre l’inquiétude d’une escalade et la fierté d’avoir montré leur force face à Israël, suite à l’attaque sans précédent lancée par l’Iran contre son ennemi juré.
Cette attaque, réalisée à l’aide de dizaines de drones et de missiles, a visé deux centres militaires que les autorités iraniennes ont liés à une frappe attribuée à Israël qui a détruit le consulat iranien à Damas le 1er avril, entraînant la mort de sept membres des Gardiens de la Révolution, dont deux généraux de la Force Qods.
À Téhéran, les réactions des habitants étaient mitigées. Alors que certains exprimaient leur fierté et leur satisfaction après l’attaque, d’autres redoutaient une escalade entre l’Iran et Israël.
Milad, un enseignant qui a préféré ne pas divulguer son nom, espère que “le conflit ne s’aggravera pas”, car il est convaincu qu’une “guerre destructrice” en résulterait tant pour Israël que pour l’Iran. Il souligne que le pays n’a pas encore complètement reconstruit les séquelles de la guerre Iran-Irak dans le sud-ouest du pays, rappelant que “la guerre n’est pas un jeu”.
Ces derniers jours, les dirigeants de la République islamique, y compris le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, ont promis à plusieurs reprises de “punir” Israël pour l’attaque contre le consulat iranien à Damas.
Jafari, un employé du système judiciaire qui a également choisi de préserver son anonymat, estime qu’il est “normal” de s’inquiéter dans le contexte actuel, surtout du point de vue économique, craignant notamment une nouvelle dépréciation du rial iranien.
Malgré tout, des centaines d’habitants de Téhéran se sont rassemblés place Palestine, au centre de la capitale, pour célébrer les attaques iraniennes en scandant des slogans anti-Israël et anti-Amérique, reprenant ainsi les rituels traditionnels depuis la révolution islamique de 1979.
Les manifestants arboraient des drapeaux iraniens et du Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran, ainsi que le portrait du général Qassem Soleimani, figure emblématique des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 lors d’une frappe américaine en Irak.
Plusieurs responsables militaires iraniens ont été tués en Syrie depuis le début de la guerre à Gaza lors d’attaques attribuées à Israël.
L’attaque contre le consulat iranien a notamment coûté la vie au général Mohammad Reza Zahedi et à Mohammad Hadi Haji Rahimi, deux commandants de la Force Qods.
Pour Ali Erfanian, un fonctionnaire à la retraite de 65 ans, cette action des Gardiens a suscité une grande satisfaction : “Nous avons ainsi soutenu la population opprimée de Gaza et de Cisjordanie occupée”.
Cette attaque iranienne marque la première offensive directe de la République islamique contre le territoire d’Israël après des années de guerre de l’ombre entre les deux pays.
Mahdi, un apiculteur de 35 ans, confie : “Il y avait de la tristesse et de la colère dans nos cœurs, et nous attendions toujours cette vengeance et que les Israéliens soient punis pour leur brutalité”.
La télévision d’État a diffusé une vidéo montrant le chef des Gardiens, Hossein Salami, donnant l’ordre à ses forces de lancer l’opération contre Israël en mémoire des “généraux martyrs”, notamment Qassem Soleimani et Mohammad Reza Zahedi.