Nouvelles Du Monde

Privé de logement, malgré son salaire, il est obligé de vivre dans sa voiture

Privé de logement, malgré son salaire, il est obligé de vivre dans sa voiture
Privé de logement, il est obligé de vivre dans sa voiture à Chartres (Eure-et-Loir) (©MR / Actu Chartres)

Vivre dans sa voiture. C’est le triste quotidien de Thomas [prénom modifié] depuis plus d’un mois. En réalité, il n’est pas seul dans cette galère, puisque son amie Lara [prénom modifié] l’accompagne dans cette minuscule maison à quatre roues.

Si Lara n’a pas souhaité dévoiler son histoire, Thomas lui, a décidé de le faire, car il ne supporte plus cette existence.

Pas de justificatif = pas de logement

Thomas a 25 ans et vient de Poitiers (Vienne). Il y a plus d’un mois, il remonte vers Chartres (Eure-et-Loir) avec Lara, qui souhaite se rapprocher de sa famille. Il a travaillé dans la restauration, dans le domaine de la cuisine ou encore dans la réparation de carrosserie, et il officie désormais en intérim dans le transport logistique sur Chartres, la nuit.

Il y a une possibilité d’embauche définitive à la clé, avec l’espoir de changer de situation par la suite.

Malgré le versement du RSA ainsi que son salaire d’intérimaire, Thomas est obligé de vivre dans sa voitureen raison de l’impossibilité pour lui de décrocher un logement.

En effet, que cela soit auprès de particuliers ou d’associations, les dossiers d’obtention de logement imposent des demandes que Thomas juge « impossibles à remplir », telles qu’un justificatif de domicile, un bulletin de salaires des trois derniers mois ou un garant financier.

Les parents du jeune homme se portent déjà garants pour la voiture et son assurance, et ne peuvent se permettre de s’engager dans de nouvelles démarches. Ils effectuent d’ailleurs leurs recherches de leur côté afin de trouver un point de chute pour leur fils, et ont demandé de l’aide, notamment sur Facebook.

Lire aussi  Actualités, Lierre | Je suis allé faire feu dans le garage
Vidéos : en ce moment sur Actu

Et pour ce qui est du justificatif de domicile, il est compliqué d’en obtenir un quand son domicile actuel est itinérant et possède un moteur à combustion…

Thomas doit bien visiter un nouveau logement ce samedi 16 juillet 2022 mais, là aussi, il se pourrait bien que ces demandes bloquent le dossier. Le jeune homme regrette alors, vu la situation, que les obligations ne soient pas assouplies, que la mairie ne fasse pas abstraction de certains papiers, surtout sur les bulletins de salaire, qu’il ne peut fournir que sur les deux derniers mois au lieu des trois imposés.

Toutes ces obligations empilées, font qu’aujourd’hui, il n’a pas logement, alors qu’il pourrait le payer.

La vie en dehors de la voiture

Alors, Thomas et Lara vivent dans la voiture du premier, en attendant. Avant cela, ils vivaient à l’hôtelmais l’intégralité de l’argent qui rentrait dans les caisses partait dans le règlement de la chambre, ce qui les a finalement poussés à prendre la décision de vivre dans cette automobile.

Thomas a lui déjà passé deux semaines à la rue l’année dernière « quand on veut dormir, il n’y a pas le choix ! ».

Ses revenus actuels lui permettent de faire quelques courses, de payer l’essence de la voiture et de mettre un peu de côté pour anticiper un futur logement, mais la responsabilité alimentaire est surtout portée par les Restos du cœur et la maraudeelle qui passe deux fois par semaine apporter à manger.

Niveau repas, Thomas essaye d’en faire minimum un par jour, très souvent après 22 heures afin de ne pas avoir de baisse de régime au travail la nuit suivante.

Lire aussi  Finalement, un pont connectera le Maroc à l'Espagne plutôt qu'un tunnel.

Une par jour, c’est aussi l’objectif pour les douchesmais là aussi, c’est compliqué. Il fraude les hôtels quand c’est possible pour y avoir accès, et ça ne l’a jamais pénalisé, mais il est difficilement pensable de le faire tous les jours. Les micro-ondes aussi, il essaye d’en trouver le plus possible, toujours dans des hôtels, afin de ne pas manger froid en permanence.

La vie dans la voiture

Une fois dans la voiture, il rabat les sièges pour la nuit, histoire d’avoir un « lit » le plus plat possible, malgré la quantité d’affaires stockées dans le coffre et sur la banquette arrière.

« Pas très confortable » pour Thomas, trop grand pour la petite citadine. Une voiture qui lui permet alors de recharger son portable, la climatisationelle, régule la température de l’habitacle juste avant la nuit, afin de combattre les fortes chaleurs qui ont touché et touchent encore Chartres.

La banquette arrière de la voiture de Thomas
La banquette arrière de la voiture de Thomas (©MR / Actu Chartres)

Cette microscopique maison va d’ailleurs occasionner de nombreux frais, puisque le parebrise et la roue de secours sont à changer, et la carrosserie avant est elle aussi à réparer.

Thomas, qui prévoit de rencontrer une assistante socialebouge tous les jours dans le but de ne pas se faire repérer, il est très rare qu’il reste trois nuits consécutives au même endroit.

Le but est « de se cacher et de se faire discret« . La voiture est parfois garée la nuit sur le parking de son travail, suffisamment sécurisé avec des caméras. Le reste du temps, il cherche des endroits isolés où il ne gênera pas la circulation, et essaye de se placer en fonction du lever du soleil. La journée, c’est ombre, ombre et encore ombre, le plus possible.

Lire aussi  Septembre : Exercice physique et cancer du sein | Actualités et fonctionnalités

Il assure qu’il ferait « moins attention » s’il vivait seul, mais la présence de Lara, qui s’est munie d’une bombe lacrymogène, l’oblige à être plus prudent. La peur d’être braqué et des enlèvements est « quotidienne », mais si lui pense pouvoir se défendre, il craint davantage pour son amie, surtout quand il est au travail et qu’elle reste seule dans la voiture.

Trop peu d’aides

En ce qui concerne les aides, le Fonds d’Action Sociale du Travail Temporaire (FASTT), association contactée par la boîte d’intérim, lui permet d’utiliser 300 € par an, qui ont été utilisés pour passer quelque temps à l’hôtel, et puis, plus rien.

La police, qu’il est allé rencontrer pour savoir ce qui était possible ou non en termes de vie dans la voiture, lui a bien conseillé d’appeler le numéro 115, numéro d’Urgence Sociale qui permet d’obtenir un hébergement pour la nuit, mais cela a été vain. Pendant deux semaines, il a appelé à 14 heures -horaire indiqué par la police-, pour recevoir toujours la même réponse : « il n’y a pas de place de disponible, rappelez demain ». Aujourd’hui, il n’appelle plus, complètement désabusé.

Selon lui, l’organisme qui lui vient le plus en aide, ce sont les Restos du cœur.

Il souhaite d’ailleurs apporter un sourire à ces Restos ou ces maraudes, montrer que leur aide est appréciée et pas vaine.

Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Actu Chartres dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT