Le président français Emmanuel Macron a convoqué mercredi une réunion du Conseil de défense et de sécurité nationale pour discuter des émeutes sanglantes en Nouvelle-Calédonie.
Des violences sanglantes ont éclaté en Nouvelle-Calédonie, un territoire français d’outre-mer situé dans le Pacifique Sud, après que les législateurs de Paris ont approuvé un amendement constitutionnel autorisant les nouveaux arrivants sur le territoire à voter aux élections régionales.
Au moins trois personnes ont été tuées et quatre autres, dont un policier, ont été grièvement blessées, selon les autorités régionales et les médias français, mercredi.
Plus de 130 personnes ont été arrêtées et plus de 300 blessées depuis lundi, lorsque les manifestations contre la réforme constitutionnelle poussée par Paris se sont transformées en violences dans l’archipel, longtemps en quête d’indépendance, selon l’Associated Press.
Où se trouve la Nouvelle-Calédonie ?
La Nouvelle-Calédonie est l’une des cinq régions insulaires contrôlées par la France dans les océans Indien et Pacifique, et elle est au centre du projet du président français Emmanuel Macron visant à accroître l’influence de son pays dans l’océan Pacifique.
La Nouvelle-Calédonie est située dans les eaux chaudes du sud-ouest de l’océan Pacifique, à 1 500 kilomètres à l’est de l’Australie, et abrite 270 000 habitants.
41 pour cent de la population de la région sont des Kanaks mélanésiens, considérés comme un peuple autochtone, en plus de 24 pour cent d’origine européenne, pour la plupart français, selon Reuters.
L’archipel a été nommé ainsi par l’explorateur britannique James Cook en 1774. Il a été annexé par la France en 1853 et a été utilisé comme colonie pénitentiaire jusqu’au début du XXe siècle, selon la même source.
Après la colonisation française au XIXe siècle, la Nouvelle-Calédonie devient officiellement territoire français d’outre-mer en 1946. À partir des années 1970, les tensions montent sur l’île avec divers conflits entre les mouvements indépendantistes parisiens et le peuple kanak.
L’accord de Nouméa de 1998 a contribué à mettre fin au conflit en ouvrant la voie à une autonomie progressive et en limitant le droit de vote aux Kanaks et aux immigrés vivant en Nouvelle-Calédonie avant 1998. L’accord prévoyait la tenue de trois référendums pour déterminer l’avenir du pays, qui ont tous abouti dans le refus de l’indépendance.
Pourquoi c’est important?
La Nouvelle-Calédonie, troisième producteur mondial de nickel, se trouve au cœur d’une région maritime géopolitiquement complexe, où la Chine et les États-Unis se battent pour la puissance et l’influence en matière de sécurité et de commerce.
Sans nommer la Chine, le président français Emmanuel Macron a déclaré plus tôt que la campagne française visant à étendre son influence dans le Pacifique visait à garantir un « développement fondé sur des règles ».
Aux termes de l’Accord de Nouméa, le droit de vote aux élections provinciales était réservé aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie avant 1998 et à leurs enfants. Le but de cette mesure était de donner une plus grande représentation aux Kanak, devenus minoritaires dans la population.
Les premiers affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont débuté lundi, en marge d’une marche appelant à l’indépendance pour protester contre l’amendement constitutionnel étudié par l’Assemblée nationale à Paris, qui vise à élargir la base électorale aux élections régionales.
Le camp non indépendantiste soutient les réformes, tandis que le camp sécessionniste estime que Paris cherche par là à « continuer à dévaloriser le statut du peuple indigène kanak », qui représentait 41,2 % de la population de l’île au recensement de 2019, contre 40,3 %10. il y a des années, selon France Presse.
Selon l’article 77 de la Constitution française, la base électorale est limitée aux électeurs participant aux listes du référendum d’autodétermination de 1998 et à leurs descendants, ce qui exclut les résidents arrivés après 1998 et de nombreux autochtones.
En conséquence, environ 20 pour cent des électeurs sont privés du droit de vote aux élections régionales.
Paris en est venu à considérer cet arrangement comme antidémocratique et les législateurs ont approuvé un amendement constitutionnel visant à ouvrir le champ électoral aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis au moins 10 ans.
Macron a déclaré qu’il reporterait son adoption et qu’il inviterait des représentants des habitants de la région à Paris pour des négociations visant à parvenir à un règlement négocié. Il a toutefois ajouté qu’un nouvel accord devait être conclu d’ici juin, faute de quoi il le signerait et le promulguerait.
Quelles sont les mises à jour ?
La présidence française a annoncé mercredi que le président Macron envisageait d’imposer l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie pour réduire l’escalade de la violence.
Le Premier ministre français Gabriel Attal, qui a participé à une réunion de deux heures avec de hauts ministres à l’Elysée, a déclaré au Parlement que l’objectif de l’état d’urgence serait de “rétablir l’ordre le plus rapidement possible”.
Un décret sur les modalités d’imposition de l’état d’urgence devrait être présenté au Conseil des ministres français plus tard mercredi.
Dans un communiqué, Macron a souligné la nécessité de reprendre le dialogue politique et a demandé au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer d’inviter des délégations néo-calédoniennes à Paris.
Le communiqué ajoute : “Tous les actes de violence sont intolérables et feront l’objet d’une réponse implacable pour assurer le retour de l’ordre”.
Le ministre français de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin, a déclaré que 100 gendarmes avaient été évacués lors des violences de la nuit dernière suite à “une attaque de leur position à la hache et à balles réelles”.
“Le calme doit revenir”, a ajouté Darmanin dans une interview à la radio française RTL.