Réhabilitation des lignes désaffectées : le combat continue en Lorraine

Au Département comme au nord et à l’est mosellan, les élus de tous bords politiques s’accordent sur un même constat : « L’axe Nancy-Metz-Luxembourg » priorisé par la Région ne suffira pas à répondre aux enjeux de mobilité sur le territoire. Il faut nécessairement passer par la réhabilitation de petites lignes aujourd’hui à l’arrêt.

Des petites gares vides de tout voyageur, il y en a quelques-unes sur le secteur. Parfois, même les transports de fret n’y passent plus. Un constat qui suscite l’incompréhension chez bon nombre d’élus locaux, d’autant plus quand il s’agit de répondre aux enjeux du réchauffement climatique tout en limitant la saturation des réseaux routiers du territoire. Mais la compétence mobilité n’est pas entre leurs mains. Or, la remise en service des lignes ferroviaires désaffectées s’avère être un véritable serpent de mer.

Depuis la rentrée politique, des élus de tous bords ont donc décidé de s’en saisir afin de convaincre la Région de l’inscrire aux Contrats de Plan Etat-Région 2023-2027. Pour cela, il faut se mobiliser, être visible. Deux lignes sont concernées : l’axe Bonzonville – Thionville et celui de Fontoy-Audun-le-Tiche. Le premier est la marotte de Patrick Weiten, président du Département qui annonçait dernièrement dans nos colonnes qu’une étude de faisabilité établissait « au moins 5 000 usagers potentiels par jour entre Sarrebruck, Forbach et Thionville », rien qu’en se basant sur les frontaliers. La ligne étant encore empruntée par des trains de marchandises, il ajoutait qu’il ne suffisait dès lors qu’à « remettre des trains sur les rails ». Constat pas réellement partagé par la Région.

2 640 passagers par heure

La seconde ligne entre Fontoy et Audun-le-Tiche a, elle, entièrement été stoppée depuis 1996. Une étude de Claude Maillard, ancien cadre de la SNCF est pourtant venue raviver la mobilisation des élus du territoire du Pays Haut apportant la preuve que sa réhabilitation « était techniquement possible et pas uniquement un vœu pieux ». Pour remettre le sujet sur la table, une réunion était organisée le 23 octobre en mairie d’Audun-le-Tiche réunissant Claude Maillard et des élus de gauche : Peggy Mazzero, conseillère régionale du Grand Est, Michaël Weber, sénateur et conseiller régional, Nathalie Ambrosin-Chini, conseillère départementale, Viviane Fattorelli, maire d’Audun-le-Tiche et Patrick Abate, maire de Talange et représentants des élus communistes. D’autres devraient suivre et seront cette fois-ci transpartisanes afin de mobiliser un maximum d’élus sur un dossier qui semble faire consensus.

« Sur cette ligne, entre Fontoy et Belval, ce sont 2 640 passagers par heure qui sont estimés », rapporte pour sa part Mathieu Pilon, secrétaire général du groupe socialiste au Département de la Moselle. Pour lui, elle apparaît donc prioritaire. Alors que les discussions autour des Contrats de Plan État – Region vont bon train, Patrick Abate rappelle lui aussi « que la priorité absolue doit être le développement du ferroviaire de capillarité abandonné depuis trop longtemps par souci de rentabilité immédiate et au profit de la route. » Pour l’élu engagé sur les questions de mobilité depuis de longues années, ​​​​« un axe structurant (en l’occurrence Nance-Metz-Luxembourg) ne peut pas être efficace s’il n’a pas de capillarité. » L’argument met tout le monde d’accord au Département, en atteste le vote à l’unanimité de la motion « Pour un retour du ferroviaire en Moselle », déposée par la gauche. Motion qui n’a pas rencontré le même succès auprès de l’assemblée régionale.