LETTRE DE BERLIN
Touché mais pas coulé. Mi-juin, quand le parquet de Berlin annonça l’ouverture d’une enquête contre Till Lindemann « pour des faits présumés relevant du domaine des délits sexuels et de la distribution de stupéfiants »tout le monde se posa la question : face à de telles accusations visant son chanteur, le célèbre groupe de metal allemand Rammstein a-t-il encore un avenir ?
La réponse ne s’est pas fait attendre. Certes, Till Lindemann a été lâché par sa maison d’édition, Kiepenheuer & Witsch, chez qui il a publié trois recueils de poèmes. Certes, Universal Music a cessé de faire la promotion des disques de Rammstein. Mais la tournée européenne du groupe, entamée le 20 mai à Vilnius, soit cinq jours seulement avant les premières accusations portées contre le chanteur, a été un succès : de Berne à Bruxelles en passant par Lisbonne, Madrid, Vienne, Budapest ou Saint-Denis, près de Paris, les concerts se sont tenus à guichets fermés. A Berlin, où trois dates étaient programmées, mi-juillet, les 60 000 places du stade olympique ont également été prises d’assaut.
Finalement, tout s’est donc passé comme prévu, à quelques détails près : présence dans certaines villes de manifestants opposés à la venue du groupe – ils étaient plusieurs centaines à Berlin et à Vienne – ; annulation des fêtes d’avant et d’après concert, lors desquels plusieurs femmes affirment avoir été agressées sexuellement et parfois droguées ; ou encore suppression du « rang zéro », le nom donné à un espace réservé au pied de la scène, où de jeunes spectatrices triées sur le volet racontent avoir été conviées sans se douter qu’elles étaient là pour servir potentiellement de proies…
La ligne rouge plusieurs fois dépassée
De son côté, Till Lindemann, âgé aujourd’hui de 60 ans, crie à la calomnie. « Ces accusations sont invariablement fausses »ont assuré ses avocats, début juin, quelques jours après les premiers témoignages de femmes publiés sur les réseaux sociaux et dans la presse allemande. « Nous engagerons immédiatement des poursuites judiciaires pour toutes les allégations de ce type »ont-ils aussitôt prévenu, avant de mettre ces menaces à exécution.
Cette stratégie s’est jusque-là révélée peu payante : si quelques médias ont été condamnés à « dépublier » des propos jugés diffamatoires, les juges ont estimé que, pour l’essentiel, les accusations portées contre le chanteur de Rammstein entraient dans le cadre de la liberté d’expression ou de la liberté de la presse. Le 18 août, le tribunal de Berlin a ainsi débouté celui-ci de sa plainte contre Shelby Lynn, une Nord-Irlandaise de 24 ans qui fut la première à sortir du silence, le 25 mai, assurant avoir été droguée, trois jours plus tôt à Vilnius, lors d’un concert en marge duquel Till Lindemann aurait insisté pour avoir un rapport sexuel avec elle. Postée sur Instagramla photo de son ventre, marqué d’un gros hématome, était devenue virale…
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