2024-06-15 16:57:22
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a été réélu vendredi pour un second mandat, après que son humble ANC ait mis en place un gouvernement de coalition sans précédent.
Les législateurs du Cap ont voté massivement pour reconduire Ramaphosa, 71 ans, au pouvoir pour cinq ans supplémentaires après les élections générales du 29 mai qui n’ont produit aucun vainqueur absolu.
“Je suis touché et honoré que vous, en tant que membres de l’Assemblée nationale, ayez… décidé de m’élire président de la République d’Afrique du Sud”, a déclaré Ramaphosa dans son discours d’acceptation.
Les élections du mois dernier ont marqué un tournant historique pour l’Afrique du Sud, mettant fin à trois décennies de domination du Congrès national africain de feu Nelson Mandela.
Le parti qui a mené la lutte contre l’apartheid n’a remporté que 40 pour cent des voix et a perdu, pour la première fois, sa majorité absolue au Parlement.
Il a désormais conclu un accord pour former ce qu’il appelle un gouvernement d’unité nationale.
“Il s’agit d’un moment historique dans la vie de notre pays, qui exige que nous travaillions et agissions ensemble”, a déclaré Ramaphosa.
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TÊTE A TÊTE © FRANCE 24
Le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, a déclaré vendredi que la large coalition rassemble la majorité des 18 partis qui ont obtenu une représentation à l’Assemblée nationale, qui compte 400 sièges.
Il s’agit notamment de l’Alliance démocratique (DA), de centre-droit, du Parti nationaliste zoulou Inkatha Freedom Party et d’autres groupes plus petits.
Ramaphosa a été réélu par ses collègues députés avec 283 voix au scrutin secret.
Il a surmonté un défi de dernière minute lancé par Julius Malema, le leader incendiaire des Combattants de la liberté économique (EFF), de gauche radicale, dont la candidature a obtenu 44 voix.
Ramaphosa prêtera serment la semaine prochaine à Pretoria et dévoilera ensuite son nouveau cabinet.
La Chine, alliée des BRICS de l’Afrique du Sud, a salué samedi la réélection de Ramaphosa, le président Xi Jinping lui envoyant une note de félicitations, selon les médias d’État.
Plus tôt, le juge en chef Raymond Zondo avait ouvert la première séance du Parlement, en faisant prêter serment aux députés par groupes avant les votes sur l’élection d’un président et d’un vice-président.
Le premier poste a été attribué à Thoko Didiza, de l’ANC, et, signe que l’accord de partage du pouvoir fonctionnait, le second a été attribué à Annelie Lotriet, du DA. Toutes deux sont des femmes et Lotriet est issue de la minorité blanche d’Afrique du Sud.
‘Illégal’
Les législateurs ont voté un par un lors d’une longue cérémonie organisée dans un centre de congrès du Cap, alors que le bâtiment du Parlement est en cours de reconstruction après un incendie en 2022.
Les membres de l’EFF ont prêté serment en portant des combinaisons rouges et, dans certains cas, des bottes en caoutchouc et des casques d’ouvriers du bâtiment en plastique.
Ils ont refusé de soutenir la nouvelle administration, ayant refusé de se joindre à une alliance avec des partis de droite ou dirigés par des Blancs.
« Ce n’est pas un gouvernement d’unité nationale, c’est une grande coalition entre l’ANC et le capital monopolistique blanc. L’histoire vous jugera durement », a déclaré Malema après avoir reconnu sa défaite.
Le nouveau parti de l’ancien président Jacob Zuma, uMkhonto weSizwe (MK), arrivé troisième aux élections, a contesté les résultats et ses députés ont boycotté la séance de vendredi.
“La séance d’aujourd’hui de l’Assemblée nationale est en ce qui nous concerne illégale et inconstitutionnelle”, a déclaré à l’AFP le porte-parole du député, Nhlamulo Ndhlela.
Ancien syndicaliste devenu homme d’affaires millionnaire, Ramaphosa présidera un gouvernement mêlant des opinions politiques radicalement différentes.
L’ANC est un parti de gauche historiquement panafricaniste et progressiste qui a supervisé des programmes de protection sociale et d’autonomisation économique pour les Sud-Africains noirs et pauvres.
Le plus grand parti de la coalition, le DA, défend un programme libéral et de libre marché. Les petits partis qui auraient accepté de rejoindre le gouvernement vont de la gauche à l’extrême droite.
“Au cœur de cette déclaration du gouvernement d’unité nationale se trouvent le respect et la défense partagés de notre constitution et de l’État de droit”, a déclaré le chef du DA, John Steenhuisen.
Pas de route facile
L’accord s’étend aux coalitions régionales de la province de Gauteng à Johannesburg et du KwaZulu-Natal.
Le député de Zuma a remporté le plus grand nombre de voix dans cette dernière, mais s’est retrouvé les mains vides puisque les membres de la coalition ont réussi à obtenir une majorité minime de 41 sur 80 conseillers provinciaux.
Steenhuisen a ajouté que l’accord de coalition prévoyait un mécanisme de consensus pour traiter « les désaccords qui surgiront inévitablement ».
« Ce n’est pas la fin du processus. Et le chemin à parcourir ne sera pas facile », a déclaré Steenhuisen, expliquant que le délai de deux semaines imposé par la constitution pour former un gouvernement ne laissait pas suffisamment de temps pour régler tous les détails.
Ramaphosa est arrivé au pouvoir pour la première fois en 2018 après que Zuma ait été contraint de démissionner en raison d’allégations de corruption.
Sous sa direction, l’Afrique du Sud a souffert de coupures d’électricité record, l’économie a stagné et la criminalité est restée monnaie courante. Le chômage atteint près de 33 pour cent.
Il aura désormais la tâche ardue de concilier les points de vue contradictoires au sein du gouvernement afin de redresser la situation économique de l’Afrique du Sud.
« Une croissance économique rapide, inclusive et durable » figurait parmi les priorités absolues dans un projet d’accord de coalition.
Le PIB n’a augmenté que de 0,6 % en 2023 et a baissé de 0,1 % au cours des trois premiers mois de 2024.
(AFP)
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