La COP29 a été confrontée à des difficultés géopolitiques apparemment insurmontables. Donald Trump vient de remporter les élections américaines avec la perspective la plus probable de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris. L’Argentine a retiré sa délégation au milieu de la conférence. Un désordre diplomatique a conduit la France à immobiliser ses ministres pour la deuxième semaine de combat politique.
Pourtant, près de 200 pays ont réussi à parvenir à un accord à Bakou. Le mécontentement à l’égard du processus d’adoption de la décision a été marqué, mais les ministres ont montré qu’ils considéraient toujours le multilatéralisme comme le seul moyen de résoudre la crise existentielle mondiale. Ceux qui abandonnent leur place à la table des négociations abandonnent le pouvoir de façonner leur propre avenir.
A peine là
Les ministres se sont mis d’accord sur le strict minimum dans le nouvel objectif mondial de financement climatique au cœur des négociations de cette année. Une légère augmentation du soutien aux pays en développement, de 100 milliards de dollars par an à au moins 300 milliards de dollars par an au cours des dix prochaines années, a mis à rude épreuve les nerfs de chaque pays. Une « feuille de route Bakou-Belem » sur les moyens de mobiliser au moins 1 300 milliards de dollars pourrait donner une certaine confiance dans la capacité à répondre à l’ampleur des besoins financiers.
Mais les luttes pour savoir qui devrait ou non contribuer au nouvel objectif financier ont éclipsé la science qui nous pousse à agir maintenant si nous voulons éviter les pires catastrophes climatiques. Les pays développés qui ont retenu leur position ont étouffé toute chance d’unité entre les pays désireux de maintenir les petites îles à flot. Les opposants à une transition accélérée vers les énergies fossiles sont tombés dans le vide. Le nouvel engagement du Mexique à zéro émission nette et l’objectif de réduction des émissions de 81 % du Royaume-Uni pour 2030 (par rapport aux niveaux de 1990) ne sont pas tout à fait comparables à l’absence de progrès à l’échelle mondiale sur la manière de mettre en œuvre les décisions de l’année dernière visant à abandonner les combustibles fossiles et à mettre fin à la déforestation.
Mandats et processus mal gérés
La présidence azerbaïdjanaise a commis une erreur dans le processus, laissant certaines parties exclues des consultations et permettre à l’Arabie Saoudite d’éditer directement les textes d’annuler tout progrès dans la transition vers l’abandon des combustibles fossiles. Mais les ministres du Climat disposaient d’un mandat trop restreint pour modifier fondamentalement leur offre ici à Bakou.
La sécurité mondiale et les opportunités économiques dépendent de la capacité de tous les pays à participer à la transition économique verte. Le financement international du climat est un investissement dans la sécurité nationale. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les ministres du Climat fassent le travail à leur place. Les ministres des Finances et les dirigeants doivent donner la priorité à l’action climatique et élargir ces mandats.
Le chemin à partir d’ici
Les 12 prochains mois jusqu’à la COP30 – où nous célébrons et réfléchissons aux 10 ans de l’Accord de Paris – seront le test ultime pour savoir si le monde est sérieux dans sa volonté d’éviter les pires impacts climatiques. Les nouveaux plans nationaux des pays sont attendus avant la COP30 et doivent considérablement améliorer le réchauffement climatique de 2,5 degrés que nous visons actuellement. Cela signifie mettre en place des politiques visant à abandonner les combustibles fossiles et mettre en œuvre des transformations du système financier susceptibles de permettre l’afflux de milliards de dollars.
Le financement est débloqué au-delà des limites des conventions des Nations Unies sur le climat, même s’il n’est pas encore à l’échelle et au rythme nécessaires. Les pays en développement ont pris la tête de l’accélération des réformes du système financier avec l’Initiative de Bridgetown et des examens d’experts sur les solutions à l’endettement et les prélèvements de solidarité. Alors que l’essentiel de l’objectif de mobilisation de 1 300 milliards de dollars dépend des investissements du secteur privé, il est temps pour les ministres de se tourner vers la réforme des règles financières qui les empêchent d’investir dans les pays du Sud.
Où allons-nous à partir d’ici ? Un nouveau niveau de collaboration entre l’Europe et la Chine pourrait devenir la nouvelle force de l’action climatique mondiale si les deux pays parviennent à surmonter les principales tensions liées au commerce et à la sécurité. Les deux blocs géopolitiques partagent un intérêt mutuel : réduire leur dépendance aux combustibles fossiles importés, construire des marchés verts mondiaux et nouer des partenariats pour le développement.
Cette alliance ne peut vraiment fonctionner pour tous que si l’Europe et la Chine construisent un front commun avec les autres économies émergentes du G20, notamment le Brésil, l’Afrique du Sud, la Turquie, l’Inde et l’Indonésie, ainsi qu’avec les pays les plus vulnérables qui ont fait entendre leur voix dans les dernières heures de la COP. Ensemble, cette alliance peut naviguer dans le monde à travers un voyage plus sûr contre les forces les plus perturbatrices qui veulent protéger le statut de l’économie fossile.
Photo à la COP29 Azerbaïdjan
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