qui est Martin Panchaud, Fauve d’or de la 50e édition ?

qui est Martin Panchaud, Fauve d’or de la 50e édition ?

Alexandre Astier confessait, samedi 28 janvier sur la scène du théâtre d’Angoulême, avoir immédiatement repéré cet album qui ne ressemble à aucun autre, émergeant de la sélection soumise au jury du Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, dont il assumait cette année la présidence.

Alexandre Astier confessait, samedi 28 janvier sur la scène du théâtre d’Angoulême, avoir immédiatement repéré cet album qui ne ressemble à aucun autre, émergeant de la sélection soumise au jury du Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, dont il assumait cette année la présidence.

« La Couleur des choses » s’est révélée être un coup de cœur partagé. L’ouvrage repart de cette 50e édition avec le Fauve d’or, récompensant le meilleur album de l’année. Un choix conforme à la ligne éditoriale du FIBD, et l’exigence de la sélection. L’album a en outre reçu, il y a quelques semaines, le Grand Prix de la critique ACBD, « doublé » rappelant celui d’Emil Ferris en 2019.

Lire aussi  Un bus s'effondre dans un abîme à Machu Picchu au Pérou : des touristes néerlandais indemnes

Mais qui est Martin Panchaud ? Ce tout juste quadragénaire, Genevois de naissance, résidant aujourd’hui à Zurich, en Suisse germanophone, signe avec cet album expérimental sa toute première bande dessinée. Il ne se destinait pourtant pas au 9e Art.

Langage visuel

« Étant dyslexique, ayant de la peine à accéder au livre, c’était un sujet écarté, raconte-t-il. Mais sorti de l’école obligatoire, j’ai étudié la bande dessinée dans le seul établissement de Suisse à proposer cet enseignement à l’époque, en compagnie de vrais passionnés. Je me suis approprié ce langage visuel pour exprimer des idées, des concepts, il m’a permis de m’affranchir de beaucoup de choses. J’ai ensuite fait des études de graphisme. »

L’auteur a tout réuni au sein de « La Couleur des choses », trajectoire dramatique d’un ado victime de brimades qui, pour arranger les choses entre ses parents, joue aux courses les chevaux désignés par une voyante… et gagne. C’est alors que ses problèmes commencent. Un pitch presque classique. N’eut été l’approche graphique adoptée. Des pastilles de couleurs, soigneusement légendées, représentent les personnages, lesquels se meuvent sur des plans en deux dimensions…

Lire aussi  Plaidoyer pour une cartographie des radios communautaires au Sénégal

La couverture de « La Couleur des choses », Fauve d’Or 2023 à Angoulême.

Éd. Çà et là

« Aller à l’épure »

« Je voulais faire quelque chose de différent, d’agrandir le territoire du possible en bande dessinée, tout en racontant un récit d’aventures, avec des péripéties », décrypte Martin Panchaud. « Je souhaitais appliquer ce que j’avais appris en école de graphisme. Aller à l’épure, à l’essentiel, conserver le minimum. Mais qu’est-ce qu’une bande dessinée dont aurait enlevé le superflu ? » L’artiste développe alors son système représentation par points, les légendant, les faisant dialoguer entre eux. « J’ai vu que cela fonctionnait. Une fois ce mécanisme trouvé, c’était comme un jouet pour moi, une exploration. Je voulais savoir jusqu’où je pouvais aller avec ce type de langage. »

L’auteur dynamise le récit en introduisant des ruptures, des changements de rythme, de l’inattendu, comme cette baleine bleue dont on taira le rôle. Tout cela pour donner au lecteur l’envie de poursuivre « en ayant une lecture le plus paisible possible ». « J’avais cette crainte que le lecteur se détache. Cela a été un très long travail d’écriture et de réécriture, à dessiner et redessiner, jusqu’à arriver à cette forme de simplicité. »

Lire aussi  Prières, soutien nécessaire pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, dit le pape

Une narration toujours surprenante, utilisant points de couleur, cartographie des lieux et « éléments de catalogue »


Une narration toujours surprenante, utilisant points de couleur, cartographie des lieux et « éléments de catalogue »

Éd. Çà et là

Le lecteur est impliqué malgré lui, chacun élaborant sa propre version des personnages, de leur aspect supposé. « Umberto Eco parlait du pacte d’interprétation du lecteur. Il disait qu’un texte est comme un tissu fait de trous que le lecteur se doit de combler. Par mon approche, je rajoute des trous (rires). Le lecteur doit faire un pas de plus. »

Nouveau projet

Le Fauve d’or vient récompenser l’opiniâtreté de l’auteur, qui a posé les bases de son concept il y a déjà plus de dix ans, avant d’entreprendre son « chemin de croix » éditorial. « Même lorsque l’édition germanophone est sortie, cela a été difficile. Mais Serge Ewenczyk, des éditions Çà et là, a adoré le projet. » Le livre poursuit alors sa trajectoire jusqu’au Fauve d’Or d’Angoulême. Comment rebondir après avoir touché le sommet ? « Je travaille sur quelque chose dans la continuité. Il y aura toujours dans mon travail un rapport au langage, un rapport à l’interprétation, ce jeu de mettre en image est très fort chez moi. »

« La Couleur des choses », de Martin Panchaud. Éd. Çà et là 256 p. 24 €.

Le « cadeau » d’Alexandre Astier

Martin Panchaud a été touché par le discours d’Alexandre Astier, qui qualifiait son livre de « magique ». « C’était un cadeau extraordinaire. Je ne savais pas que j’étais lauréat. J’ai réalisé peu à peu qu’il était en train de décrire mon livre. » Les mots l’ont ému. « Il a bien décrit l’expérience de lecture que beaucoup ont. On est d’abord dérouté, puis on commence à lire, puis on comprend et on en voit le potentiel. »

2023-01-29 11:00:00
1702268727


#qui #est #Martin #Panchaud #Fauve #dor #50e #édition

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.