Le tribunal où le militant Faïl Alsynov était jugé a été le théâtre de protestations rassemblant environ 6000 personnes, selon une organisation. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent une foule de personnes vêtues chaudement lançant des boules de neige sur des policiers équipés de boucliers, sous une température de -20°C, tandis que d’autres scandent “Honte!”.
Ce mouvement exceptionnel a également été marqué par des images montrant des manifestants toussant violemment et se frottant les yeux après l’utilisation de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre. Selon OVD-Info, qui documente les manifestations et les arrestations en Russie, “des dizaines de personnes ont été blessées” et l’accès à internet mobile est “presque” totalement coupé sur place.
Une telle explosion de colère dans la rue est rare en Russie, où toute critique du pouvoir peut être passible d’une peine de prison. Les précédents mouvements d’ampleur dans la rue remontent à l’automne 2022, au moment de la campagne de mobilisation de centaines de milliers de réservistes pour renforcer les rangs de l’armée engagée en Ukraine.
Faïl Alsynov, un militant qui lutte notamment contre l’exploitation des ressources énergétiques au Bachkortostan et qui a dénoncé l’assaut russe en Ukraine, avait été condamné plus tôt à quatre ans de prison pour “incitation à la haine”. Ce jugement, rendu à huis clos, a entraîné des milliers de ses partisans à manifester devant le tribunal.
L’affaire remonte à l’année dernière, lorsque Faïl Alsynov avait utilisé des mots qualifiés de racistes par les autorités dans un discours contre l’exploitation de mines d’or. Le militant affirme que ses propos ont été mal traduits en russe et clame son innocence.
Le Ministère de l’Intérieur de la région avait appelé à ne pas manifester devant le tribunal, rappelant que c’était un délit punissable par la loi. Ce rappel à l’ordre des autorités intervient après une première manifestation en soutien à Faïl Alsynov, au cours de laquelle plusieurs centaines de personnes avaient réclamé la démission du gouverneur régional.
