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Protéger nos démocraties libérales

by Nouvelles

Voici une traduction et adaptation de l’article, respectant les consignes fournies :

L’Érosion de la Démocratie : Influence extérieure et Manipulation de l’Opinion Publique

Un nouvel acteur, bruyant et peu respectueux des usages diplomatiques, fait activement la promotion de mouvements populistes et radicaux de droite.L’intervention du vice-président américain J. D. Vance à la Conférence de Munich sur la sécurité en février 2025 illustre cette tendance. Vance y a exprimé ses inquiétudes concernant les démocraties européennes, pointant du doigt ce qu’il perçoit comme des restrictions préoccupantes à la liberté d’expression.Ces déclarations coïncident avec les appels d’Elon Musk sur sa plateforme X à voter pour l’AfD en Allemagne, ainsi qu’avec sa rencontre avec Alice Weidel, figure de proue de ce parti. Le fait que le président Trump, dans son propre pays, s’efforce de saper l’indépendance de la justice et la liberté d’expression, tout en intimidant ses opposants, ne semble pas les déranger.

La Russie et son Emprise : Roumanie et Géorgie dans le Viseur

L’ingérence dans l’élection présidentielle roumaine s’inscrit dans une stratégie concertée avec la Russie. L’influence russe sur l’opinion publique a été si massive que Călin Georgescu, un candidat d’extrême droite pro-russe jusqu’alors inconnu, a remporté la majorité relative lors de l’élection présidentielle de 2024. La Cour constitutionnelle roumaine a ordonné une nouvelle élection. Des milliers de comptes TikTok inactifs ont soudainement diffusé de la publicité pour Georgescu. Un seul compte TikTok avait versé plus de 300 000 € à des influenceurs. Georgescu avait fourni de fausses informations à ce sujet, ce qui a conduit le procureur général à ouvrir une enquête. Les liens de Georgescu avec Horațiu Potra, une figure controversée soupçonnée de collecter des fonds et des armes pour des milices de mercenaires, sont également examinés.Georgescu, qui cite des figures fascistes des années 1930 comme modèles, a contesté la décision de la Cour constitutionnelle roumaine devant la Cour européenne des droits de l’homme, mais sa requête a été rejetée. Une nouvelle élection est prévue pour le 4 mai 2025, mais il n’est même plus autorisé à se présenter.Les dirigeants roumains en place ne sont pas non plus des modèles de probité politique, ce qui ajoute une dimension particulière à cette affaire. Il est intéressant de comparer cette situation avec celle de la Géorgie, où la Russie a mis en œuvre une stratégie similaire. En Géorgie, le parti pro-russe « Rêve géorgien », dirigé par le premier ministre Irakli Kobakhidze et l’oligarque pro-russe Bidzina Ivanichvili, a remporté les élections législatives de 2024 grâce à des manipulations électorales flagrantes. La présidente géorgienne de l’époque, Salomé Zourabichvili, a tenté de s’opposer à cette situation, mais elle a été destituée lors de l’élection présidentielle de décembre 2024, après que les partis d’opposition ont boycotté le scrutin. Elle était de toute façon impuissante face à la majorité obtenue par le « Rêve géorgien » grâce à la manipulation électorale soutenue par la Russie. Depuis, un gouvernement géorgien lié au milieu criminel et massivement soutenu par la Russie, qui rappelle à bien des égards le candidat roumain Georgescu, a les mains libres pour mener une politique fermement anti-occidentale et antidémocratique, qui ressemble de plus en plus à l’autocratisation progressive de la Russie. Tout indique que la Géorgie s’engage sur la même voie dictatoriale que la Russie de Poutine.

La comparaison entre la Roumanie et la Géorgie révèle que la Géorgie est, pour l’instant, perdue pour la démocratie libérale et l’État de droit. La Roumanie, en revanche, ne l’est pas encore.La procédure en Roumanie n’était pas non plus conforme à ce que l’on attend d’un État de droit libéral. Cela soulève la question de savoir comment nous pouvons nous défendre contre les attaques contre la démocratie sans sortir du cadre de l’État de droit démocratique.

Cette question devient de plus en plus urgente, car la Chine et surtout la Russie de Poutine poursuivent de plus en plus agressivement la stratégie qu’elles ont menée avec succès en Géorgie et, pour l’instant, sans succès en Roumanie : déstabiliser les démocraties libérales afin de poursuivre leurs objectifs néo-impériaux. Cela pourrait également s’appliquer à l’avenir aux États-Unis, car Vance et Musk ont également tenté de discréditer massivement et bruyamment la stratégie de défense roumaine en faveur du candidat d’extrême droite Georgescu, alors qu’ils ne semblaient pas s’opposer à l’action russe en Roumanie ou en Géorgie, mais bien à la décision de la Cour constitutionnelle roumaine. En tout état de cause,l’exemple roumain et l’exemple géorgien nous montrent comment les ennemis extérieurs de la démocratie peuvent exercer une influence massive sur les résultats des élections dans les démocraties libérales et constitutionnelles à l’aide des médias sociaux,ce qui entraîne une déstabilisation croissante.

Formation de l’Opinion : Hier et Aujourd’hui

Il est essentiel de repenser les processus de formation de l’opinion publique dans nos démocraties libérales à l’ère des médias sociaux. Une constatation s’impose : la formation de l’opinion publique, avec ou sans médias sociaux, n’a malheureusement pas grand-chose à voir avec la rationalité.L’individu n’a qu’un impact minime sur le résultat d’une élection. Cette réalité, combinée à des effets de groupe épidémiques basés sur des mythes, des erreurs de raisonnement et des théories du complot, peut créer un environnement où des personnes éduquées et intelligentes croient fermement aux choses les plus absurdes.

Cela ne serait pas grave si cela n’avait pas de conséquences sur les élections. Même cela serait peut-être gérable si ces choix électoraux restaient dans le cadre de notre État de droit démocratique, comme ce fut le cas pendant des décennies. Mais aujourd’hui, les limites de ce cadre sont de plus en plus mises à l’épreuve, avec le soutien des autocrates de Moscou, de Pékin et de Washington. Il fut un temps où ces phénomènes étaient marginaux, même si l’opinion publique reposait sur des comportements irrationnels. Pour la plupart des pays occidentaux, c’était la période entre la Seconde Guerre mondiale et l’avènement des médias sociaux. En raison d’un environnement médiatique très différent, les effets des comportements irrationnels liés aux processus de formation de l’opinion publique restaient dans un cadre qui avait même un effet intégrateur.

On pouvait croire à des théories du complot, et beaucoup le faisaient. Mais les sources d’facts – radio, télévision, presse écrite, partis politiques, hommes politiques ou lobbyistes – étaient presque toutes institutionnellement intégrées dans le consensus fondamental de la démocratie libérale et de l’État de droit. Toutes les informations passaient donc par ce filtre avant d’atteindre les citoyens, avec pour résultat qu’elles transportaient toujours une information importante : ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas au sens du consensus démocratique et de l’État de droit.

Techniquement, les processus d’information créaient ainsi des effets de groupe avec des équilibres dynamiquement stables au sein du consensus fondamental de la démocratie libérale. Cela pouvait fonctionner même si…Face à la complexité croissante du monde et à la prolifération des sources d’information, il est crucial d’analyser l’impact de ces changements sur notre société et notre démocratie.

Autrefois, l’accès à l’information était filtré par des institutions médiatiques établies, garantes d’un certain niveau de qualité et d’objectivité. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont bouleversé ce paysage, offrant à chacun la possibilité de s’exprimer et de s’informer sans intermédiaires.Cette évolution a des conséquences importantes sur la formation de l’opinion publique. Si elle peut favoriser la diversité des points de vue, elle peut aussi conduire à une fragmentation de la société et à une perte de repères.

Il est indéniable qu’une partie de la population a du mal à distinguer les sources fiables des fausses informations, et que beaucoup adhèrent à des théories du complot. Paradoxalement, la plupart de ces personnes finissent par se rallier aux valeurs fondamentales de la démocratie.Dans le passé, les jeunes Allemands apprenaient à l’école que le journalisme de qualité se trouvait dans les quotidiens régionaux, et non dans la presse à sensation. Aujourd’hui, plus de 50 % des jeunes électeurs considèrent TikTok comme leur principale source d’information, sans pour autant remettre en question sa fiabilité. De plus, les liens sociaux avec les partis politiques se sont affaiblis, et les réseaux sociaux ne proposent aucun filtre comparable à celui des médias traditionnels.

Cette absence de filtre a d’abord semblé élargir l’espace des opinions individuelles, ce qui pouvait être perçu comme un progrès pour la démocratie. Cependant, cet espoir s’est largement avéré illusoire. Au lieu de cela, cet espace élargi a surtout engendré une désorientation.

Cette désorientation a brouillé les frontières de la démocratie libérale et constitutionnelle aux yeux des citoyens, entraînant une perte de la capacité à distinguer les politiciens et les partis qui respectent ce cadre de ceux qui ne le font pas. Il en résulte une perspective du « tout est permis », tant au niveau des sources d’information que des partis politiques ou des fonctionnaires. Techniquement, cela a détruit la capacité de l’environnement médiatique à établir de manière fiable un équilibre dynamique et stable des effets de pairs, qui se situe dans le consensus fondamental de la démocratie libérale. Au lieu de cela, cela permet d’abord des sauts erratiques de sous-groupes de la population vers des équilibres qui se situent bien au-delà du consensus fondamental libéral et démocratique et qui, une fois établis, peuvent s’avérer aussi dynamiquement stables que ceux qui se trouvaient auparavant dans le consensus démocratique fondamental.deuxièmement, cela ouvre aux adversaires de la démocratie libérale de nombreuses possibilités de travailler au passage à de tels équilibres par une manipulation ciblée du processus de formation de l’opinion médiatique. C’est précisément ce que font Poutine et les autres autocrates, et cela leur donne un libre accès jusqu’au cœur de la résilience démocratique.

Face à cette situation préoccupante, il est impératif d’agir.Mais que faire ? Il semble nécessaire de réfléchir, au-delà des règles existantes, à ce qui peut renforcer la résistance d’une démocratie libérale face aux attaques de ses ennemis.Trois acteurs sont essentiels dans ce contexte : les médias,qui peuvent à la fois informer et manipuler ; les citoyens,en tant que consommateurs de politique ; et les politiciens et partis,en tant que fournisseurs de programmes et de processus politiques.

En ce qui concerne les médias, il est illusoire de vouloir revenir à la situation antérieure. Avant l’avènement des réseaux sociaux, la liberté d’expression individuelle était limitée à la sphère privée. Pour être entendu publiquement, il fallait passer par le filtre des éditeurs et des médias, qui étaient généralement attachés aux valeurs de la démocratie libérale. Ce filtre n’existe plus sur Internet, et toute tentative de le rétablir se heurterait à des accusations de censure et à des réactions incontrôlables. Seules les autocraties peuvent empêcher efficacement ces réactions.

Il est également vain de vouloir contraindre les citoyens à revenir aux liens sociaux qui existaient avant les réseaux sociaux. Une telle démarche serait perçue comme antidémocratique. Certains ont proposé de conditionner le droit de vote à une qualification préalable, mais même une éducation de qualité ne protège pas contre l’adhésion à des théories farfelues.

Il reste donc les acteurs politiques. La Constitution garantit le droit d’éligibilité, indépendamment de la qualification ou de la loyauté à la Constitution. C’est là qu’il faudrait agir, car le droit de vote inconditionnel est plus important pour la démocratie que le droit d’éligibilité. La loyauté des partis à la Constitution est certes limitée, car ils peuvent être interdits. Mais les obstacles à cette interdiction sont très élevés, et il y a de bonnes raisons à cela. Cependant, les évolutions décrites devraient inciter à réfléchir à l’opportunité d’abaisser ces obstacles. De même, il serait judicieux d’envisager un contrôle rigoureux de la loyauté constitutionnelle des personnes qui se présentent à des fonctions politiques. Tout médecin, tout pilote et tout installateur de gaz doit justifier d’une qualification qui exclut tout risque pour la sécurité. De même, un responsable politique qui souhaite abolir notre ordre libre constitue un risque pour la sécurité.

Rejeter systématiquement cet argument en invoquant le droit d’éligibilité serait donc précipité. Car cela soulève la question de savoir s’il est vraiment constitutionnellement obligatoire de se laisser malmener par des ennemis d’extrême droite de notre démocratie libérale et constitutionnelle, comme Björn Höcke et Maximilian Krah et leurs amis de la scène néonazie militante, avec l’objectif déclaré de balayer les fondements de notre consensus démocratique fondamental. Enfin, cela soulève la question de savoir si nous sommes condamnés à l’inaction, au nom du droit d’éligibilité quasi illimité, face à un parti qui, dans une large mesure, est considéré comme un ennemi avéré de cette même Constitution, qui abusera des minorités de blocage et, dans un avenir prévisible, probablement aussi des majorités absolues, pour paralyser notre pays, bloquer la construction de notre capacité de défense, qui est actuellement d’une importance existentielle, nous catapulter un jour hors de l’UE et de l’OTAN et finalement nous mettre sur la voie géorgienne actuelle.

certes, on peut toujours faire valoir qu’il s’agit alors aussi de minorités de blocage ou même de majorités absolues déterminées démocratiquement. mais les limites bien connues de ce qui peut être déterminé à la majorité dans un État de droit démocratique et de ce qui ne le peut pas apparaissent ici. Nous connaissons notamment tout l’éventail des majorités relatives, absolues et qualifiées ainsi que des dispositions légales de notre Loi fondamentale avec clause d’éternité. Ici aussi,tout n’est pas toujours simplement accepté à volonté parce qu’une majorité,quelle qu’elle soit,le veut. Une démocratie constitutionnelle ne fonctionne pas ainsi pour de bonnes raisons. Ce ne sont donc pas non plus par hasard les populistes qui veulent nous faire croire que seul le principe majoritaire serait valable dans la démocratie. En réalité, l’État de droit démocratique vit d’un équilibre entre le principe majoritaire et le principe de l’État de droit, ce qui engendre parfois un conflit entre les deux principes.

Il est certes difficile de trouver des procédures permettant de vérifier efficacement et dans des limites suffisamment étroites la loyauté constitutionnelle substantielle des partis et des personnes, sans restreindre le principe démocratique et donc le libre accès fondamental à la candidature à des fonctions publiques. Mais il n’est pas non plus satisfaisant que, au nom du libre accès fondamental aux fonctions publiques, nous ouvrions la voie avant tout aux personnes et aux partis qui n’ont rien d’autre en tête que de détruire cette même démocratie libérale et constitutionnelle qui les porte au pouvoir. En Roumanie, une telle tentative vient d’être empêchée – mais dans un contexte qui suscite lui-même des doutes quant à l’État de droit.Néanmoins, ce pays a de bonnes chances de continuer à évoluer vers un État de droit démocratique stable et libéral. En Géorgie, rien n’a été fait contre les ennemis de la démocratie, ce qui aurait pu apparaître comme discutable au regard de l’État de droit. Mais c’est précisément ce qui a ouvert la voie à un avenir sombre. Il doit encore y avoir une troisième voie, et nous ferions bien de la chercher.Comment protéger nos démocraties libérales

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L’Érosion de la Démocratie : Comment la Protéger face aux Menaces

Le texte examine les défis auxquels sont confrontées les démocraties libérales face à l’ingérence étrangère et à la manipulation de l’opinion publique, en particulier par la Russie. Il explore les vulnérabilités des démocraties modernes et propose des pistes de réflexion pour renforcer leur résilience.

FAQ : Protéger nos démocraties

1. Quelles sont les principales menaces évoquées dans le texte ?

  • L’ingérence étrangère (Russie, Chine) visant à manipuler l’opinion publique et à déstabiliser les démocraties.
  • La manipulation des médias sociaux, permettant la diffusion de fausses informations et la polarisation de la société.
  • La montée des mouvements populistes et radicaux de droite.

2. Quels sont les acteurs clés dans ce contexte ?

  • Les médias, qui peuvent informer ou manipuler.
  • les citoyens, en tant que consommateurs d’informations politiques.
  • Les politiciens et partis politiques.

3. Pourquoi les médias sociaux représentent-ils un défi ?

  • Ils ont supprimé le filtre traditionnel des éditeurs, permettant une diffusion incontrôlée de contenus et d’opinions.
  • Ils facilitent la propagation de désinformation et la formation de « bulles » idéologiques.

4. Quelles mesures sont envisagées pour contrer ces menaces ?

  • Réflexion sur la nécessité d’évaluer la loyauté constitutionnelle des candidats politiques.
  • Pas de censure mais éducation

5. Quelle est la différence entre la situation en Roumanie et en Géorgie ?

  • Géorgie : Le processus vers la démocratie libérale est compromis par l’influence russe et la manipulation électorale. Le gouvernement actuel est pro-russe et antidémocratique.
  • Roumanie : La roumanie a résisté à l’ingérence russe, mais aussi aux manipulations électorales et a conservé ses chances de rester une démocratie libérale.

Tableau Récapitulatif : Comparaison Roumanie et Géorgie

| Caractéristique | Roumanie | Géorgie |

|————————–|—————————————————————————————————————————————————————————|————————————————————————————————————————————————————————–|

| Influence étrangère | Tentative d’ingérence russe, rejetée. | Forte ingérence russe, réussie. |

| Résultat Électoral | Nouvelle élection prévue ; candidat pro-russe interdit. | Victoire d’un parti pro-russe grâce à la manipulation électorale. |

| Orientation Politique | Démocratique, orientation vers l’État de droit (malgré des travers).| Anti-occidentale, antidémocratique, en voie d’autocratisation. |

| État actuel | Démocratie libérale en voie, lutte contre l’ingérence. | Démocratie en danger, sous influence russe, risque de basculer.|

| Conclusion | La Roumanie est menacée mais garde une chance de continuer vers la démocratie libérale. | La Géorgie semble avoir perdu pour la démocratie libérale et l’État de droit. |

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