Programmation de courts-métrages cinématographiques sur France 2

FRANCE 2 – LUNDI 18 DÉCEMBRE À 00 H 40 – COURTS-MÉTRAGES

Si vous allumez votre télévision, dimanche 17 décembre, sur France 2, aux alentours de minuit quarante, vous vous demanderez sans doute si vous n’avez pas changé d’époque ou remonté le temps. D’ailleurs, quand démarre le show acidulé du cinéaste Bertrand Mandico, intitulé « L’émission a déjà commencé », apparaît furtivement sur l’écran le mot « Antenne 2 », du nom de l’ancienne appellation de la chaîne publique (1975-1992).

Mandico fait une courte apparition sur le plateau, le visage caché sous une tête de rat en peluche, puis s’éclipse. On ne le verra plus, ensuite, que sous la forme d’une marionnette aux grands yeux ourlés de cils, demandant de temps à autre d’une voix guimauve : « On me dit que l’émission a déjà commencé ? »

« Immense culture télévisuelle »

Autour de lui, une troupe d’actrices, Elina Löwensohn, Nathalie Richard, Sandra Parfait, mais aussi Christophe Bier, en robe et fume-cigares, se remémorent un tournage, celui de Conanen salle depuis le 29 novembre, revisitant au féminin Conan les barbares (1932), né sous la plume de l’américain Robert E. Howard (1906-1936).

La petite bande joue à se tuer encore, et bientôt le spectateur découvre les deux moyens-métrages satellites de Conan, d’abord Rainer : un chien vicieux à Skull Valleypuis Nous les Barbares.

Cette émission « pirate » proposée par le réalisateur, né en 1971, a séduit le responsable du pôle court-métrage de France Télévisions, Christophe Taudière. « C’est une carte blanche à Bertrand Mandico, que nous accompagnons depuis les “courts” Boro dans la boîte (2011), Notre-Dame des Hormones (2015), Ultra Pulpe (2018), explique-t-il. Bertrand a une immense culture télévisuelle, qu’il s’est forgée durant son enfance, une époque où l’audimat n’existait pas, où l’on pouvait voir des propositions novatrices, des essais culturels. »

Les deux films au programme revisitent les obsessions de Conan, avec ses personnages animés par la vengeance, toujours plus cruels, avides de pouvoir et d’argent, prêts à tout pour faire de l’or en barre et en barbares. Si grotesque et si vrai. Mandico, grand artificier du cinéma, qui fabrique ses effets spéciaux pendant le tournage, nous renvoie, au-delà de ses pluies de paillettes et de ses fausses mares de sang, un miroir à peine déformant de la réalité.

A cet égard, les deux petits flacons que sont Pluie… et Nous les Barbares agissent comme un extrait de Conanen exhalant toute la noirceur, l’humour et le romantisme. Dans Pluie…un photographe de guerre et de mode, incarné par un démon à tête de chien (Elina Löwensohn, portant un masque façon Planète des singes), signe un pacte diabolique avec une metteuse en scène (Christophe Bier), qui cherche à adapter Conan au théâtre, avec « uniquement des femmes ». Ça sent la corruption, la fin de l’art, comme en écho à l’une des scènes cultes de Conanlors d’un dîner anthropophage réunissant des artistes arrivistes.

Nous les Barbares, en quatre plans-séquences prodigieux, descend dans l’enfer de quatre actrices déchues. Une jeune égérie accrochée à son smartphone, une voix qui nous transperce le cœur… Une grande dame se lovant dans ses anciens costumes, etc. Ce film pourra aussi faire l’objet de projections avec un casque de réalité virtuelle, le spectateur entrant dans l’univers de chaque comédienne. Un film de Mandico en cache toujours un autre.