Qui se cache derrière la galerie Écritures, à Montluçon (Allier) ?

Qui se cache derrière la galerie Écritures, à Montluçon (Allier) ?

Au fond d’une petite salle d’exposition aux murs blancs, rue Pierre Petit, Jean-Marc Vincent, président de la galerie associative Écritures, « se sent chanceux ». Boulimique de l’échange, il se réjouit toujours de rencontrer de nouveaux interlocuteurs. « Ce que j’aime, c’est partager. » Un amour qui a motivé l’amateur d’art à créer, en 1986, l’association Écritures.

À l’origine de cette aventure, une rencontre fortuite. « Plus jeune, je me promenais dans la rue Grande et j’ai croisé deux petits vieux. Ils étaient magnifiques, habillés tout en gris… Ils m’ont convaincu d’acheter ma première peinture », se souvient-il, un brin ému. « Ça m’a donné envie de faire comme eux ! Je me disais que c’était génial de pouvoir transmettre, créer un intérêt. »

Pourtant, le Bourbonnais n’était pas prédestiné à ce parcours. « J’ai grandi à la ferme, je n’ai jamais été initié à l’art. » C’est à l’École Normale que ce professeur, aujourd’hui à la retraite, tâte du pinceau pour la première fois.

Mais le premier cheval de bataille de Jean-Marc Vincent fut la poésie. À la fin des années 70, il crée la revue Écritures. Un feuillet rassemblant le travail de poètes Bourbonnais. En 1980, il participe même au festival international de poésie : Polyphonix.

La naissance d’une histoire des arts

Dans le même temps, les premières expositions s’organisent dans des lieux municipaux, comme la Maison des jeunes et de la culture (MJC). Jean-Marc Vincent y mêle diverses formes d’art : « La danse accompagnait la peinture, la musique s’accordait aux dessins… »

Après quelques années, Jean-Marc Vincent se met à la recherche d’un lieu pour « montrer et faire ressentir » les œuvres qui le touchent. Il trouve son bonheur en 2009 : « Cette maison me semblait parfaite. Elle est à la croisée des chemins ! »

En plein centre médiéval, cette ancienne boutique d’antiquaires offre aujourd’hui « une belle vitrine ». « J’ai presque tout refait. Il y avait de la moquette partout : sol, mur, plafond… », s’amuse le galeriste.

Avec cet achat arrive l’indépendance : « Pas de loyer et surtout, pas de compte à rendre. C’est moi qui décide de la durée des expos. Et je choisis qui j’expose. » Pour cela, « une seule condition : que ça me plaise ! » Le galeriste a des attentes bien précises : “J’aime l’art qui n’a pas besoin de fioritures pour être compris. Affirmer que c’est beau, ça ne veut rien dire. »

Ce qui l’intéresse ? Les artistes à travers leurs œuvres. « Il y a une forme de fidélité. J’en poursuis certains depuis plus de trente ans. Leurs arts évoluent avec leurs histoires de vie. Ce qui compte, c’est la démarche artistique. »

Exposer et profiter

À travers sa galerie, Jean-Marc souhaite « apporter quelque chose à la ville ». « Il y a très peu d’offres culturelles à Montluçon, surtout pour la peinture. Pas de musée, rien. Donc je me sens utile. » L’occasion, aussi, de mélanger les histoires. « Un jour, des jeunes ont cru que des tableaux de Lafoucrière, de 1970, étaient l’œuvre d’un graffeur », sourit le galeriste. « Rien ne s’invente, les uns s’inspirent des autres. »

Si l’échange est un des grands bonheurs de Jean-Marc Vincent, 67 ans, pas bégueule pour un sou, il évoque aussi une « passion égoïste ». « Pouvoir profiter de choses uniques, comme j’irai voir un bon film ! C’est un plaisir quotidien. J’en oublie les maux. »

Au premier étage, « pensé comme un atelier », les tableaux et sculptures s’étalent sous de grandes fenêtres. Sur des fauteuils vieillots mais confortables, les visiteurs profitent « d’une longue liste » d’artistes, comme Lafoucrière, Cinquin ou Fissore.

Une nouvelle vague de peintures de Rémy Pastor, exposée à la galerie Ecritures de Montluçon (Allier)

Insatiable, Jean-Marc Vincent a aussi plusieurs livres à son actif. « J’ai édité plusieurs artistes, comme Ramuntcho Matta », indique-t-il en sortant un joli bouquin aux allures de carnet d’écolier. « L’édition est un travail en commun très intéressant. »

C’est finalement au bout d’un escalier aux marches craquantes, au dernier étage de sa petite maison, que l’on prend la mesure de la frénésie passionnée de Jean-Marc Vincent.

Là, sous les combles, un nombre incalculable de tableaux dort dans des râteliers. « Toutes les œuvres qui sont ici m’ont été confiées par leurs artistes. Ils me font confiance. Par exemple, je viens de récupérer plusieurs décennies de peintures de Rémy Pastor. »

Dernier coup d’œil avant de repartir : le tableau d’un homme heureux, dans sa caverne d’Ali-Baba aux odeurs de vernis et de bois.

Delphine Simonneau

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