Psoriasis, feu vert européen pour le comprimé qui agit sélectivement

Démangeaisons sévères associées à des douleurs, sensation de brûlure, tiraillement et sécheresse de la peau, craquelures, desquamation, rougeurs et même saignements. Les personnes atteintes de psoriasis peuvent vivre tout cela. De plus, dans de nombreux cas, cette pathologie est également associée au syndrome métabolique ou à une forme d’arthrite. Résultat : le psoriasis est une maladie qui compromet la qualité de vie, la productivité au travail, le bien-être émotionnel. Voici maintenant une bonne nouvelle pour les patients adultes atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère qui sont candidats à un traitement systémique : la Commission européenne a approuvé le deucravacitinib, le premier traitement par voie orale avec un nouveau mécanisme d’action approuvé pour cette indication au cours des 10 dernières années.

La maladie

En Italie, on estime à 1,8 million le nombre de patients atteints de psoriasis, dont environ 500 000 ont la forme modérée et sévère. “Le psoriasis est une maladie systémique chronique à médiation immunitaire – déclare Piergiorgio Malagoli, chef de l’unité PsoCare de l’IRCCS Policlinico San Donato à Milan -. Neuf patients sur dix souffrent de forme vulgaire, ou psoriasis en plaques, caractérisé par des plaques ovales ou rondes distinctes, généralement recouvertes d’écailles blanchâtres. Ces dernières années, des médicaments innovants ont été approuvés qui ont amélioré les symptômes et la qualité de vie. Reste cependant le problème du retard de diagnostic et de l’accès aux traitements les plus innovants : pour les cas modérés à sévères, ceux pour lesquels un traitement hautement efficace est requis, on estime qu’il faudra 12 ans avant que le patient puisse obtenir des thérapie. « Dans notre pays, il y a le problème de l’accès limité aux médicaments hautement spécialisés – poursuit Malagoli -. À l’heure actuelle, seuls quelques établissements de santé de référence, agréés au niveau national, administrent les thérapies les plus innovantes. Les dermatologues de la région recommandent à peine des médicaments qu’ils ne peuvent pas prescrire à leurs clients. Cette situation peut créer des problèmes, notamment pour les patients touchés par les formes les plus sévères de psoriasis”. Pour eux, avoir un médicament par voie orale pourrait être une solution pour garder la maladie sous contrôle sans perdre des années.

Le nouveau médicament

Le deucravacitinib est une petite molécule au très haut pouvoir sélectif : il parvient à bloquer une seule protéine, TYK2, essentielle à la transmission du signal inflammatoire, typique de la pathogenèse du psoriasis. En même temps, cependant, il n’inhibe pas d’autres protéines telles que JAK1, JAK2 ou JAK3, qui sont également impliquées dans les processus inflammatoires mais dont l’inhibition entraînerait également des effets indésirables. “Tout cela se traduit par une excellente efficacité du traitement qui présente également de bons niveaux de sécurité et de tolérance”, explique Antonio Costanzo, professeur titulaire de dermatologie et directeur de l’UOC de dermatologie à l’IRCCS Istituto Clinico Humanitas – Rozzano, Milan. En effet, des études cliniques ont démontré non seulement l’efficacité de la nouvelle molécule mais aussi un profil de tolérance constant chez les patients sur trois ans de traitement continu.

Adhésion à long terme

« Un autre besoin non satisfait des patients italiens est d’obtenir un contrôle à long terme de la maladie – conclut Costanzo -. Depuis plusieurs années, nous disposons de traitements très avancés tels que les anticorps monoclonaux ou les médicaments biologiques. Cependant, ce sont des thérapies par injection qui nécessitent une chaîne du froid. Leur administration peut donc être très complexe. Pouvoir disposer à l’avenir d’un médicament oral tel que le deucravacitinib disponible en Italie, qui présente un bon niveau d’efficacité et de sécurité, pourrait représenter un grand avantage”.