Ce type de situation n’est pas rare. “Certains détenus ne sont pas prêts à être réinsérés. La société et les mentalités ont tellement évolué. Sans famille ni logement, un détenu libéré risque de se retrouver livré à lui-même et de devenir sans abri”, explique Diego, un gardien de prison qui témoigne anonymement. “En conséquence, la personne finira par commettre un nouveau délit quelques semaines après sa libération et se retrouvera de nouveau incarcérée.”
Certains détenus incarcérés depuis longtemps finissent par s’habituer au système carcéral. “Il y a une sorte de routine dans laquelle ils se complaisent, un certain confort aussi. Les détenus qui travaillent à l’intérieur de la prison peuvent bénéficier d’une télévision dans leur cellule, d’une cantine. C’est d’autant plus vrai dans une prison moderne où le confort est amélioré. Alors qu’à l’extérieur des murs de la prison, ils n’ont plus rien et se retrouvent isolés sans couverture sociale”, poursuit notre interlocuteur. “Ils sont logés, nourris et blanchis par l’État, aux frais du contribuable. Cela peut leur convenir, surtout s’ils craignent des représailles une fois libérés.”
De 75 % à 80 % des détenus n’ont pas leur place en prison.
Si ce constat s’applique aux détenus âgés, il est également observé chez des jeunes déscolarisés ou en perte de repères. “Certains jeunes me disent qu’ils souhaitent rester en prison et suivre des formations, essayer de s’en sortir, plutôt que de sortir rapidement et risquer de compromettre leur réinsertion. Ils me disent : ‘qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? On n’a pas de diplôme, pas d’avenir professionnel’. Ils sont condamnés à des petits boulots mal payés et finissent par recommencer des délits pour gagner plus d’argent, et retourner en prison. C’est un cercle vicieux”, ajoute-t-il.
Contactée, Valérie Callebaut, porte-parole du SPF, précise qu’il existe en effet des détenus qui ne souhaitent pas être libérés malgré les efforts de réinsertion déployés. “Il y a un plan de réinsertion mis en place par les services psychosociaux internes et externes pour accompagner les détenus. Les sorties spéciales et les congés pénitentiaires sont prévus dans cette optique, dans le cadre de la Loi relative au statut juridique externe”, explique-t-elle.
Les maisons de transition sont également une solution pour faciliter la réinsertion des détenus : il s’agit d’établissements à petite échelle destinés aux détenus qui approchent de la fin de leur peine. “Ils y bénéficieront d’un accompagnement intensif pour les préparer à se réinsérer dans notre société”, conclut Valérie Callebaut.
Delphine Paci est l’invitée du Grand Entretien de la DH : “La prison est un outil de gestion de la pauvreté”