Gena Marvin a tout pour déplaire au régime de Vladimir Poutine. Queer, Gena Marvin manifestait ouvertement dans les rues de Moscou, dans ses costumes les plus extravagants, contre la guerre en Ukraine et en soutien à Alexeï Navalny, du temps qu’il était vivant…
Gena est aussi artiste, et ses costumes, arborés fièrement du haut de ses talons vertigineux, imitent une araignée ou un arbre dénudé, se transforment en art terrestrelorsqu’ils sont photographiés au milieu de paysages lunaires. Gena aime la Russie. C’est son pays, là où vivent sa famille et ses amis. C’est là aussi que la cinéaste Agniia Galdanovaa suivi l’artisteà travers ses performances et les aléas de sa vie personnelle, jusqu’à son arrivée en France, où Gena vit désormais. Son film, Reine, est présenté au Festival international du film sur l’art (FIFA).
Refouler son identité queer n’est pas une option pour Gena Marvin, qui dit acquérir une toute-puissance en revêtant ses costumes et ses talons géants, défiant les foudres du régime et de l’armée. Le film nous présente d’ailleurs des images inédites de l’opposition à la guerre en Ukraine dans les rues de Moscou, et des manifestants, dont Gena Marvin, violemment dispersés par les forces policières.
Les spectaculaires prises de position politiques de Gena Marvin ne passent pas évidemment inaperçues. Après son exclusion d’une école d’art, Gena, dont le sexe assigné à la naissance est masculin, doit faire face à l’obligation de s’enrôler dans l’armée russe.
Paranoïa totale
« Depuis mon arrestation [à une manifestation contre la guerre]je vis dans une paranoïa totale. Ils arrêtent tout le monde dans la rue. En avril, l’inscription dans l’armée commence. Entrer dans l’armée signifie la mort pour moi. Je ne peux pas et je ne vais pas participer à cette guerre monstrueuse. Merci de m’aider à fuir mon pays. Il me reste deux semaines pour quitter la Russie », écrit dans un appel au secours l’artiste, à la recherche d’un visa pour quitter le pays. Gena Marvin trouvera finalement refuge et asile à Paris.
Les autorités russes ont passé une loi bannissant toute « propagande LGBTQ+ », nous rappelle-t-on à la fin du film. La grand-mère de Gena est décédée six mois après la réalisation du film. Son grand-père, qui avait toujours critiqué son orientation sexuelle, a finalement accepté de lui envoyer de l’argent à Paris pour acheter des talons hauts.
Dans la même veine, le FIFA présentait lundi Pussy Riot, Rage contre Poutinede Denis Sneguirev. « Le 24 février 2022, l’impensable est arrivé. Le pays de ma mère a envahi le pays de mon père », dit le cinéaste au début du film. Le cinéaste suit alors la trace des Pussy Riots, ces activistes punk féministes russes qui ont repris l’avant-scène récemment en organisant une immense levée de fonds pour défendre l’Ukraine. Déjà, en 2012, ces femmes avaient contesté l’élection de Vladimir Poutine à la tête du pays, et s’étaient exprimées librement sur la place Rouge. « Nous voulions montrer aux gens qu’ils peuvent plus qu’ils ne le pensent, dit l’une d’elles. La seule façon de renverser les autorités est de briser leurs règles. »
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