En Russie, la répression continue. Aujourd’hui a débuté le procès de Ksenia Fadeïeva, une alliée de l’opposant russe Alexeï Navalny, à Tomsk en Sibérie. Elle est accusée d’avoir créé une organisation extrémiste et d’avoir participé à une organisation qui porte atteinte aux droits des citoyens. Larissa Markina, porte-parole du tribunal Sovetski de la ville, a déclaré à l’AFP par téléphone que cette ancienne députée municipale de 31 ans, qui a dirigé l’équipe de l’opposant Vladimir Poutine à Tomsk, serait jugée.
C’est dans cette ville que Navalny a été empoisonné en 2020 lors d’une visite de soutien à ses collaborateurs locaux avant les élections. Il est tombé gravement malade, puis a été transféré en Allemagne pour y recevoir des soins, avant d’être arrêté et condamné à la prison lors de son retour en Russie. Ksenia Fadeïeva avait été élue la même année au conseil municipal de Tomsk avec d’autres militants indépendants en Sibérie, ce qui représentait un rare succès pour l’opposition russe à l’époque.
Un an plus tard, les équipes de campagne de l’opposant à Poutine ont été déclarées “extrémistes” par les autorités, exposant ainsi ses sympathisants et collaborateurs à des poursuites pénales. De nombreux membres ont quitté la Russie, mais Fadeïeva a refusé de s’exiler et a été arrêtée en décembre 2021 pour avoir organisé un groupe “extrémiste”. Son procès intervient après la condamnation d’Alexeï Navalny pour “extrémisme”, qu’il qualifie de tentative du Kremlin de priver les Russes de toute volonté de résister à l’offensive militaire en Ukraine, qui dure depuis 18 mois.
En juin, Lilia Tchanycheva, experte comptable âgée de 41 ans et responsable du quartier général de Navalny à Oufa, dans le centre de la Russie, a été condamnée à sept ans et demi de prison pour “extrémisme”. Elle avait quitté son emploi pour rejoindre en 2017 le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) de Navalny, qui participe activement au mouvement de protestation contre la corruption dans sa région. Elle est la première collaboratrice de Navalny à être jugée pour la création d’une “organisation extrémiste”.
Selon l’ONG spécialisée OVD-Info, près de 20 000 Russes ont été arrêtés depuis le début du conflit en Ukraine pour avoir protesté contre la politique du Kremlin. Plus de 670 affaires pénales ont été lancées contre les dissidents, selon l’organisation.
Comme Vladimir Kara-Mourza et Ilia Iachine, la quasi-totalité des opposants d’envergure sont derrière les barreaux ou exilés à l’étranger.
