Prisons privées. Ilaria Dioguardi interviewe Caterina Pozzi (Cnca). – Forum sur la santé mentale

2024-09-03 09:00:00

Le Garde des Sceaux, avec les déclarations de ces derniers jours et avec le décret devenu loi le 7 août, a démontré la nécessité d’impliquer le monde des communautés pour réduire la surpopulation des institutions pénitentiaires, en ce qui concerne les détenus qui doivent servir de maison sont arrêtés mais n’ont pas de domicile propre et ceux qui sont toxicomanes. Caterina Pozzi (Cnca) : « Notre plus grande crainte est qu’ils veuillent créer de petits pénitenciers privés. Si c’est le cas, nous nous y opposerons. »

Dans ses récentes déclarations, le ministre Carlo Nordio a affirmé œuvrer pour que les détenus sans domicile, qui ont droit à l’assignation à résidence, puissent purger leur peine dans la communauté, pour donner de l’oxygène à des prisons de plus en plus surpeuplées. Ce sont en grande partie des étrangers.

Parmi les innovations introduites dans le projet de loi approuvé le 7 août dernier, la plus grande possibilité pour les détenus toxicomanes de purger leur peine dans la communauté, avec la création d’un registre des établissements d’hébergement adaptés à l’accueil et à la réinsertion sociale, qui sera géré par le Ministère de la Justice. Les communautés sont-elles prêtes à accueillir des milliers de prisonniers ? Nous avons interrogé Caterina Pozzi, présidente de la Cnca, Coordination nationale des communautés d’accueil, qui compte 240 organisations associées qui s’occupent de 45 000 personnes chaque année.

Pozzi, que pensez-vous des dernières déclarations de Nordio, dans lesquelles il déclare qu’il œuvre pour que les détenus qui ont droit à l’assignation à résidence, mais qui n’ont pas de domicile propre, puissent être hébergés dans des établissements ?

Le ministre a déclaré que des travaux étaient en cours pour garantir que d’autres types de solutions soient trouvés pour ceux qui ont la possibilité d’être assignés à résidence avec une peine de moins d’un an, mais qui ne disposent pas de leur propre domicile. Ce serait une bonne étape, une chose très importante, j’espère que cela arrivera rapidement. Nous sommes disponibles pour le raisonner, mais ce que nous avons aujourd’hui ne suffit pas. Le décret parle de la nécessité de libérer de prison les personnes toxicomanes et sans abri. Et des structures alternatives sont émises. Mais en général, sans le préciser. Nous ne parlons pas de délais de mise en œuvre, nous parlons d’expérimentation. Mais ce n’est pas facile de mettre en place des expérimentations.

Votre réseau communautaire accueille-t-il déjà de nombreux détenus toxicomanes ?

En 2023, dans le réseau de nos communautés, nous avons accueilli 400 toxicomanes issus des prisons. Notre réseau héberge déjà des personnes issues des établissements pénitentiaires et en mesures alternatives. Il existe déjà un système de services qui doit être mis en œuvre. Il ne faut pas créer de structures parallèles à celles qui existent déjà. Il ne faut pas demander au Tiers Secteur de créer des micro-prisons privées, il n’est pas fait pour cela mais pour accueillir, accompagner, insérer et émanciper les personnes. Certains problèmes doivent être résolus.

Racontez-nous en…

« Fin juillet, nous, au Cnca, avons rédigé un document dans lequel nous analysions le décret dit de « vidage des prisons », qui n’avait pas encore été voté au Parlement. Nous avons souligné certaines attentions et questions critiques, avec la volonté de faire notre part. Dans certaines régions, il n’y a pas assez d’argent pour placer les gens dans les communautés. Ou bien il y a le « goulot d’étranglement » du pouvoir judiciaire de contrôle, qui prend plus de temps. Il y a des gens qui terminent leur peine en prison alors qu’ils ont obtenu l’autorisation d’entrer dans la communauté, précisément parce que le permis final n’arrive pas à temps.

Quels sont vos principaux doutes concernant le décret ?

D’une part, nous nous demandons combien d’argent va à qui et par qui est-il géré ? D’un autre côté, nous devons surmonter le problème de la longue bureaucratie : si nous ne surmontons pas cela, nous constatons qu’il y a plus de places en dehors de la prison, mais il n’y a pas de rapidité dans les procédures pour que les mesures alternatives à la prison puissent réellement avoir un impact. efficacité à court terme. Une autre question est : quand le décret parle de communauté, qu’imagine-t-on ?

Dites-nous en plus…

Quand on parle de « construction d’un registre régional », à quoi fait-on référence ? Il existe déjà une liste d’établissements agréés au niveau régional pour accueillir les toxicomanes ainsi que les toxicomanes sortant de prison. C’est une liste avec des règles précises et 30 ans d’histoire, de qualité et de professionnalisme. Quand on fait référence à ce registre, de quoi parle-t-on ? Quelles structures imaginez-vous ? Des communautés parallèles à celles déjà existantes ? Avec quels paramètres, avec quelles exigences ? Je vous dis quelle est notre plus grande peur.

Quelle est votre plus grande peur ?

Notre plus grande crainte est qu’ils veuillent créer des micro-prisons privées, ce qui devrait se faire un peu comme les CPR, les centres de détention pour les rapatriements, en les déléguant à un particulier. Plus ou moins compétent ? Plus ou moins connu ? Une chose est fondamentale pour nous.

Lequel?

Pour nous, il est essentiel que l’accueil des personnes qui sortent de prison dans les communautés commence avant tout par le volontariat des personnes qui souhaitent aller dans la communauté. Autre chose fondamentale, nos communautés sont ouvertes. Nous accueillons déjà des personnes sorties de prison, en famille d’accueil, mais ce sont en fait des communautés ouvertes. S’ils doivent devenir de petites prisons, cela ne nous convient pas du tout. C’est très dangereux. En arrière-plan, on a l’image des CPR, de structures dans lesquelles il n’y a pas de figures éducatives, mais plutôt des figures de contrôle. Nous avons écrit au ministre Nordio, nous écrirons encore.

Pourquoi vous faites-vous entendre ?

Nous nous faisons entendre parce que nous voulons certes apporter notre contribution, mais nous voulons dire qu’il n’y a pas que les communautés qui existent.

Que peut-on faire ?

Des projets de logement peuvent être créés, tout le réseau territorial peut être activé : des coopératives sociales de placement en collaboration avec les autorités locales. Mettons une table où l’on se dit qu’il y a des communautés, quelles exigences elles doivent avoir, qu’il y a aussi d’autres possibilités pour les personnes qui n’ont pas de logement, qui ne peuvent pas être assignées à résidence et qui ont aussi besoin de parcours d’accompagnement. Il y a un autre point concernant ce décret, que je voudrais souligner.

Lequel?

Dans le décret, les personnalités éducatives, psychologiques et de soutien au sein des prisons ne sont pas mentionnées. S’il a été dit (et c’est une bonne chose) que le nombre de policiers pénitentiaires serait augmenté, aucune mention n’a été faite de ces autres figures, qui sont fondamentales pour que les gens se sentent mieux et pour construire et renforcer les relations entre les à l’intérieur et à l’extérieur, donc pour faciliter les voies de sortie. Nous avons également une autre crainte.

Quelle est l’autre peur ?

Nous parlons de très petits nombres. Si nous voulons vider les prisons et donc les rendre plus vivable, nous devons cesser de résoudre les problèmes sociaux avec des instruments pénaux : il y aura toujours plus de personnes qui entreront que de personnes qui pourront en sortir. Si l’on veut vraiment aborder la question de la surpopulation, il faut justement restaurer les tables territoriales, avec toutes les entités impliquées dans la question carcérale : le tiers secteur, l’autorité locale, l’autorité locale de santé, la justice de contrôle, l’institution pénale. Et là on réfléchit aux ressources économiques disponibles, aux priorités, aux expérimentations. Ces garnisons territoriales existaient et se sont effilochées.

Qu’en est-il des ressources économiques ?

Cinq millions d’euros de plus par an sont prévus pour les communautés de guérison pour toxicomanes et sept millions d’euros de plus par an pour ces nouvelles expérimentations. Mais on parle de centaines de personnes, dans les deux cas. Il y en a très peu. Et puis qui les gère ? Les cinq millions vont-ils au SerD (Services Addictions, ndlr) ou est-ce que c’est le ministère de la Justice qui les gère ? Je voudrais dire que nous devons également faire un travail de diffusion des bonnes pratiques.

Comment?

Dans certaines communautés de notre réseau, 90 à 100 % des toxicomanes sont issus de prisons. Diffusons la culture, évitons de repartir de zéro en créant des structures qui, à notre avis, ne fonctionnent pas et ne servent à rien. Je le répète, on ne peut pas demander aux communautés de devenir des prisons. Les communautés sont un type de service qui présente certaines caractéristiques qui doivent être préservées. Le risque est aussi de ne pas trouver le personnel, qui fait déjà défaut. Dans une grande crise de recrutement de personnel qui existe déjà aujourd’hui dans notre secteur, si l’on demande à un éducateur d’être “gardien”, il est encore plus démotivé. Vous risquez de baisser la qualité si vous êtes obligé d’embaucher des personnes sans qualification. Nous pensons toujours qu’il s’agit de personnes fragiles, qui ont besoin de personnel qualifié.

Au Cnca, vous avez récemment changé de nom. Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, de Coordination Nationale des Communautés d’Accueil la CNCA est récemment devenue Coordination Nationale des Communautés d’Accueil. Nous y réfléchissions depuis plusieurs années, nous souhaitions mettre toujours plus en avant une urgence et une référence de valeur. Notre travail, ce sont les communautés, les territoires, surtout les citoyens les plus fragiles et les citoyens, qui vivent dans les territoires, surtout les plus fragiles. Dans une logique où nous avons construit un système de protection sociale, plus ou moins structuré, avec des services de qualité, il faut revenir à un regard à l’intérieur des territoires. Nous souhaitons donc souligner combien il est nécessaire de construire des communautés et des territoires accueillants. Les communautés d’accueil d’où nous sommes partis ne nous suffisent plus, mais nous voulons revenir à la construction, à la couture et à la connexion de relations significatives qui permettent à chacun, en particulier aux personnes les plus fragiles, de mieux vivre au sein des territoires dans lesquels nous vivons.

de Vie 24 août 2024



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