Que restera-t-il après le PNRR ? – deuxième partie

2024-09-30 10:52:30

La nouvelle santé territoriale nécessite des professionnels et des outils ad hoc qui pourtant n’existent pas. Les incohérences et les lacunes qui peuvent faire échouer le PNRR.

Dans le billet précédent, que vous pouvez retrouver ici, j’ai illustré le Plan de Pérennité du PNRR pour les soins de santé qui doit assurer une couverture économique des surcoûts déterminés par le personnel et des frais de gestion des nouvelles structures territoriales (Foyers Collectifs, Centres Territoriaux d’Opérations, Hôpitaux). de Communauté.

Comment couvrir le besoin en ressources professionnelles ?

Le problème n’est cependant pas seulement économique, c’est-à-dire comment maintenir en vie ce qui est créé, mais aussi la faisabilité réelle des initiatives planifiées. Le premier problème critique majeur concerne la couverture du personnel. La médecine générale s’oppose fortement aux maisons de retraite qui sont perçues comme une tentative de centralisation de leur activité et une réduction de leur autonomie professionnelle. Cette position s’inscrit dans un contexte de forte pénurie de médecins généralistes et de diminution progressive de leur nombre avec pour conséquence une augmentation du nombre de patients dépendants. Les sorties pour retraite prévues dans les prochaines années vont accentuer ce phénomène et le rendre encore plus critique.

La situation n’est pas meilleure en ce qui concerne les infirmières, l’OSS et le personnel de soutien. La réforme du décret ministériel 77 prévoit un besoin de près de 30 000 unités, auxquelles il faut ajouter celles nécessaires au remplacement des départs à la retraite (plus de 50 000 infirmières seront employées sur la seule période 2020 – 2026). Il existe un fort déséquilibre entre l’offre et la demande, c’est-à-dire le nombre d’infirmières et d’autres personnels de santé disponibles.

Enfin, il est nécessaire d’inclure des médecins spécialistes dans les foyers communautaires pour aider les médecins généralistes à gérer les visites ambulatoires. Les déplacer des hôpitaux, même partiellement, où il y a déjà un manque de personnel et des listes d’attente très longues, notamment pour certaines branches, ou en embaucher de nouveaux ? Mais dans quelle mesure peut-il être intéressant pour un jeune médecin de travailler dans un foyer communautaire ?

L’impression est que DM 77 est au total “contretemps» par rapport à la période que nous vivons, une réforme conçue sans aucun lien avec la réalité.

Quels outils numériques pour la nouvelle santé territoriale ?

Dans ce cas également, la mesure 6 (soins de santé) du PNRR apparaît incohérente. Nous savons que les systèmes d’information territoriaux ont toujours été “Cendrillon» des technologies de l’information sur la santé. Si la digitalisation de l’hôpital a eu des ressources et des financements au fil du temps, le territoire a toujours été géré avec une myriade d’applications, non intégrées les unes aux autres, souvent artisanales et de faible qualité. Il manque une vision d’un système territorial intégré et l’accent a toujours été mis sur les aspects de gestion, dans le but de produire des flux d’informations et de mesurer les activités réalisées.

Malgré cela, alors que plus d’un milliard d’euros ont été alloués à la numérisation des hôpitaux sièges de la DEA de premier et deuxième niveaux, pour les soins de santé locaux, 42 millions ont été alloués à l’interconnexion des COT et environ un milliard et demi à la télémédecine, avec l’objectif d’assister 300 000 patients avec cette modalité d’ici 2025.

Dans la réforme du décret ministériel 77, il n’y a pas seulement la télémédecine mais bien plus encore : la médecine de population et la médecine d’initiative qui doivent être centrées sur le projet de santé. Mais avec quels outils les autorités sanitaires locales pourront-elles remplir ces fonctions ? Il n’existe pas de dossier médical local (vous trouverez ici quelques articles qui le décrivent) mais uniquement des dossiers médicaux spécialisés pour certaines branches. Le logiciel de gestion du PDTA et des soins à domicile – ADI – est orienté vers la gestion des activités et leur reporting. Ils ne gèrent pas les informations cliniques et ne sont pas en mesure de mesurer les résultats des interventions. Pourtant, il n’est pas important, cliniquement parlant, de mesurer ce qui est fait mais plutôt de comprendre l’impact et l’efficacité des services fournis sur la santé des personnes. La médecine d’initiative nécessite un logiciel capable de gérer la gestion des soins qui ne se limite pas à la liste des activités à réaliser.

Il n’est pas facile de réaliser le profilage des patients, base de la médecine des populations. Un premier obstacle est représenté par la vie privée, c’est-à-dire les limites que le Garant a fixées à cette pratique et les sanctions qu’il a imposées aux régions/entreprises de santé qui ont été les premières à tenter de la mettre en œuvre, même s’il faut dire que dans plusieurs Dans ces affaires, ils ont ensuite gagné en appel. La crainte de sanctions et de blocages de la part de l’Autorité freine de nombreuses entreprises du secteur de la santé. Il faut dire aussi que les données disponibles aujourd’hui pour profiler les patients sont principalement quantitatives et proviennent de flux d’informations. Puisqu’il n’existe pas de référentiels cliniques territoriaux (CDR) contenant des données qualitatives, il est difficile d’estimer la classe de risque ou les besoins de soins des patients.

Par ailleurs, à de rares exceptions près, les systèmes de gestion de la « prise en charge » du point de vue du bien-être clinique font défaut. Des systèmes qui permettent aux médecins et aux infirmières d’avoir une « vue intégrée » des données du patient (Unified Care Record), des interventions et des activités planifiées et dispensées dans les différents milieux de soins, y compris l’hôpital, des besoins et des enjeux sociaux. situation du patient. Des systèmes qui permettent de définir des objectifs et donc d’avoir des indicateurs pour leur suivi. En effet, il ne suffit pas de définir ce qu’il faut faire pour un patient mais aussi de comprendre l’effet que produisent les traitements.

A ces obstacles techniques, il faut ensuite ajouter des aspects culturels et organisationnels. Les « silos » qui composent les soins de santé locaux sont constitués non seulement de systèmes d’information mais aussi d’approches et de modèles organisationnels extrêmement fragmentés. L’intégration des soins est un paradigme plutôt qu’un paradigme technique, professionnel et organisationnel. L’offre de dispositifs territoriaux reflète une demande qui a toujours été de faible qualité et fragmentée en de nombreux domaines opérationnels. Une vision intégrée des soins locaux a fait défaut et continue de faire défaut. Il n’existe pas de dossier médical territorial intégré, chacun se débrouille avec ce qu’il a.

Ceux qui ont planifié les investissements n’avaient probablement pas cette perception des choses. Il a été jugé important de financer la télémédecine, ce qui est certes utile mais non décisif, en imaginant que les logiciels existants puissent être utilisés pour réaliser les nouvelles fonctions. Il s’agit d’une erreur stratégique très grave qui aura des répercussions sur la capacité à mettre en œuvre le décret ministériel 77. A moins que, comme cela s’est souvent produit dans d’autres domaines, cela reste un projet de rêve, une réalisation du PNRR que nous avons démarqué de son approbation.

2 – Bien



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