Elle devait être le témoin clé, comme elle fut sans doute l’enjeu, le frêle mobile d’une barbarie exceptionnelle et froide. Pourtant hier après-midi, cette fine jeune femme au visage de poupée a visiblement déçu la cour. Au deuxième jour du procès de Reda Alaouchiche et Tino Horning, qui risquent la perpétuité pour l’assassinat de Yamine Djerroud, ce jeune homme de 19 ans battu à mort et étouffé dans une cave de la rue de Bresse, à Bobigny le 21 juillet 2006, la « petite amie » de Reda n’a offert à la barre que des contradictions et une ingénuité à laquelle nul n’a donné crédit.
Surtout pas la présidente de la cour d’assises, qui a fini par l’accuser de « raconter n’importe quoi alors que vous venez de prêter serment ! ». La jeune femme venait tour à tour d’affirmer la fin de sa liaison avec Reda, niant toute visite au parloir depuis des mois, puis reconnaissait incidemment être allée le voir il y a huit jours à peine. Il aura également fallu lui rappeler sa lettre enflammée, écrite l’année dernière à « son homme » en prison, où elle répète qu’elle « ne le lâchera pas ».
Des SMS ambigus le soir du crime
La jeune femme ignorait-elle vraiment le calvaire enduré par Yamine, ce soir de l’été 2006 ? Initialement mise en examen pour « non-dénonciation de crime », elle a depuis bénéficié d’un non-lieu. Pourtant, sa totale innocence est sérieusement battue en brèche par l’avocat des parents de Yamine, Me Thibault de Montbrial.
Aux réponses vagues et susurrées de la jeune femme, l’avocat a opposé la précision des échanges de SMS relevés par les enquêteurs de la crim, entre Reda et « sa femme », ainsi qu’il la désignait aux autres. Or les textos de cette nuit sordide du 21 au 22 juillet 2006 s’offrent à toutes les interprétations : « Bébé t’as été fort sur ce coup », écrit-elle à Reda, peu après 2 heures du matin. « J’avais imaginé une autre manière, mais bon », lit-on sur un autre. Enfin « Je te lâcherai pas, tu sais pas à quel point je t’aime », écrit-elle encore quelques minutes plus tard.
Confrontée à ses messages ambigus, la jeune femme s’est défendue : « Ça n’a rien à voir avec ce qui s’est passé ! » a-t-elle lâché. Selon elle, et quitte à contredire Reda, c’est la rumeur qui a tué Yamine. La rumeur qu’avait colportée, par dépit, l’ancienne petite amie de Reda. « Elle avait dit qu’elle voulait casser notre couple », explique-t-elle. Dérisoire et déconcertant enchaînement de petites calomnies, qui ont fini dans une sauvagerie sans nom. « J’avais dit à Reda que tout était faux, qu’ elle avait menti et que Yamine n’avait rien à voir avec tout ça, mais je crois qu’il s’est focalisé sur cette rumeur », a répété la jeune femme à la barre.
Du box où il était resté recroquevillé, comme la plupart du temps depuis le début de son procès, Reda maintient, quant à lui, le mobile qu’il défend depuis toujours, parlant de sa « panique » et sa crainte d’être dénoncé par Yamine, qui l’avait surpris en train de prendre de la cocaïne.
2009-11-05 11:00:00
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