La directrice générale de la maison d’édition a été évincée ce vendredi 8 mars dans le cadre de la reprise en main du groupe Hachette par le milliardaire breton. Il souhaite placer l’une de ses proches, Lise Boëll, éditrice de personnalités d’extrême droite.
Elle avait entamé un bras de fer avec Vincent Bolloré dans le cadre de la reprise en main du groupe Hachette. Isabelle Saporta va être licenciée de son poste de directrice générale de Fayard, selon Télérama et l’Obs. Convoquée ce vendredi 8 mars dans l’après-midi par la directrice générale déléguée de Hachette Livres, Stéphanie Ferran, elle a quitté le bureau avec une convocation à un entretien préalable à licenciement, le 20 mars, selon une source interne citée par l’AFP.
Isabelle Saporta, qui occupait la tête de la maison d’édition Fayard depuis 2022, a refusé de céder à la demande de la direction d’Hachette, la maison mère, de laisser une partie de ses prérogatives à Lise Boëll. Cette proche de Vincent Bolloré, doit faire son arrivée prochainement dans le groupe, filiale de Lagardère dont la firme Vivendi de Vincent Bolloré a pris le contrôle en novembre. Elle est pressentie pour prendre la tête de Mazarine, une petite maison d’édition.
Or, les dirigeants souhaitaient qu’elle puisse publier des livres, notamment politiques, sous l’étiquette Fayard. Dans les bagages de Lise Boëll : Eric Zemmour, Philippe de Villiers, ou encore des figures de la Bollosphère tels que Christine Kelly et Marc Menant. Elle aurait également sous la main, selon l’Obs, le manuscrit du premier livre de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, qui devrait sortir après les européennes de juin. Isabelle Saporta refusait depuis des semaines de valider le principe de ce partage de marque, craignant que la ligne politique d’auteurs que Mazarine compte faire venir nuise à son image.
Dans ce conflit, les salariés de Fayard ont pris fait et cause pour leur direction, dans un courrier adressé jeudi au PDG d’Hachette Livre Arnaud Lagardère et à Stéphanie Ferran. «Les incertitudes quant à l’avenir des marques Fayard et Mazarine et à celui de notre PDG ont déjà des effets très concrets sur notre quotidien dans l’entreprise et sur nos relations avec nos partenaires extérieurs, notamment les auteurs», ont-ils écrit.
Les salariés réclament dans ce texte «l’entière séparation des marques Fayard et Mazarine». L’association des deux porte «préjudice à l’identité de Fayard et brouille sa perception par nos clients [libraires et lecteurs] et nos auteurs», estiment-ils. La lettre à Arnaud Lagardère et Stéphanie Ferran a été «signée par la majorité» des 42 salariés de l’entreprise, d’après une autre source interne. Mais la direction d’Hachette et l’équipe du milliardaire breton ont finalement tranché. Une tête de plus a roulé.
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