Rencontre avec Sébastien Boueilh, le résilient fondateur de l’association “Colosse aux pieds d’argile”

Rencontre avec Sébastien Boueilh, le résilient fondateur de l’association “Colosse aux pieds d’argile”

Le jeudi 4 mai, TF1 diffusera Le Colosse aux pieds d’argile, une fiction inspirée de l’histoire vraie de Sébastien Boueilh, ancien joueur de rugby ayant révélé avoir subi des violences sexuelles durant son enfance. Dans le rôle principal, Éric Cantona offre l’une de ses prestations les plus poignantes. Actuellement à la tête de l’association Colosse aux pieds d’argile, Sébastien Boueilh se bat pour combattre les violences sexuelles dans le milieu sportif. Rencontre avec un homme résilient qui combat pour libérer les paroles.

Le Colosse aux pieds d’argile (TF1) : Sébastien Boueilh : “J’ai pu repleurer

Télé-Loisirs : Votre autobiographie, Le Colosse aux pieds d’argile, a été adaptée en fiction par TF1. Comment est né ce projet ?
Sébastien Boueilh :
C’est le fruit du hasard. Sydney Gallonde, le producteur, a rencontré l’un de mes amis au rugby qui lui a raconté mon livre. Il m’a expliqué son projet d’adaptation et j’ai tout de suite accepté. Quand il m’a demandé qui je voulais pour jouer mon rôle, je n’ai pensé qu’à une personne : Éric Cantona ! Nous avons des personnalités similaires et cela s’est avéré être vrai. Nous avons tous les deux une franchise qui ne passe pas par quatre chemins pour dire les choses. Après, chacun a son caractère, il ne faut pas le chercher. Mais c’est ce qui fait son charme et je suis pareil [Rires]. Nous avons bien connecté.

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Comment se sont passées vos rencontres et quel lien avez-vous tissé ?
Les rencontres étaient très émouvantes. J’étais impressionné de le rencontrer et il était impressionné de rencontrer le personnage qu’il allait incarner à l’écran. C’était un moment gênant pour nous deux. Par la suite, j’ai été consultant sur le téléfilm et je l’ai beaucoup accompagné. Il voulait être très précis, je suis donc devenu son ombre. Et le résultat est très satisfaisant !

Éric Cantona nous a parlé de la scène où vous dites la vérité à vos parents. Il était important pour lui que vous soyez présent. Comment avez-vous vécu cette scène ?
C’était bien sûr important pour moi, mais ce n’était pas la scène la plus émouvante à laquelle j’ai participé, cela m’a rappelé trop de mauvais souvenirs. C’est encore très triste pour moi de voir l’état de mes parents lorsqu’ils ont appris. Mais ce téléfilm m’a permis de revivre le plus beau jour de mon passé, le procès. J’étais très ému toute la journée de tournage. Ce moment au tribunal a été le début de ma nouvelle vie.

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Pourquoi ce procès a-t-il été si important pour vous ?
C’est ce qui m’a permis d’accélérer ma résilience. J’ai pu pleurer à nouveau. J’avais une insensibilité émotionnelle depuis l’âge de 11 ans et demi jusqu’à mes 34 ans. J’étais devenu insensible. Pendant le procès, j’ai pleuré, mon corps se lavait, j’avais mal au ventre, j’écrivais aux gens que j’aime, chose que je ne faisais pas. Tout ce que j’ai perdu en sensations, je l’ai gagné en sentiments. La sensation de haine que j’avais envers tout le monde a laissé place à de belles émotions. Aujourd’hui, je ne me retiens plus de ressentir.

Le Colosse aux pieds d’argile (TF1) : Sébastien Boueilh : “Je parle de mon passé avec apaisement, sans colère ni haine

Comment s’est passée la diffusion de Le Colosse aux pieds d’argile ?
C’est époustouflant ! Et j’étais très fier. Ils ont rendu visible l’invisible et pour moi, c’était très fort car je me mets à nu. Ce fut plus difficile pour mes parents, qui se sentent encore très coupables. Même s’ils ont entendu le procès, ce fut très difficile pour eux de réaliser que cet homme me ramenait du rugby, me violait et cinq minutes après, buvait du café avec eux.

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Parlez-moi de l’association Colosse aux pieds d’argile, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je voulais créer des groupes de parole pour les hommes victimes qui sont souvent invisibles et pour les victimes collatérales. Quand les parents me disent : “Grâce à toi, mon enfant a pu parler“, cela donne un sens à notre travail. Tous les jours, nous sauvons des vies, nous en sommes conscients. Cela a été mon outil de résilience, aujourd’hui, c’est mon outil de lutte contre ce fléau et cela fonctionne bien. Je n’aurais jamais imaginé obtenir ces résultats. Si je n’ai aucun regret à propos des dix dernières années, c’est bien d’avoir professionnalisé mon combat !

Comment allez-vous aujourd’hui ?
Je vais très bien ! Et c’est vraiment le message d’espoir que je souhaite véhiculer avec mon témoignage. Je parle de mon passé avec sérénité, sans colère ni haine et avec le sourire. J’en fais même des blagues. Cela interpelle, mais cela donne aussi beaucoup de courage à toutes les victimes. Cela fait dix ans que je suis sur le terrain et je n’ai pas encore rencontré une seule victime qui ne m’ai pas parlé quand j’interviens. C’est beaucoup de travail, je suis complètement absorbé et si j’avais un peu plus de temps libre, cela serait bien appréciable. Mais on ne peut pas s’arrêter. Le train est lancé à grande vitesse. Le prochain objectif est d’ouvrir une maison d’accueil pour la résilience sportive. C’est un projet que je porte depuis longtemps et qui commence à se concrétiser. C’est formidable de pouvoir aider à libérer la parole.

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