Résistance de la communauté arménienne face à la colonisation immobilière à Jérusalem-Est

Sur un tas de morceaux de bitume, un drapeau arménien se dresse fièrement. Il est devenu le symbole de la résistance de toute une communauté face aux investisseurs israéliens. “C’est comme une petite colline. Vous savez, les Arméniens, c’est un peuple de la montagne. Eux, ils détruisent et nous, on construit”, déclare avec fierté Setrak Balian.

À deux reprises au mois de novembre, Setrak Balian et d’autres habitants du quartier ont fait face aux bulldozers venus détruire les murs de protection du parking du couvent arménien de Jérusalem, également connu sous le nom de “Jardin des vaches”. Ces destructions sont liées à un projet immobilier controversé. En effet, des représentants du patriarcat arménien ont signé un bail de 99 ans avec Xana Capital, une société israélienne, leur octroyant 25 % du quartier, y compris le parking, qui est l’un des rares espaces encore disponibles dans la vieille ville, ainsi que plusieurs bâtiments, dont l’immense salle de séminaire du couvent.

Cette entente a suscité la colère de la communauté arménienne, qui a lancé des pétitions. Finalement, le 26 octobre 2023, le patriarcat a annulé le contrat de location.

Malgré cela, les représentants de Xana Capital persistent dans leur projet de construire un hôtel de luxe sur les terres arméniennes. Lors d’une nuit de novembre, ils sont arrivés avec des bulldozers et un groupe d’hommes tenant des chiens d’attaque pour revendiquer ce qu’ils estiment être à eux. Cependant, environ 200 habitants du quartier, aux côtés du Patriarche arménien de Jérusalem, ont fait front. Malgré cela, une partie du bitume du parking a été détruite.

Des investisseurs juifs israéliens ou étrangers cherchent depuis des années à acheter des propriétés à Jérusalem-Est, constituant une forme de colonisation. La construction d’un hôtel de luxe au cœur de la vieille ville promet d’engendrer d’importants profits. Les responsables de l’Église arménienne de la ville sainte ont publié un texte alarmiste affirmant que le Patriarcat arménien de Jérusalem est confronté à la plus grande menace de son histoire.

Pour protéger leur terre, les habitants du quartier arménien ont dressé des barricades et planté une grande tente à l’intérieur du parking, où des hommes montent la garde jour et nuit. Ces derniers mois, les agressions contre les chrétiens par des radicaux juifs se sont multipliées dans les ruelles de Jérusalem. Setrak Balian a même été arrêté par la police israélienne, mais une fois relâché, il est revenu monter la garde sur le parking.

Il est convaincu que les hommes d’affaires israéliens ne renonceront pas et enverront à nouveau des bulldozers dans son quartier.