2024-08-08 11:48:40
L’écrivain anglais Martin Amis a choisi d’introduire la science dans ses romans « pour combler le vide créé par l’échec de sa discipline sœur, la philosophie des sciences, ainsi que par l’indifférence et le mépris avec lesquels les scientifiques la traitent ». Dans l’une de ses œuvres, dans le roman intitulé Les informations (Anagramme) Amis s’en rend compte. Il y parvient entre clins d’œil à la physique quantique et à la théorie du chaos, nous entraînant dans une histoire hilarante de rivalité entre deux écrivains.
Dans l’un de ses passages, le protagoniste déchaîne un discours alcoolique où les soi-disant progrès de la littérature croisent les progrès de la cosmologie. Pour le protagoniste d’Amis, un certain Richard Tull, le progrès de la littérature, plutôt que le progrès, est une descente motivée par le progrès de la cosmologie. Ainsi, les progrès de la cosmologie sont expliqués à l’aide d’une série d’exemples tirés d’œuvres littéraires.
Tout d’abord, nous avons Homère, pour qui le firmament était en bronze, ce qui se rapproche le plus d’un bouclier. La Terre était encore plate et il fallut des siècles avant que Virgile arrive pour nous présenter une Terre sphérique et fixe, le centre de l’univers, où tournaient autour d’elle les étoiles et la lune. Dante pensait la même chose, il y avait une raison pour laquelle Virgile était son guide dans La Divine Comédie. Poursuivant l’histoire de la littérature et sa relation avec l’étude de l’univers, on retrouve Shakespeare et les discours lapidaires de ses personnages. « Aussi vrai que je sache, le soleil est feu », dit l’un d’eux dans Coriolanus, une tragédie historique avec un général romain comme protagoniste.
Même si la révolution copernicienne était en marche à l’époque de Shakespeare, et avec elle l’avancée des connaissances scientifiques, le contexte historique dans lequel se déroule Hamlet n’est autre que celui du Moyen Âge. Le Soleil continue donc de se déplacer autour de la Terre. “Je doute que les étoiles brûlent, je doute que le soleil bouge, je doute qu’il y ait la vérité, mais je ne doute pas de mon amour”, dit Hamlet à Ophélie dans une lettre. L’héliocentrisme n’avait pas encore prévalu et les idées dominantes de l’époque en matière de cosmologie se reflétaient dans la tragédie.
Mais pour continuer avec Amis, qui est celui qui nous amène ici aujourd’hui avec son roman Les informationset dont le personnage, Richard Tull, continue de passer en revue la littérature et ses relations cosmologiques, on rencontre le poète romantique William Wordsworth (1770-1850) qui pensait aussi que le Soleil était fait de charbon et qui utilisait une esthétique dont l’origine était dans l’observation de la nature. « La poésie est l’image de l’être humain et de la nature », écrivait-il, comme il sied à un auteur épris de romantisme. Les années passeraient et TS Eliot devrait venir remettre les pendules à l’heure, unir science et poésie, et expérimenter l’élasticité du temps en sachant que nous ne sommes pas le centre de l’univers.
Martin Amis fait ainsi passer le discours de son personnage du géocentrisme à l’héliocentrisme et, de là, au « tout simplement excentrique » jusqu’à atteindre de multiples univers. Grâce à cette appréciation très précise, l’univers devient de plus en plus petit dans l’histoire de la littérature, et ceci, à son tour, prend des chemins dans lesquels il est capable de révéler la vérité du monde invisible, du monde quantique et des processus de nature que la philosophie des sciences s’efforce d’étudier. A bien y réfléchir, Martin Amis n’avait pas si tort.
La hache de pierre C’est une section où Montero Glezavec un désir de prose, exerce son siège particulier sur la réalité scientifique pour démontrer que la science et l’art sont des formes complémentaires de connaissance.
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