Réseau FEPS Jeune Académique. Brèves réflexions sur les think tanks et la démocratie – Mondoworker

Réseau FEPS Jeune Académique.  Brèves réflexions sur les think tanks et la démocratie – Mondoworker

2023-04-21 16:21:12

En juillet 2022, le huitième cycle du YAN FEPS a débuté, le réseau de jeunes universitaires promus par la FEPS (Fondation européenne d’études progressistes) avec la collaboration de l’Institut Karl Renner de Vienne.

L’expérience, née en 2010 au sein de la groupe de réflexion de la FEPS, vise à offrir aux doctorants et doctorants un lieu commun de réflexion sur les enjeux les plus importants qui conditionnent l’avenir de l’Union européenne, dans un contexte de forte interdisciplinarité. Pour chaque cycle, la FEPS sélectionne une trentaine de jeunes universitaires européens issus de différents domaines académiques (de l’économie aux sciences politiques, de la sociologie au droit et à la philosophie), en leur confiant la tâche de produire un rapport de politique sur des sujets spécifiques tout en garantissant un soutien logistique important, également par l’organisation de réunions en face à face entre tous les membres (généralement à Bruxelles ou à Vienne).

Le premier séminaire du huitième cycle a eu lieu à Vienne en juillet 2022, en présence de tous les nouveaux membres (dont l’écrivain), et a permis d’identifier six macro-domaines de référence (géopolitique, immigration, fiscalité, écosocialisme, démocratie numérique, inégalités) et autant de groupes de travail, qui ont pu déterminer le noyau dur de leur proposition. Ce dernier, à élaborer d’ici décembre 2023, doit consister en un outil utile pour décideur politique afin de statuer sur les questions individuelles pertinentes de temps à autre.

S’il n’est pas possible ici de détailler les hypothèses de travail de chaque groupe, il paraît néanmoins utile de tenter d’analyser les traits communs des enquêtes, afin d’essayer de faire quelques considérations plus générales sur le plan méthodologique, également du point de vue une perspective nationale.

Or, s’il est clair que la contribution à une initiative similaire suppose l’adhésion au projet politique de la FEPS de la part de ceux qui y participent – du moins en termes de compréhension des grandes valeurs fondamentales d’égalité et de progressisme – il Il n’est pas non plus évident que la rencontre de trente (quoique jeunes et très jeunes) chercheurs parvienne à donner lieu à une réflexion qui, dans son sérieux et sa rigueur, parvienne à se révéler autre chose qu’un exercice purement académique. Comme la publication du rapport de politiqueen effet, les propositions présentées et les études en cours offrent un exemple très clair de ce que l’on pourrait peut-être définir comme « travail de frontière », dans lequel la formation scientifique cesse d’être seulement un outil de production de connaissances spécifiques et spécialisées, et devient un moyen utile pour l’hygiène de la discussion politique, et par conséquent pour la démocratie.

A cet égard, ce qui a surpris l’auteur n’est pas tant l’abandon – ici approprié – de l’autoréférentialité académique, mais plutôt le fait que cette approche n’a pas été en quelque sorte discutée ou exprimée. Tout simplement, pour chacun des membres, il était clair et évident combien leur parcours de formation était – dans ce contexte – au service d’une cause différente de leur parcours de recherche personnel, et non marqué par des divisions disciplinaires rigides : un moment important, et surtout non dépassé va de soi, de la prise de conscience de son propre rôle dans le cadre d’un travail culturel et politique.

Cependant, il serait naïf de parler de la démarche des membres de la FEPS YAN sans tenir compte de l’apport du promoteur. En effet, la Fondation joue un rôle central dans la réussite du projet – ainsi que pour l’important apport organisationnel dans la réalisation des travaux et séminaires – surtout en termes de liberté scientifique garantie aux groupes de travail. Ces derniers sont assurés d’un encadrement tant politique que scientifique par le mentorat de personnalités de premier plan, identifiées par le groupe lui-même dans le cadre du réseau de la FEPS ; en plus de cela, la Fondation organise des réunions périodiques en face à face au cours desquelles les groupes peuvent s’entretenir avec des représentants politiques e parties prenantes afin de rendre sa recherche plus adhérente et utile à la réalité politique du moment (dans le cadre du huitième cycle la dernière réunion de ce type s’est tenue à Bruxelles en mars 2023).

Comme mentionné au début, l’expérience du dernier cycle se terminera d’ici décembre 2023, et la publication des singles rapport de politique ce sera le véritable banc d’essai pour tester les fonctionnalités du projet FEPS YAN. Cependant, au moment de la rédaction (avril 2023), il semble encore possible de faire quelques considérations.

En effet, si l’on se place dans une perspective nationale, le manque d’homogénéité des expériences italiennes par rapport à un modèle tel que celui qui vient d’être décrit apparaîtra avec une force particulière. Avec la chute du modèle de l’école du parti – du moins dans son acception au XXe siècle – entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, l’Italie a vu l’émergence de nombreux groupe de réflexion qui, si dans un premier temps ils ont voulu accroître leur contribution en termes de recherche et d’offre cognitive au décideur politique, à partir de 2010 ils sont devenus de plus en plus des lieux d’agrégation politique : il s’est produit une dégradation de la composante scientifique- culturel comme personnage accessoire de la plupart groupe de réflexionqui ont pour la plupart assumé la fonction de lieux de discussion entre sujets appartenant à un espace idéologique commun (voir par exemple le Rapport 2020 sur groupe de réflexion en Italie élaboré par la Fondation Openpolis).

Or, si l’utilité des forums de discussion (pour ainsi dire “internes”) pour articuler le débat démocratique d’un parti ou d’un espace politique n’est pas en cause – et la galaxie socialiste en est bien consciente – l’abandon d’une l’approche ouverte aux sollicitations issues des connaissances techniques doit être moins pacifique. Ces sollicitations, qui doivent assurément être médiatisées dans l’arène politique, ne peuvent manquer d’être le point de départ d’un débat public sain. Après tout, si la politique est l’art de produire un imaginaire visant à transformer la réalité, nous ne pouvons nous passer de celle-ci : c’est seulement à cette fin que les connaissances techniques et scientifiques peuvent vraiment nous être utiles ; pour nous dire comment les choses sont réellement et permettre ainsi la construction d’alternatives à la réalité.

Il est pourtant clair pour tout le monde que cette approche ne trouve pas sa voie facile dans un pays comme le nôtre, qui – comme toutes les démocraties occidentales actuelles – voit s’affirmer d’une part le déni de confiance dans les savoirs techniques porté par des logiques culturelles complotistes modèles, et d’autre part l’affirmation d’une classe politique bien consciente de l’utilité de la manipulation de la réalité à des fins de consensus.

Cependant, le fait que depuis plus d’un siècle les problèmes posés par l’irrationalisme et la société de masse (et par la psychologie qui s’y rattache, dirait Le Bon) soient bien connus devrait nous mettre en position de pouvoir aborder ces questions en évitant les approche apocalyptique. Dans une perspective constructive, alors, l’expérience européenne de la FEPS YAN peut peut-être suggérer qu’avant tout une alternative est possible, et qu’elle doit être poursuivie dans la conscience d’une relation de nécessité mutuelle entre technologie et politique.

Si le but est la transformation de la réalité (mais cela vaut aussi en réalité pour ceux qui cultivent des revendications conservatrices, comme preuve de l’inaliénabilité d’un terrain d’entente commun) alors on ne peut ignorer la rencontre entre le monde des valeurs et celui des savoir, sous peine de tomber dans ce qu’André Bazin appelait le “complexe de la momie” : de même que l’espèce humaine invente l’art, la photographie et le cinéma pour se cristalliser dans un présent éternel, finissant momifié, il en est de même pour la politique et la technique qui renoncent au dialogue préférant l’autoréférentialité de leurs propres clans.



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